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    L'Enlèvement de Michel Houellebecq : nos questions au réalisateur Guillaume Nicloux
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    Ce soir à 22h20, Arte diffuse "L'Enlèvement de Michel Houellebecq", un téléfilm s'inspirant de la mystérieuse disparition du célèbre écrivain en 2011. Pour l'occasion, nous avons posé quelques questions au réalisateur, Guillaume Nicloux.

    Caramel Films

    En 2011, alors qu'il effectue une tournée des médias pour la promotion de son roman "La Carte et le territoire", Michel Houellebecq disparaît durant une semaine, sans donner la moindre explication. Dès lors, les médias vont se lancer dans les théories les plus folles, parmi lesquelles l'enlèvement de l'écrivain par Al-Qaïda.

    Cette étrange histoire est devenue le point de départ de L'Enlèvement de Michel Houellebecq, un docu-fiction signé Guillaume Nicloux et dont le rôle-titre est interprété par Houellebecq en personne. Le réalisateur a accepté de se confier sur son film, diffusé ce soir à 22h20 sur Arte.

    Allociné : Comment est venue l’idée de faire de Michel Houellebecq un « héros » de film ?

    Guillaume Nicloux : En 2012, j’ai demandé à Michel d’interpréter le patron des services secrets français dans un de mes précédents films, L’affaire Gordji . A l’issue du tournage, j’ai eu envie d’écrire un récit dont le héros serait Michel Thomas, (son véritable patronyme), et non Michel Houellebecq, l’écrivain public. Une expérimentation filmique où l’homme se dévoilerait au travers d’un rapt existentiel un peu particulier.

    Vous utilisez la fiction pour délivrer un portrait de l’homme / écrivain, et c’est finalement un Michel Houellebecq intime qui se révèle au fil du récit : l’avez-vous consulté lors de l’écriture du scénario ?

    Oui, nous nous sommes fréquemment vus avec Michel, et au fil de nos déjeuners, une forme d’incrémentation velléitaire s’est mise en place. Mais avant cela, j’avais imaginé cette histoire de kidnapping en m’inspirant d’un fait réel, sa disparition et son prétendu enlèvement par Al-Qaïda annoncé par certains médias en 2011. J’ai ensuite soumis Michel à un questionnaire de façon à choisir ensemble les thèmes à aborder pendant la séquestration. Mais l’intérêt d’un tel projet est aussi de laisser une part d’imprévu dynamiter les plans prévisionnels. Le récit n’en a jamais souffert mais plusieurs séquences ont été joyeusement bouleversés par quelques envolées lyriques et saillies verbales.

    Mettre en scène un écrivain dans son « propre rôle » était-il une sorte de « fantasme » ?

    Non car ici l’écrivain m’intéresse moins que l’homme. Si Michel avait été pianiste ou architecte l’envie aurait été la même, proposer au public le portrait d’un artiste totalement singulier. En utilisant l’alibi fictionnel, je voulais aborder le documentaire par une fenêtre inhabituelle afin d’offrir une introspection houellebecquienne hors du commun.… Prendre comme précepte que « tout documentaire est une fiction » et utiliser le mensonge comme rampe de lancement pour mieux atteindre un espace de liberté qui n’a qu’un seul but, la captation d’instants de vérité.

    Quelle a été la part d’improvisation sur le tournage ?

    Il n’y a eu aucun changement dans l’ossature scénaristique mais le contenu des dialogues a suivi un chemin aléatoire, souvent inattendu, parfois calculé, mais toujours enclin à provoquer la spontanéité. Il n’était cependant pas prévu d’aller aussi loin dans l’investissement alcoolisé et sexuel.

    C’est la deuxième fois que vous dirigez Michel Houellebecq : quel type d’acteur est-il ? Comment le dirige-t-on sur le plateau ?

    Je n’utilise jamais ces termes et je ne sais pas ce que c’est que diriger un acteur. Je parle très peu sur un plateau, et le moins possible du personnage. J’ai juste essayé d’amener Michel dans une direction, celle de l’oubli. Et pour parvenir à cela, vous n’avez besoin que d’une chose, la confiance que l’on vous accorde. Je vous l’ai dit, ce qui m’intéresse le plus c’est l’individu. Dans sa globalité, avec sa force, ses contradictions et ses fêlures. C’est toujours en m’adressant à lui que j’interroge le mieux l’histoire que je raconte.

    Michel Houellebecq sera prochainement à l’affiche d’un autre film : Near Death Experience. Comment expliquez-vous cet attrait du cinéma envers lui ?

    Michel dérange, intrigue et fascine. Il suscite passion, haine et respect. Il provoque, dégoûte, navre, transcende, la liste est longue… Connaissez-vous beaucoup de personnes capables de déclencher de tels sentiments à la fois ?

     

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