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    On voulait tout casser : "Ce n'est pas qu'un film de potes et j'y tiens !"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    3 ans après le succès du "Fils à Jo", l'ancien rugbyman Philippe Guillard repasse derrière la caméra pour "On voulait tout casser". Un film de potes, oui. Mais pas que ! AlloCiné s'est entretenu avec le réalisateur et scénariste.

    Gaumont Distribution

    AlloCiné : Vous venez d'accompagner le film en tournée. Comment s'est passé l'accueil ?

    Philippe Guillard, réalisaeur et scénariste : Ca plutôt bien passé, c’est pour ça que c’est difficile de le dire ! En fait, les gens sont plutôt agréablement surpris parce qu’ils pensent tomber sur une histoire de potes qui mangent du jambon et boivent du rosé. Mais, il y a plus de profondeur que juste des mecs qui picolent et qui déconnent ensemble ! Ce n'est pas qu'un film de potes et j'y tiens.

    J'avais envie de l'ancrer dans une thématique du temps qui passe, dans une thématique du bilan. Qu'est-ce qu'on a fait ? Qu'est-ce qu'on a fait de nos promesses ? Il est là le film pour moi, mais incarné par une bande de potes... C’est l’histoire d’un mec qui va mourir et qui ne dit rien à ses potes. Mais c’est un film positif, qui ne parle que de la vie, et qui touche les gens. Le mot mort n’est d'ailleurs jamais prononcé dans le film.

    Une demande en mariage après la projection à Toulon !

    Je suis surpris aussi parce que les jeunes aiment le film. Il y a beaucoup de tendresse. Les gamins sont touchés… Et les questions après la projection sont toujours touchantes.

    Et dans le Sud, où j’ai fait Le Fils à Jo, les gens répondent encore plus présent. On a même eu une demande en mariage en pleine séance (sourire) ! A Toulon, il y a un mec qui s’est levé à la fin et qui a dit « voilà, puisque le film parle d’amitié et d’amour, moi j’ai vraiment ri et pleuré, et du coup, j’aimerais demander à la fille qui est juste à côté de moi avec qui je vis depuis 2 ans en mariage ». Elle a dit oui ! Moscato a dit « Putain tu as eu chaud ! ». Tout le monde a applaudi. Je me suis dit que c’était génial car du coup pour cette famille, le film laisserait une trace indélébile. Pour leurs enfants et leurs petits enfants !

    Le Fils à Jo a été un très beau succès, avec plus d’un million d’entrées. C'est encourageant mais en même temps il doit aussi y avoir une appréhension…

    Je le gère au plus pessimiste possible. Vous savez, j’ai joué 400 matchs de rugby dans ma vie et j’ai toujours espéré gagner. Mais dans un match, il y a trois vies : on rentre pour gagner, on se rend compte que ça va être difficile et après on essaye de sortir la tête haute. 

    Ce deuxième film, je ne le relie pas à un succès, je le relie à une progression. Je parle de cinéma, de direction d’acteurs, de narration… Pour moi, c’était important de prouver aux gens qui m’entourent que j’étais capable de faire un autre film, et où il n’est pas question de rugby. 

    C’est le public qui a fait le succès du film, ce ne sont pas les critiques

    C’est le public qui a fait le succès du film, ce ne sont pas les critiques. Les gens ont envie de le voir, ils sont émus, le disent aux autres. C’est le bouche à oreille. Ça sera pareil pour celui-là car Philippe Guillard qui fait un deuxième film, ça ne fait pas la Une des journaux. Je ne suis pas un réalisateur qu’on attend. Les gens ne connaissent pas mon nom, ils connaissent Le Fils à Jo

    C’est parfait parce que ça ne me met pas la pression. Le film n’a pas couté très cher non plus. C’est le même tarif que Le Fils à Jo. Je n’ai pas la pression, mais après évidemment que j’aimerais bien faire autant que Le Fils à Jo. Evidemment, je ne vais pas dire non. Mais je ne rentre pas pour gagner, je rentre pour jouer. On verra.

    Gaumont Distribution

    Allociné : Justement, comment avez-vous composé votre équipe, vos partenaires de jeu ?

    Avec mon producteur, on a fait un travail à deux car je n’ai pas fait assez de films pour connaitre tous les acteurs. Ça faisait 2-3 ans que je fréquentais Benoît Magimel en tant qu’ami. J’ai réalisé qu’il avait ses fragilités, sa tendresse, donc j’ai tout de suite eu envie de l’enrôler.

    Moscato, c’est obligatoire pour moi ! C’est un contrat d’amitié qui n’est pas signé, mais c’est justement pour ça qu’on l’honore!

    Kad parce qu’accointances rugbystiques. Je le croise souvent, il avait aimé Le Fils à Jo. Il m’avait dit que si un jour je tournais un film il voudrait bien partir dans l’aventure…

    Après les deux surprises pour moi, c’est Charles Berling et Jean-François Cayrey. Jean Français Cayrey, je ne le connaissais pas. Mon producteur, Cyril Colbeau-Justin, l’avait mis en place sur le film de Manu Payet, Situation amoureuse : c’est compliqué. Il m’a dit :« va voir ce mec, je pense que c’est lui Poncho ». Et c’est vrai que j’ai vu le personnage, c’est lui !

    A ce moment-là, je me suis dit : « je suis dans la merde ! »

    Et après Charles Berling ! Pour moi, mais je le dis même devant lui, c’est Othello ! C’est le théâtre… J’étais un peu tétanisé. Mon producteur m’a dit d’essayer, « tu sais jamais » ! On lui a envoyé le scénario et a adoré. A ce moment-là, je me suis dit : « je suis dans la merde ! » Comment je vais le diriger ? Il a fait les plus grandes, scènes ; moi j’arrive avec mon Bilou, un personnage qui a un p’tit bistrot avec sa sœur… Comment je vais faire ça ? Finalement, je l’ai trouvé très appliqué, très généreux, très investi et content d’être là. Du coup, ça m’a donné confiance.

    Le tout, c’est de récupérer de la confiance de ces gens-là. Et quand on sent qu’ils sont en confiance, on peut avoir un rapport de metteur en scène à comédiens. Voilà, c’est un peu comme ça que j’ai composé mon équipe.

    Et les filles ! Parce qu’il y a aussi des filles, et j’ai tenu à en prendre qui n’étaient pas connues du cinéma. D’abord car ce n’était pas des rôles assez conséquents, et deuxièmement parce que j’avais peur des comédiennes (rires). En bon rugbyman macho ! J’avais un peu la trouille des comédiennes ! Elles étaient heureuses, elles avaient la banane. Elles se sont investies aussi. Ca a été un échange, c’était important pour moi.

    La bande-annonce d'On voulait tout casser, sur les écrans ce mercredi :

    Propos recueillis le 27 mai 2015, à Paris

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