Rod Paradot : son nom sera sur toutes les lèvres avec la projection de La Tête haute d'Emmanuelle Bercot. Dans ce film qui a été choisi pour faire l'ouverture du Festival de Cannes 2015 ce soir, c'est peu dire qu'il impressionne ! Il incarne Malony, un ado délinquant, en délicatesse avec la société. Un ado tourmenté, à fleur de peau, à la rage dévastatrice. Là où la performance impressionne d'autant plus est qu'il s'agit de son tout premier rôle.
D'un CAP menuiserie au tapis rouge de Cannes
La vie du jeune homme de 19 ans, originaire de Stains, a basculé avec un casting sauvage. Etudiant en CAP menuiserie, il ne se destinait pas au cinéma, jusqu'au jour où une directrice de casting a croisé son chemin, comme il le raconte au micro d'AlloCiné dans la vidéo ci-dessus.
Rod était très loin du personnage que j’avais écrit
Si aujourd'hui le choix de Rod Paradot ne fait pas de doute, Emmanuelle Bercot confie en interview avoir mis du temps à arrêter son choix. "Il était très loin du personnage que j’avais écrit, dans sa nature, dans son tempérament, ce qu’il est dans la vie. Rien à voir avec le personnage de Malony qu’il interprète", détaille la réalisatrice, avec beaucoup de sincérité.
"En fait je n’ai pas eu d’évidence. C’est un peu particulier. C’est la première fois que ça m’arrive. Je n’ai pas trouvé le garçon que je cherchais, le garçon qui ressemblait à celui que j’avais écrit. Je n’ai jamais trouvé ce que je cherchais. Soit on ne faisait pas le film, soit j’en choisissais un autre."
Rod Paradot vu par... Emmanuelle Bercot, Benoit Magimel et Sara Forestier
Deux choses ont finalement emporté le désir de la réalisatrice : sa "gueule" et ce physique lui permettant de jouer un ado à différents âges, comme elle l'explique dans la vidéo ci-dessous.
Emmanuelle Bercot a en effet pu compter sur le comédien pour incarner le personnage de Malony à différents stade de l'adolescence jusqu'à devenir jeune adulte, sans avoir recours à trop d'artifices...
"C’est beaucoup de travail sur les costume, sur sa posture, sur sa voix, détaille-t-elle au micro d'AlloCiné. Je lui disais : tu as tel âge, donc retrouve ça. C’était difficile pour lui car il n’était pas acteur, devait jouer des choses extremement compliquées et devait se soucier de l’âge qu’il avait, comment il se tenait, la casquette, les oreilles un peu décollées, ce sont des trucs que j’ai essayé pour faire passer ce temps. Ensuite quand il est plus grand, lui mettre des petits poils, des choses toutes bêtes mais qui marchent", sourit-elle.
Diriger un acteur non-professionnel
Pour faire tourner le jeune homme, "vierge de cinéma", la réalisatrice confie avoir dû être très directive, plus qu'à son habitude. "Ca a été difficile pour lui. Difficile et épuisant pour moi aussi. Je n’ai pas l’habitude de devoir pousser des acteurs comme ça. Et puis c’est un gamin qui a un age où on est très soucieux de son apparence, de l’image qu’on renvoie, et moi, je lui demandais d’être détestable, d’être mal-aimable, de ne pas être beau ! Lui, ce dont il avait envie, c’était de plaire à tout le monde, d’être beau, d’être séduisant. Il y avait une lutte entre nous deux là-dessus."
Ca a été difficile pour lui, et épuisant pour moi aussi
"Il a beaucoup marmonné dans sa barbe car il en avait marre que je le malmène comme ça, poursuit-elle. Il ne comprenait pas ce que je voulais en fait. Il n’avait rien vu venir. Et c’est vrai que quand il a vu le film, c’était très touchant, parce qu’il a dit : j’ai compris maintenant pourquoi tu as été aussi dure et tu as eu raison car si c’est pour faire un aussi joli film, ça valait le coup."
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