"Une sélection très virile" avait remarqué avec amusement la présidente Fabienne Redt, la première fois qu'elle les a tous vus réunis sur le sol réunionnais. En effet, en 2014, le Festival du Film de la Réunion a mis à l'honneur un cinéma d'Hommes, de réalisateurs mais aussi d'acteurs incarnant des (anti-)héros qui, au nom de leur identité et de leur dignité, cherchent à tout prix à échapper aux règles sociales, hiérarchiques ou d'autorité. Leur but ? Réaliser leur rêve quels qu'ils soient.
Derniers mots de Jurés
Très heureux de sa semaine passée sur le sol réunionnais, le jury présidé par Claude Lelouch a rendu son verdict, attribuant l'Orchidée d'Or à Loin des Hommes, l'épopée lumineuse de David Oelhoffen portée par Viggo Mortensen, Reda Kateb et la Nature, hostile et sublime.
Ce que je n'aime pas au cinéma c'est quand apparaît le mot "fin". Et pourtant. Au terme de 5 jours de proximité et de complicité noués, le cinéaste président doit s'y résoudre : le festival s'achève. "Nous sommes arrivés dans un film qui a commencé depuis très longtemps et on partira avant la fin de son parcours. C'est pour cela qu'il faut profiter du présent, de cette séquence extraordinaire qui nous a été offerte, de cette semaine pleine de petites pépites", a -t-il conseillé.
Le Prix du Jury ou Orchidée d'Or
Emu et sincèrement surpris (il ne s'était pas habillé pour l'occasion, pensant être prévenu en avance si prix il y avait), le réalisateur de Loin des Hommes a associé son prix à ses deux grands comédiens et à ses producteurs, remerciant le jury de l'encourager à poursuivre son travail.
J'essaie de montrer la difficulté d'avoir un discours sur les valeurs humanistes en temps de guerre. Mon militantisme consisterait à dire de ne pas désespérer, de ne pas avoir peur...
Le Prix du Public ou Orchidée d'argent
Le public réunionnais a choisi de récompenser Qu'Allah bénisse la France , film-cri du coeur du rappeur touche-à-tout Abd Al Malik. Touchés par la certitude d'avoir été compris et entendu, le réalisateur et son acteur principal ont remercié chaleureusement les Réunionnais pour leurs "ondes positives".
Tous les prix ont leur importance, mais celui-là particulièrement parce que c’est quelque chose qui se passe de coeur à coeur, on est dans l’émotion pure.
On ne sait jamais comment les gens vont réagir, vont comprendre. Notre film peut susciter les mêmes incompréhensions que celles qu'on a vis à vis d'une certaine partie de la communauté nationale, qu'on met au ban de la société.
Ce film dit que nous sommes bien des citoyens français qui aimons notre pays. Cela fait tellement de bien, vu le milieu duquel je viens, de recevoir l'amour du public, d'être entendu. C'est merveilleux !
Le Prix du Jury jeune ou Orchidée de Bronze
Le Jury jeune 2014 a été particulièrement ému par le courageux et bouleversant La Vie Pure de Jérémy Banster. Très touché lui-même, le réalisateur a loué la bienveillance des festivaliers tout au long de cette semaine idyllique, avant de remercier tout particulièrement ...
...cette belle jeunesse, dont l'encouragement est une force nécessaire pour que l'on continue à tout faire pour que ce film sorte bientôt."
C'est une histoire qui date un peu donc si ça touche la jeunesse, on a tout gagné !
Des hommes, des films et... un journaliste
Il a travaillé huit ans au "Quotidien", l'un des deux journaux de l'île, au sein duquel il a "tout fait, du magazine, du desk, de la locale, des faits divers, du sport, quasiment tous les services", avant d'être promu responsable de l'agence Ouest du "Journal de l'Ile" ou JIR, l'autre quotidien phare réunionnais. Rencontre avec Vincent Boyer, journaliste généraliste, assurant la couverture local du Festival du Film de La Réunion.
A l'époque, il y avait une différence de ligne politique entre Le Quotidien et Le Journal de l'île.
Le JIR était ancré à droite, le Quotidien à gauche. Les tendances se sont estampées, et les deux journaux affichent aujourd'hui une ligne éditoriale indépendante au niveau politique. Nous avons une presse de qualité et carte blanche pour travailler. Après c'est un petit milieu, on se fait vite des amis et des ennemis. On a une île en mouvement, il s'y passe beaucoup de choses."
Au niveau culturel, il y a plétore de festivals,
de musique notamment, et bien sûr le Festival du Film de La Réunion dont la renommée dépasse largement le cadre local. Ce dernier est encore aujourd'hui le seul qui donne un vrai focus sur l'événement cinéma. Il y a sinon un Festival du court métrage plus confidentiel ainsi que le Festival du Film d'Afrique et des îles. L'intérêt pour le cinéma est encore neuf mais la Région Réunion soutient les initiatives, toutes initiatives de tournage notamment. Dans une quinzaine d'années, on espère plus de visibilité pour nos talents, à l'image de ce que vit Manu Payet.
Fabienne Redt a d'emblée su attirer des vedettes
dans son festival, avec à chaque édition une locomotive. Nous mobilisons notre équipe autour de l'événement que nous suivons avant, pendant et après, sur environ une dizaine de pages en cumulé avec des exclusivités. Ce festival mérite réellement d'être promu, lui qui sait en outre faire naître des vocations..."
Ça tweete sur la plage...
D'un Film à l'autre
Voilà c'est fini. Le Multiplex de Cambaie a replié ses tapis rouges, laissant la soirée s'achever à l'Hôtel de Boucan Canot, indémodable paradis abritant la maison du Festival du Film de La Réunion. Sous le ciel étoilé, on a pu croiser une dernière fois des réalisateurs heureux et chaleureux, des acteurs émus et un jury détendu. Déborah François et Jérémy Banster sur la piste de danse, Stany Coppet en grande conversation, Marc Zinga et David Oelhoffen privilégiant l'observation... Le tout sous l'oeil de Claude Lelouch, décidément tendre et bienveillant. Bonne fin de festival Mr le Président, et merci.