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    Fidelio, l'odyssée d'Alice : l'expérience à part de tournage en mer d'Ariane Labed
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    En salles aujourd'hui, Fidelio, premier film français signé Lucie Borleteau, histoire d'une odyssée amoureuse et maritime, a la particularité d'avoir été tourné à bord d'un cargo. Ariane Labed, son héroine, évoque cette expérience de tournage à part.

    Pyramide Distribution

    AlloCiné : La majorité du film se passe à bord d'un cargo et vous avez tourné dans de vraies conditions, non pas en studio. Ce sont des conditions particulières donc, il faut avoir un minimum le pied marin ! Pouvez-vous nous parler de votre préparation et de cette expérience ?

    Ariane Labed : J’ai fait un stage d’une semaine avec une amie de Lucie Borleteau, la réalisatrice. Cette amie fait vraiment ça dans la vie et elle a d’ailleurs inspiré le scénario, l’histoire. Je l’ai suivie une semaine à bord, fait le quart de nuit... J’ai vécu à son rythme, avec elle, comment elle se déplaçait dans cette machine. Je l’ai vu concrètement faire ce métier. Elle m’arrive là, elle fait la moitié de moi !

    De voir tout ça qui était possible, pour moi, c’était la plus grosse partie de la préparation. Je me disais, il suffit de le faire; elle, elle le fait tous les jours, c’est son quotidien. Elle adore son travail, elle a un rapport avec qui est très sain et très simple. C’était la préparation la plus utile qui soit, de pouvoir la suivre, de voir à quel point c’est concret, simple.

    J’adore les bateaux en tant que passagère, les traversées en bateau. Je savais que j’avais le pied marin, que ça irait. On ne savait pas pour le reste de l’équipage en revanche. On avait un petit peu peur de se retrouver avec des gens qui avaient le mal de mer, mais tout s’est bien passé !

    La réalisatrice a tellement communiqué son amour de travailler dans la joie que ça rendait toutes ces conditions un peu difficiles nettement plus acceptables, voire joyeuses !

    Après, ce sont des conditions qui ne sont pas faciles. Ce sont des endroits très clos, très petits… Ça pue, il fait chaud, c’est chiant ! Mais c’était tellement joyeux en même temps !

    Lucie est rayonnante, c’est quelqu’un qui aime travailler dans la joie. C’est une chose que j’adore, elle n’est pas du tout dans l’amour de la douleur. Elle a une force, un amour des gens et de son travail. Elle a tellement communiqué ça que ça rendait toutes ces conditions un peu difficiles nettement plus acceptables, voire joyeuses !

    Par moments, on se retrouve avec du fioul jusque-là, j’avais la tête qui tournait avec les odeurs toxiques… On se dit, c’est pour une journée, ce n’est pas grave ! On fait un zoom arrière et on se dit : qu’est-ce que je fais là ? Qu’est-ce que je fais de ma vie là ? Mais c’est ce qu’il y a de super beau. C’est ce qui m’intéressait dans le film, j’y allais pour ça. C’était bien !

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    Et pour être crédible en mécanicienne, vous avez dû apprendre aussi ?!

    Je n’y connais toujours rien concrètement, mais je sais allumer un moteur. Je ne sais pas comment ça marche à l’intérieur, mais je sais faire. Son amie m’a appris à me servir de clés à molette etc. J’ai fait des exercices, tu passes une bonne heure à faire comme ça sur une vis et le geste finit par rentrer dans le poignet.

    A propos de mécanique, Lucie Borleteau a une jolie formule au sujet du film : elle dit qu'il est question de la "mécanique des sentiments"...

    C’est très juste ce que dit Lucie et c’est comme ça qu’on l’aborde. C’est la belle métaphore du film. Mon personnage est une fille qui est prête à mettre les mains dans le cambouis, dans ce gros monstre marin. Elle gère autant qu’elle peut. Et elle essaye d’avoir le courage de faire la même chose dans ses relations. C’est un endroit où elle est moins douée... Disons qu’elle n’a pas les bons outils, en tout cas elle prend le risque, elle cherche. Elle a envie de fuir ces mécanismes, d'essayer de comprendre comment ça marche.

    Mon personnage prend le risque de vivre ce qui la traverse, le risque d’aimer. C’est en cela qu’elle est une héroine.

    Elle prend le risque de vivre ce qui la traverse, le risque de ses désirs, le risque de souffrir, le risque d’aimer. C’est en cela qu’elle est une héroine. Elle traverse cette mer comme elle traverse sa vie. Elle laisse des gens derrière, elle avance vers un inconnu. Il y a un endroit où tu fais tout ce que tu peux pour rassembler les pièces, mais ça tombe en miettes, tu n’y peux plus rien, tu te retrouves à terre et tu vas bien aller quelque part. En tout cas, elle prend des risques.

    La bande-annonce de Fidelio, l'Odyssée d'Alice, sur les écrans ce mercredi :

    Propos recueillis à Paris le 19 novembre 2014 

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