Le producteur et réalisateur israelien Menahem Golan est décédé vendredi à l'âge de 85 ans. Co-fondateur de Golan-Globus Productions avec son cousin Yoram Globus, propriétaire de la firme "Cannon Group" dans les années 80, il aura financé aussi bien Over the Top avec Sylvester Stallone que l'adaptation du roi Lear signé Jean-Luc Godard.
Des prémices avec Roger Corman
Né à Tibériade en 1929, Menahem Globus est d'abord pilote dans l'armée israélienne, puis change son nom en Menahem Golan, pour des raisons patriotiques liées au plateau de Golan. D'abord assistant-réalisateur et responsable de production pour Roger Corman sur The Young Racers, il fonde peu de temps après Noah films avec son cousin Yoram Globus. Ensemble, ils produisent des films israéliens dont Sallah Shabati remportera une nomination à l'Oscar du meilleur film étranger et le Golden Globes en 1965. Opération Thunderbolt (1974), réalisé par Golan, aura lui aussi droit à la nomination à l'Oscar et son Lepke le caïd avec Tony Curtis, connaît un certain succès. Mais si à cette époque, les deux hommes produisent des films en Israël, ils peinent à percer le marché international.
L'âge d'or : à la tête de la Cannon
C'est en 1979 que Menahem et Yoran achètent une société américaine en faillite : Cannon Group. Ils en firent la base d'un empire, qui leur permit de plonger dans l'univers du cinéma américain. L'idée était de produire des séries B en les dotant de budget de super-productions. Ce fut l'âge d'or de Menahem Golan, qui produisit Cobra (1986) et Over the Top - Bras de fer avec Stallone, Delta Force avec Chuck Norris et Lee Marvin, ou Les maîtres de l'univers avec Dolph Lundgren.
Il faut également signaler la série des films de ninja produite par la Cannon. Débutée grâce au succès de L'implacable Ninja avec Franco Nero (1981), elle donnera lieu à une multitude de titres parmi lesquels Ultime violence, American Warrior (1985) avec Michael Dudikoff, et sa suite Le Ninja blanc. A cette époque, la Cannon produit aussi nombre de films improbables tels Mata-Hari avec Sylvia Kristel, Exterminator 2, Hercule (1983) avec Lou Ferrigno ou des polars avec Charles Bronson.
Le déclin... Et la Cannon ressuscitée dans "Go-Go Boys"
La firme Cannon sombra, ayant accumulé trop de dettes, trop de dépenses pour trop peu de recettes. Warner distribua quelques-uns de leurs films, mais cela ne suffit pas, et la Cannon fut rachetée en 1989. Entretemps, les deux cousins ont aussi fondé Golan-Globus Productions, qui leur permit de financer King Lear de Jean-Luc Godard, ou Torrents d'amour de John Cassavetes (1984), en parallèle à la série des Portés disparus, ou de Cyborg. Menahem continuera la réalisation jusqu'en 2008 avec Marriage Agreement. Cette année encore, il était au Festival de Cannes pour présenter The Go-Go Boys, un documentaire sur son histoire et celle de "l'aventure Cannon". Le film sortira en octobre prochain sur nos écrans. Une façon de rendre hommage à un producteur qui a marqué l'Histoire du cinéma, et en particulier le public des salles de quartier des années 80.