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    Cannes 2014 - Sils Maria : Juliette Binoche est "une fervente du présent"
    Thomas Imbert
    Thomas Imbert
    -Chef de rubrique - Infotainment
    De la Terre du Milieu aux confins de la galaxie Star Wars en passant par les jungles de Jurassic Park, il ne refuse jamais un petit voyage vers les plus grandes sagas du cinéma. Enfant des années 90, créateur des émissions Give Me Five et Big Fan Theory, il écrit pour AlloCiné depuis 2010.

    De retour à Cannes avec le drame "Sils Maria" présenté en Compétition Officielle, Olivier Assayas s'attaque au monde des actrices avec Juliette Binoche, Kristen Stewart et Chloë Grace Moretz. Rencontre avec l'équipe du film en conférence de presse...

    Agence / Bestimage
    Je suis une fervente du présent.

    Juliette Binoche : Le regard que j’ai par rapport au passé, je n’en ai pas si je puis dire. Parce que je suis dans le présent, je suis une fervente du présent. Et je trouve que le cinéma me remet à chaque fois en question. Face à une caméra, je ne sais jamais ce j’ai joué, je ne sais jamais ce que je vais jouer plus tard. Je suis au moment où on tourne. C’est pour moi une espèce d’appel à la présence, j’aime bien appeler ça une verticalité parce qu’il faut avoir les pieds bien dans le sol, mais aussi imaginer, rêver… Ca se transforme au fur et à mesure des rencontres. Ici on a droit aux rencontres, et c’est la magie du festival aussi, rencontrer des gens qui voient le film, mais aussi des artistes. 

    Le cinéma français innove beaucoup par rapport au cinéma américain, c’est très vivant.

    Chloë Grace Moretz : J’avais vu Carlos il y a quelques années et j’ai adoré ce film. (…) Travailler avec Olivier Assayas sur un projet aussi français avec Juliette Binoche me paraissait être une occasion très particulière, très spéciale. Le cinéma français innove beaucoup par rapport au cinéma américain, c’est très vivant. Il y a quelque chose de très authentique et on n’arrive pas à faire de tels films aux Etats-Unis. C’est pour cela que ce projet m’a attirée. 

    Si j’ai le privilège d’être actrice, je dois en rendre compte. Pour moi, ça veut dire se donner et se donner sans filet.

    Juliette Binoche : (…) Avec Olivier on n’a pratiquement pas répété, on s’est jetés dans les scènes. Il n’y avait pas de répétitions, ni pour la caméra, ni de notre côté pour nous les acteurs. On s’est jetés dans les scènes comme ça, sans filet. (…) Après moi je n’ai qu’une envie, c’est de me mettre au service d’une histoire, au service de l’être humain tout simplement. Si j’ai le privilège d’être actrice, je dois en rendre compte. Pour moi, ça veut dire se donner et se donner sans filet. Quand on a une caméra qui permet ça, qui ne découpe pas en morceaux, qui n’essaye pas de vous contrôler mais au contraire de vous donner l’espace pour donner le meilleur de vous-même, à ce moment-là il y a une magie possible.

    J’aimais l’idée d’un paysage qui deviendrait un personnage du film.

    Olivier Assayas : J’aimais l’idée d’un paysage qui deviendrait un personnage du film. Ce paysage est habité, on est au centre de l’Europe. Ça a été une source d’inspiration pour des écrivains, pour des philosophes. Donc d’une certaine façon, ce monde intemporel, immuable, autour de ces personnages qui se débattent avec la question du temps, il est tout de même marqué par l’histoire, habité par une histoire intemporelle. Ce que j’ai aimé dans ce paysage de Sils Maria en-dehors du fait qu’il est très beau, c’est le fait qu’il est habité de fantômes, qu’il y a de l’invisible, un invisible qui fait partie du récit et qui résonne avec les questions humaines dans lesquelles se débattent les personnages ? 

    Je crois que plus on vit, plus se creuse en nous les questions essentielles.

    Juliette Binoche : On ne peut pas jouer tout le temps les mêmes rôles. Je crois que plus on vit, plus se creuse en nous les questions essentielles. Il y a une ouverture qui se passe, il y une matière qui se fait, comme une glaise qu’on malaxe. Regardez, quand Gould a joué Bach au début, et quand il joue à la fin de sa vie, il ne joue pas pareil. Donc au fur et à mesure du temps se passe une alchimie intérieure. On est plus ou moins conscient, plus ou moins responsable, parce que c’est la vie qui nous sculpte aussi, mais heureusement qu’on change. Non ? 

    La bande annonce du film...

     

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