Marin Karmitz arrête (provisoirement) la production de films

Dans un entretien au Figaro, Marin Karmitz, président du conseil de surveillance de MK2, explique pourquoi sa structure a décidé d'arrêter (provisoirement) la production de films, et donne son point de vue sur le cinéma français actuel.

Quelques uns des films produits dernièrement par MK2 © MK2

MK2 se recentre sur l'exploitation des salles et arrête provisoirement la production de films. Marin Karmitz, président du conseil de surveillance de la société, s'en explique dans un entretien au Figaro.

Morceaux choisis :

"Le cinéma de spectacle et le cinéma d'auteurs ont toujours cohabité. Mais je pense que le tout a baissé de niveau. Le cinéma d'auteur a quasiment disparu. Certes, il existe encore mais il est de plus en plus replié sur lui-même sur des problématiques de petits bourgeois."

"Nous avons produit quatre films en 2012, Sur la route de Walter Salles, Laurence Anyways de Xavier Dolan, Like Someone in Love d'Abbas Kiarostami et Après Mai d'Olivier Assayas. Ils ont tous connu commercialement un échec relatif, analyse Marin Karmitz. La question se pose de savoir pourquoi quatre films différents, ambitieux, voulant apporter quelque chose au cinéma, ont été autant d'échecs. Ce n'est pas la faute des spectateurs, mais notre faute à nous, à moi."

"Arrêter la production plutôt que de faire moins bien qu'auparavant"

"Nous sommes coupés d'une certaine réalité française et internationale, poursuit Marin Karmitz. La situation mondiale a changé rapidement avec Internet, le rajeunissement des spectateurs et la crise politique, intellectuelle et économique ont fait bouger les lignes. J'étais dans une situation où je ne sentais plus cette réalité. La décision a donc été prise par mon fils Nathanaël d'arrêter la production plutôt que de faire moins bien qu'auparavant. Je suis très fier des 110 ou 120 films que j'ai produits tout au long de ma carrière, mais nous ne voulons pas faire moins bien.(...) Je pense que c'est une situation passagère, le temps que l'on reprenne contact avec la réalité."

"Créer la troisième génération de cinéma après les multiplexes"

"Je pense que ce sont les salles, le contact avec les spectateurs qui vont nous ramener à la réalité. Nous allons ouvrir d'autres salles un peu partout, en France et à l'étranger. Nous voulons créer des endroits à vivre, nous voulons créer la troisième génération de cinéma après les multiplexes. Par ailleurs, Nathanaël et Elisha ouvrent des salles tout à fait différentes, des minisalles comme au Grand Palais, Le Paradisio à Saint-Germain, au Palais de Tokyo et au Silencio, qui sont des sortes de clubs privés loués pour des projections. Nous voulons créer à la fois des endroits à vivre spacieux et des petits clubs."

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