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    Eleanor Rigby : 1 histoire et 3 films pour un projet au long cours
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Disponible sur Netflix depuis le 1er novembre, "The Disappearance of Eleanor Rigby" est un projet qui aura mis de nombreuses années à voir le jour. Découvrez donc l'histoire qui se cache derrière ces trois films.

    The Weinstein Company

    Si The Disappearance of Eleanor Rigby est sorti cette année (dans les salles américaines ou sur Netflix en France), ses prémices datent de 2003, année durant laquelle Jessica Chastain rencontre Ned Benson, dans le cadre de la projection de son premier court métrage, Four Lean Hounds, pendant un festival. Impressionnée par le talent du metteur en scène, la comédienne lui demande alors de pouvoir jouer pour lui. Ce qui n'arrivera qu'en 2010, grâce au court The Westerner.

    A ce moment-là, Ned Benson pensait déjà à son passage au long, et travaillait sur un projet intitulé The Disappearance of Eleanor Rigby, dont il a écrit le rôle principal spécialement pour la future star de Zero Dark Thirty. Laquelle, après avoir lu une première ébauche, où son personnage était plus énigmatique et moins présent dans le récit, veut en savoir plus sur son passé, ce qui conduit le cinéaste mettre sur pied un second film, uniquement centré sur son point de vue.

    "Quelque chose que je ne voulais pas explorer"

    Ainsi naquirent donc les volets Him et Her du dyptique, dont Ned Benson a écrit certaines parties sur le plateau de The Tree of Life afin, dans un même temps, de s'inspirer du travail de Terrence Malick. Nous sommes alors à la fin des années 2000, et un premier obstacle se dresse sur le chemin du réalisateur : approché pour incarner Conor, le mari d'Eleanor, James McAvoy refuse de prêter ses traits à ce personnage confronté à un deuil familial, lui qui venait d'être père : "C'est quelque chose que je ne voulais pas explorer à l'époque", nous précise l'acteur lorsque nous évoquons le film avec lui.

    Le nom de Joel Edgerton circule alors, mais ce dernier passe également son tour quelques années plus tard... au profit de James McAvoy : "Être père depuis aussi longtemps fait que ça n'était plus aussi important", explique ce dernier en riant, avant d'ajouter que "malgré ce qu'elle contient, cette histoire était devenue moins douloureuse à jouer pour moi." Renforcés par les arrivées de William Hurt, Jess Weixler (amie de Jessica Chastain depuis la fac) et Isabelle Huppert au casting, les longs métrages peuvent enfin entrer en tournage, l'interprète d'Eleanor Rigby ayant d'ailleurs pris soin de refuser Iron Man 3 au profit de ce projet.

    Rapidement mis en boîte pour cause de budget (et de planning) serré, Him et Her ne font ensuite plus parler d'eux pendant longtemps, sans qu'une seule image ne fasse surface, au point que le dyptique, alléchant sur le papier, finit par se faire oublier. Jusqu'à sa présentation au Festival de Toronto, en septembre 2013, où les deux volets suscitent des critiques dithyrambiques et une question : existe-t-il un film intermédiaire, sorte de condensé des longs métrages centré sur la relation, et non sur chacun des personnages ?

    Jamais deux sans trois ?

    "Je me suis donc assis avec le monteur pour tenter [de faire naître une troisième version]", nous explique Ned Benson à Cannes. "Et nous sommes arrivés à un film qui nous semblait mériter d'être vu également." Une oeuvre présentée sur la Croisette en mai 2014, dans la catégorie Un Certain Regard, puis dans divers festivals tels que Deauville, et qui sera la seule version que les Américains découvriront dans leurs salles, où elle sort le 12 septembre de la même année.

    Grâce à Netflix, il en sera autrement en France, puisque la plateforme a mis en ligne les trois films le 1er novembre, offrant ainsi le choix aux spectateurs : "Si les gens ont une âme cinéphile en eux et veulent voir les trois, c'est super", explique Jess Weixler. "Sinon, ça n'est pas grave car je pense que tout le monde n'a pas non plus envie de faire du binge watching avec les séries." Des propos sur lesquels rebondit Jessica Chastain, en comparant le triptyque The Disappearance of Eleanor Rigby au Carlos d'Olivier Assayas : "Il y a une version de 5 heures [en mini-série, ndlr], mais également une de 2 heures [sortie au cinéma, ndlr]. Him et Her constituent la version longue, et Them la courte."

    1 histoire, 3 longs métrages et plusieurs possibilités de visionnage pour ce projet hors-du-commun donc, qui "interroge notre façon de voir un film" selon James McAvoy, et aura mis de nombreuses années à voir le jour. Mais ça valait le coup d'attendre.

    L'équipe du film revient sur ce long processus :

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