La mise en abyme
"Quand vous pensez au langage visuel d’un film, il semble y avoir une séparation naturelle entre le style visuel et les moments narratifs. Mais chez de grands réalisateurs comme Stanley Kubrick, Terrence Malick ou Hitchcock, il existe une relation vitale entre l’image et l’histoire," a un jour déclaré le cinéaste britannique lors d’une interview donnée au site Movieweb.
Si la carrière de Nolan est l’une des rares qui parvient à réconcilier grand public et amateurs de films plus exigeants, c’est parce qu’il se pose lui-même en véritable auteur. Lier constamment le fond à la forme est pour lui un principe de base, et derrière le spectacle se cache systématiquement une réflexion visuelle et graphique.
Un montage réalisé par un fan sur les similitudes visuelles dans la trilogie "Dark Knight"...
Mais un trait de caractère constitutif de son cinéma consiste à adapter la structure de son film au thème principal qu’il veut aborder, dans une sorte de mise en abyme.
- Ainsi, Le Prestige ne se contente pas de mettre en scène des tours de magie, il est un tour de magie que Nolan exécute pour le public.
- Devant Memento, en tant que spectateur, on expérimente exactement la même sensation que le personnage amnésique de Guy Pearce, qui tente de reformer le puzzle de son passé grâce à ses tatouages : on n’a aucune idée de ce qui a pu se passer avant, mais on recolle les morceaux petit à petit. On retrouve, pour ainsi dire, la mémoire.
- Le plan final d’Inception, cette toupie qui a perturbé tant de fans, et par extension le film dans sa globalité, est une inception que Nolan fait au spectateur, une idée qu’il insère dans notre tête avant de nous laisser à nos réflexions : et si tout le film n’était qu’un rêve ?
- Avec Interstellar, le cinéaste devient maître du temps, et son public se retrouve prisonnier des paradoxes, des distorsions temporelles qui accompagnent généralement les astronautes pendant un voyage spatial.
Nolan ne raconte pas simplement une histoire, il donne à ses spectateurs la possibilité de la vivre avec les personnages.
Pour vous rendre compte de l’importance de la mise en abyme chez le réalisateur, on vous conseille vivement de (re)voir l’un de ses premiers courts métrages, Doodlebug, qui en dit très long en seulement 3 minutes sur le cinéma de Nolan…