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    Cannes 2014 : "Qu'il y ait eu un autre film sur Saint Laurent nous a libérés de toutes les contraintes..."
    Laetitia Ratane
    Laetitia Ratane
    -Rédactrice en chef adjointe
    Très tôt fascinée par le grand écran et très vite accro au petit, Laetitia grandit aux côtés des héros ciné-séries culte des années 80-90. Elle nourrit son goût des autres au contact des génies du drame psychologique, des pépites du cinéma français et... des journalistes passionnés qu’elle encadre.

    Liberté absolue d'un projet concurrent non autorisé par Pierre Bergé, complicité et humour des interprètes principaux : rencontre avec Bertrand Bonello, Gaspard Ulliel et l'équipe de "Saint Laurent", ce matin en conférence de presse.

    BORDE-MOREAU / BESTIMAGE

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    J'ai essayé de me concentrer sur mon film (et non sur celui de Jalil Lespert) et j'espère que c'est ce dont on va parler aujourd'hui...

    Bertrand Bonnello, réalisateur : Je n'ai pas vu le Yves Saint Laurent de Jalil Lespert. J'ai travaillé en me concentrant sur mon projet et en me souciant le moins possible de ces aléas de chronologie, de sujets, et bien sûr des aléas économiques dont les producteurs peuvent mieux parler : qu'il y ait deux films d'un même sujet sur le marché en même temps... J'essaie de me concentrer sur ce film et j'espère que c'est ce dont on va parler aujourd'hui.

    Le fait qu'il y ait eu ce deuxième film nous a en fait libérés...

    Eric Altmayer, producteur : Le projet que nous avons initié avec Bertrand a été très antérieur à celui de Jalil Lespert. Concours de circonstances ou hasard, il est arrivé avec un même sujet et a obtenu le soutien ferme et définitif de Pierre Bergé, qui a ensuite manifesté par divers moyens et très publiquement son opposition à un film dont, pourtant, il n'a jamais été question qu'il soit contre lui. Notre ambition dès l'origine était de faire un film sur Saint Laurent tout simplement. Comme l'a dit très justement Bertrand dans une interview, le fait qu'il y ait eu ce deuxieme film nous a libérés de toutes les contraintes du biopic traditionnel nous permettant d'aller vers la vérité de ce qu'il voulait faire.

    Bertrand Bonello à propos de l'absence d'autorisation du film par Pierre Bergé : Nous avons attendu une seule chose pour ce film : la liberté de faire ce que nous avions envie de faire. Pour être libre, parfois il faut peut être faire les choses un peu petit dans son coin.

    Ce film n'étant pas autorisé, nous n'avons eu accès à rien.

    Eric Altmayer : Ce film n'étant pas autorisé, nous n'avons eu accès à rien. Tous les costumes, les appartements ont été créés, reconstruits.

    Bertrand Bonello : La difficulté a été de retrouver les croquis et les tissus, pour être le plus juste. On a tout refait comme aurait pu faire un créateur de mode.

    La période noire d'Yves Saint Laurent nous semblait être la plus riche, la plus passionnante...

    Bertrand Bonnello : J'ai choisi la période la plus noire d'Yves Saint Laurent parce qu'on ne pouvait pas traiter en deux heures la vie de quelqu'un. Cela nous semblait important de recentrer et cette décennie nous semblait la plus riche, la plus passionnante, à plus d'un titre. D'abord en termes de mode, en termes de vie aussi car dans cette décennie on a un peu de tout : un Yves Saint Laurent presque jeune homme et à la fin, un Yves Saint Laurent dont tout est déjà dit.

    L'idée, ce n'est pas devenir Yves Saint Laurent mais de le rendre vrai, juste...

    Gaspard Ulliel, acteur (rôle d'Yves Saint Laurent) : La base du travail c'est la documentation : connaître un maximum de choses sur Yves, sur l'époque, sur son entourage, sur son travail, et ensuite oublier tout ça, le digérer et s'en éloigner le plus possible pour retrouver une vraie liberté. L'idée, c'est de repousser les limites et de transcender quelque chose en se l'appropriant totalement. L'idée, ce n'est pas devenir Yves Saint Laurent mais de le rendre vrai, juste. Bertrand m'avait dit que ce qui l'intéressait aussi, c'était de me filmer moi. Il y avait une part de moi dans Yves, il ne fallait pas pousser un simple mimétisme. Rien n'est figé dans le travail de Bertrand, plus qu'une direction, ce travail a été un accompagnement, fait à deux. Son travail est organique, nourri, et avec comme déterminant l'émotion et la grâce naissante entre les acteurs...

    Entre Jérémie Rénier et moi, il y avait presque une sensualité parce qu'on se connaît intimement ...

    Gaspard Ulliel : Plus que la voix qui a été un déclic pour Jérémie Rénier, le corps a été pour moi le déclic me permettant de travailler, d'être le personnage. J'ai essayé de m'amaigrir. L'idée était d'arriver sur le plateau dans un corps qui n'est pas le mien. C'était un élément très important pour m'emmener ailleurs. Entre Jérémie (interprète de Pierre Berger) et moi, il y avait presque une sensualité parce que l'on se connait intimement depuis très longtemps (oui très intimement !, précise avec humour Jérémie Rénier).

    Bertrand Bonello : Lorsque le film commence, Pierre et Yves sont déjà ensemble depuis plusieurs années. Il n'y a pas la rencontre, il n'y a pas la naissance de l'histoire. Donc il fallait immédiatement dès qu'on les voit à l'écran que l'on croit à quelque chose. Quand on a fait les essais ensemble, ce n'était pas pour savoir si untel ou untel savait jouer mais pour savoir comment cela fonctionnait. Du fait que Gaspard et Jérémie se connaissent depuis très longtemps, il y avait quelque chose qui marchait immédiatement au cadre en faisant les essais. Je me suis dit, on va pouvoir croire au début du film que ces personnages se connaissent, s'aiment depuis longtemps sans avoir à l'expliquer...

    Un premier extrait de "Saint Laurent"

     

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