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    Les nouveaux sauvages est une "libération" pour le réalisateur Damián Szifron

    Le jeune prodige argentin Damián Szifron a présenté son film à sketches Les Nouveaux Sauvages lors du Festival de Cannes 2014. Il revient sur cet ovni cinémtographique...

    BORDE-MOREAU / BESTIMAGE

    Cet entretien a été réalisé durant le 67ème Festival de Cannes, le 17 mai 2014.

    Vous êtes conscient d'avoir posé un Ovni à Cannes avec "Les Nouveaux Sauvages" ?

    Damián Szifron : Non, évidemment. Et c'est un grand honneur d'être présent ici. C'est la première fois que je montre le film. Et les réactions qui remontent à moi sont les premiers retours que j'ai sur le film, en dehors de l'équipe.

    Le film est composé de sketchs, tous différents dans la forme et le genre. La cohérence générale ne se révèle finalement qu'à la toute fin, et même bien après le film terminé... Comment avez-vous construit le film ?

    J'ai tourné deux séries et deux films avant Les Nouveaux Sauvages. Ma dernière série remonte à 2006. Lorsque je travaillais dessus, j'écrivais et je tournais en même temps, toujours en décalé puisque je filmais un épisode écrit auparavant... et j'écrivais un épisode ultérieur au même instant. J'étais très fatigué par cet exercice. J'ai voulu consacrer mon temps, ou plutôt une partie de mon temps, à l'écriture. Je me suis mis à imaginer un film de science-fiction, qui s'est transformé en trilogie, puis en série. Parallèlement je développais d'autres projets, un western et une comédie romantique. Je me suis perdu dans le propre labyrinthe de mon propre travail... et j'avais toujours des nouvelles idées qui surgissaient ! Je me suis décidé à comprimer ces nouvelles idées, et cela a débouché sur ces "contes sauvages" (ndlr : la traduction littérale du titre original "Relatos Salvajes"), qui sont des contes cinématographiques. Je savais ce que je devais filmer. Quand j'ai réuni ces histoires en un seul volume, le titre du film m'est venu instantanément. C'est ainsi qu'il est né.

    "Les Nouveaux Sauvages" sont des contes cinématographiques. Quand j'ai réuni ces histoires en un seul volume, le titre du film m'est venu instantanément.

    Même si le film est composé de sketches, avec une thématique forte qui sous-tend l'ensemble, il y a une évolution dans le film. Avec une rupture très forte marquée par le segment avec Ricardo Darín. Pourtant cette séquence ne devait pas se placer à cet endroit du ilm originellement...

    Vous le pensez ou vous le savez ?

    On me l'a dit effectivement... (rires)

    En effet le sketch avec Ricardo devait constituer la fin du film. A cette époque, le sketch final, celui du mariage juif, avait une autre fin, beaucoup plus triste et sombre, avec la jeune épouse emmenée sur un brancard... Donc ce segment a également évolué. J'ai compris qu'il y avait encore plus de jus à extraire. J'ai continué à chercher et je suis arrivé à cette conclusion actuelle pour le segment du mariage juif. C'est à ce moment que j'ai compris que le sketch du mariage devait se trouver à la fin du film. Ce segment est une refondation, le départ de quelque chose de plus positif, un peu comme "Adam et Eve" qui envoie le spectateur dans un nouveau monde, hors du film. Les pressions tombent, l'exigence des parents et l'institution du mariage également... Cela enclenche un renouveau, vers un amour plus vrai, plus authentique. Je me suis rendu compte qu'après cela, le film ne pouvait pas se poursuivre. C'est la fin.

    Votre film est d'une maitrise absolue de l'image. J'ai en tête l'image du personnage de Ricardo Darin assis dans le café, observant dehors la fourrière en train de prendre sa voiture. Composition du cadre, mouvement du comédien, la profondeur de champ...

    Si vous regardiez mes films antérieurs, vous n'auriez sans doute pas la impression. Ce film est une libération pour moi en ce qui concerne la réalisation. Je me suis libéré. J'avais peut-être avant l'impression qu'un film était "fini" une fois le scénario écrit. J'avais le film en tête et je pensais pouvoir le reproduire à l'image. Plus maintenant. Lorsque j'ai terminé le script de ce film, je me suis dit qu'il fallait le laisser de côté et me concentrer complètement à la mise en scène. Cette expérience est tout à fait nouvelle. Je ne dirais pas que j'ai été plus exigeant, mais j'ai ressenti davantage de désir. Celui d'utiliser les matériaux et les outils du cinéma pour raconter ces histoires. Et c'est sans doute pour cela que le film a davantage de relief.

    La bande-annonce des "Nouveaux Sauvages" :

     

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