Hiroshima, mon amour (1959)
De quoi ça parle ?
Une actrice se rend à Hiroshima pour tourner un film sur la paix. Elle y rencontre un Japonais qui devient son amant, mais aussi son confident. Il lui parle de sa vie et lui répète "Tu n’as rien vu à Hiroshima". Elle lui parle de son adolescence à Nevers pendant la seconde guerre mondiale, de son amour pour un soldat allemand et de l’humiliation qu’elle a subie à la Libération.
Pourquoi faut-il le voir ?
Parce que tout en peignant l'histoire d'amour la plus "déflagrante" qui soit, il a révolutionné le langage cinématographique par la modernité de sa narration éclatée et l'audace de son sujet. Avec Hiroshima mon amour, Resnais -qui rend jaloux ses contemporains Godard et Chabrol- parle pour la première fois du sentiment qu'il fond et confond avec les traumatismes laissés par la récente Seconde Guerre mondiale. Une douleur dont on ne parle pas encore et que lui, cinéaste engagé, ose mettre au centre de son cinéma obsédé par le devoir de mémoire et ses ravages aussi intimes que collectifs.
Jamais le montage de la musique (lancinante de Georges Delerue et Giovanni Fusco) n'a aussi bien épousé celui des dialogues poétiques et de l'image éclatée, mêlant le présent au passé. Jamais corps de comédiens (inoubliable Emmanuelle Riva et Eiji Okada) ne se sont si bien épousés, moulés tels des statues rigidifiées par la passion. Mêlant les temporalités autant que les douleurs, l'amour autant que la mort, Alain Resnais fait ici du cinéma l'Art militant et bouleversant par excellence.
Incontournable.
Le saviez-vous ?
Ecarté de la compétition pour ne pas déplaire aux Etats-Unis, Hiroshima mon amour a tout de même été présenté, avec succès, au Festival de Cannes en 1959. Il y décroche le prix de la Presse Internationale, ainsi que le Prix de la Société des Ecrivains. Quatre ans plus tôt, déjà, Alain Resnais avait vu son film Nuit et brouillard interdit de Festival de Cannes, à la suite de pressions exercées par l'Allemagne de l'Ouest.
Découvrez en quelques plans le poétique et douloureux "Hiroshima mon amour"