Son nom ne vous dit peut-être rien mais vous connaissez certainement son visage. A 38 ans, l’actrice italienne Violante Placido est la nouvelle compagne du Transporteur. Désormais pilotée par Frank Spotnitz, la série qui reprend l’univers créé par Luc Besson a repris l’asphalte le 1er janvier sur M6, en mettant sur la route de Frank Martin deux nouveaux compagnons, Jules Faroux incarné par le canadien Mark Rendall et Caterina Boldieu, portée par Violante Placido.
Ex-agent de la DGSE, Caterina accompagne Frank dans toutes ses missions et l’aide à évaluer les risques encourus. Un personnage plein d’humanité qui partage un passé avec Frank et avec qui elle entretient une relation ambiguë : "Ils se respectent, ils sont comme des collègues. Frank flirte beaucoup avec les autres femmes dans les missions. Ce n’est pas professionnel... Je l’aide à comprendre le danger qu’il y a sur certaines missions. Mais, il aime le danger, il aime l’adrénaline", nous expliquait-elle en avril dernier sur le tournage, à Prague.
Julien Cauvin
Un rôle de femme que les scénaristes ont voulu plus abouti et plus nuancé, même s'il lui permet tout de même de faire quelques cascades : "Cat ne va pas chercher à tuer les gens mais s’il y a besoin, elle peut le faire. Mais, elle est un peu plus cérébrale..." Ce rôle, Violante Placido a légèrement hésité à l'accepter, étant alors tout juste maman (son bébé l'a d'ailleurs accompagnée durant tout le tournage de la saison 2) : "J’ai passé une audition en Italie. Ils m’ont dit de revenir à Paris pour en faire une autre. Mon bébé avait quatre mois, je me disais que c’était une série pleine d’aventures où l’on doit voyager dans différents pays. J’aime voyager personnellement mais avec le bébé… Et, en même temps, je me disais que c’était une [belle] occasion qui continuerait de m'ouvrir des portes en dehors de l’Italie", continue-t-elle dans son charmant français.
Car oui, Violante Placido parle très bien le français, en plus de l’italien et de l’anglais. Comme le tournage du Transporteur est international, elle a même pu en profiter : "Il y a beaucoup de Français sur le tournage, ça m’a permis de pratiquer." Mais, ce n’est pas la seule surprise que réserve l'actrice...
Capture d'écran
Née à Rome en 1976, Violante Placido est le fruit de l’union entre deux artistes italiens, divorcés dans les années 90. Elle est la fille de l’acteur et réalisateur Michele Placido - que l’on connait pour le feuilleton La Mafia - et de l’actrice Simonetta Stefanelli. Peu connue chez nous, cette dernière reste l’inoubliable visage d’Appollonia Vitelli-Corleone, la jeune sicilienne que Michael Corleone rencontre puis épouse lors de son exil dans le Parrain (1972). Cette même Appollonia qui sera assassinée à sa place au volant de sa voiture. Au moment du tournage, Stefanelli n’a que 16 ans.
Voir ses parents mener cette vie mouvementée ne donne pas tout de suite envie à Violante de prendre le chemin des tournages : "Quand j’étais petite, je regardais tous les films de Marilyn Monroe. Et j’aimais quand elle chantait, je chantais et je me disais que c’était un beau travail. Mais, à ce moment, je ne comprenais pas vraiment ce que mes parents faisaient. Et puis, quand mon père a commencé à beaucoup tourner, j’ai commencé à ne pas trop aimer ce travail. Car il n’était jamais à la maison...."
Elle se dirige ainsi vers une voie plus athlétique, celle des sauts d’obstacles qu’elle pratique durant l’adolescence. "Mon envie, c’était d’aller aux Jeux Olympiques. Jusqu’à mes 19 ans, je ne pensais qu'à ça. Je ne pensais pas à devenir actrice." Mais, comme, souvent, dans les familles d’acteurs, le cinéma l'attendait au coin de la rue...
A 17 ans, son père la fait ainsi tourner dans son premier film, Quattro bravi ragazzi, puis elle retourne devant la caméra pour un petit rôle dans Le Jour du Chien, avec Vincent Lindon. "Je ne l’ai pas vraiment cherché. Comme je suis dans une famille d’acteurs, j’ai eu la possibilité de faire un film. Je suis curieuse, j’ai voulu voir. Et puis même là, je n’étais pas encore sûre. J’ai ensuite fait des télévisions pour les enfants, des cartoons. J’hésitais. Puis, je suis partie en Amérique suivre des cours de comédie et je me suis un peu retrouvée. [Là-bas], je ne pens[ais] à rien, je fais[ais] ça seulement pour moi, j'ai voulu tenter cette direction. C’était une décision personnelle, j’avais 22 ans."
Par la suite, elle tourne avec Harvey Keitel dans Ginostra (2001) ou encore avec Vincent Gallo dans Gli indesiderabili (2003). Mais, c'est en 2002 qu'elle joue l’un de ses rôles les plus marquants (photo ci-dessus), L’anima Gemella, de Sergio Rubini, où elle côtoie pour la première fois Valentina Cervi. "Ca, c’était un bon film", se souvient-elle. "C’est une histoire folk dans le sud de l’Italie. Ça prend beaucoup d’inspiration dans la magie [qui peut être pratiquée] dans le sud de l’Italie. J’y tiens un double-rôle. Le film est passé au Festival de Venise et m’a apporté beaucoup de travail dans le monde du cinéma."
"[Après], il y a eu d’autres expériences [qui m'ont marquée]. Un biopic sur Moana qui était une actrice porno des années 80 et qui est entrée en politique. Ca, pour moi c’était une grosse responsabilité. C'était très intéressant de me transformer en une personne qui était très aimée et qui est entrée dans [la vie des gens]. Elle a presque démocratisé le porno."
En 2010, Violante Placido passe au niveau international en décrochant un rôle dans The American aux côtés de George Clooney. "C’est mon premier gros rôle à Hollywood. Maintenant, j’ai un agent en Amérique, je fais des self-tape pour les auditions", explique-t-elle en riant. Suivront le blockbuster Ghost Rider : L’Esprit de Vengeance ou encore Le Guetteur réalisé sous la houlette de son père, avec Daniel Auteuil et Mathieu Kassovitz.
Mars Distribution
Entre l'Europe et les Etats-Unis, Violante Placido est aussi auteur compositeur. Elle vient d'ailleurs de réaliser son deuxième album, intitulé SheepWolf : "J’ai écrit la musique et les paroles. Il y a aussi des collaborations. C’est de matrice rock avec de l’électronique. C'est obscure mais aussi très optimiste et joyeux. C’est un peu en dichotomie, d’où le titre SheepWolf."
Pour autant, Violante Placido ne cherche pas à se servir de son image d'actrice pour faire parler d'elle en tant que chanteuse : "Dans mon pays, je n’utilise pas beaucoup le fait que je suis actrice. Pour moi, c’est séparé. Ce n’est pas possible de totalement séparer mais je cherche à le faire. La musique c’est très difficile, on vend peu d’albums, on vit de concerts. Si on ne te connait pas, il n'y a pas beaucoup de gens qui vont venir te voir."
Si elle ne chantera pas dans cette deuxième saison du Transporteur, elle n'a pour autant pas arrêté de penser à la musique pendant le tournage. Elle y a d'ailleurs amené sa guitare afin de pouvoir composer. "Le cinéma c’est fantastique mais [très souvent], on doit attendre de rencontrer la personne qui va t’inspirer, celle qui va te donner quelque chose, à qui tu va pouvoir donner et avec qui tu ressens une connexion forte. Pour moi, la musique, c’est vital."
