Le plus... jusqu'au boutiste

Luis Buñuel
Erotisme latent et rêverie obsédante sont les maîtres mots d’un cinéaste dont l’œuvre subversive a fasciné autant que choqué. Partagé entre son Espagne natale (Un chien Andalou ), son Mexique d’exil (Los Olvidados) et sa France d’adoption (Le charme discret de la bourgeoise), Luis Bunuel a offert 50 ans de films constamment en lutte, qui font la part belle aux femmes, héroïnes toujours frénétiquement désirées.
... et son "Obscur objet du désir"
Dans ses films, la femme était souvent duelle et toujours obsédante. Ici, elle est carrément multipliée et omniprésente. Buñuel va en effet au bout de ses désirs en osant proposer pour un même rôle deux comédiennes, chacune incarnant une facette du personnage et donc un fantasme : la chaude sensualité latine (Angela Molina) versus la froideur introvertie nordique (Carole Bouquet). Le film boucle également sur un des motifs prégnants de son oeuvre, la déchirure : Un chien andalou s'ouvrait sur celle d'un oeil par une lame de rasoir, Cet obscur objet du désir se clôt sur la reprise d'une déchirure par une femme recousant un morceau de soie. Ce plan est précisément le dernier que Buñuel ait tourné, touché par cette image mystérieuse, "comme s’il voulait refermer, cinquante ans plus tard, la première et terrible blessure. Entre les deux, le gouffre, le secret. » (Jean-Claude Carrière)
