European Film Awards 2013 : "La Grande Bellezza" triomphe, "La Vie d'Adèle" rentre bredouille [COMPTE-RENDU]

AlloCiné s'est rendu à la 26e édition des European Film Awards, qui s'est tenue ce week-end à Berlin. Nos "Oscars européens" ont réservé des surprises : "La Vie d'Adèle", grand favori, est rentré bredouille, tandis que "La Grande Bellezza" a remporté les prix les plus convoités (dont meilleurs film et réalisateur). Retour sur cette cérémonie, teintée d'humour, d'émotion, et de... politique !

Grand messe annuelle du cinéma européen, les European Film Awards, organisés par la European Film Academy, ont réservé quelques surprises... Alors que La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2 multiplie les récompenses à travers le monde, le film d'Abdellatif Kechiche est reparti sans la moindre statuette de Berlin où se tenait la cérémonie cette année.

La Grande Bellezza, qui était rentré bredouille de Cannes, a fait le plein de récompenses : avec quatre prix au compteur (meilleur film, réalisateur, acteur et montage), c'est sans conteste le grand gagnant de cette édition.

© AlloCiné

Côté français, François Ozon a remporté le prix du meilleur scénario avec Dans la maison. Quant à Ruben Alves, venu accompagné de Rita Blanco, il décroche le prix du public pour son premier long métrage, la comédie La Cage Dorée.

Autre premier film à décrocher une statuette, Oh Boy, film allemand en noir et blanc, de Jan Ole Gerster.

Humour et émotion, teintés de politique étaient au rendez-vous de cette 26e cérémonie, avec les hommages rendus à Catherine Deneuve et Pedro Almodóvar en point d'orgue.

Pedro Almodovar a tenu un discours vibrant et engagé... Le cinéaste espagnol (prix de la contribution européenne au cinéma mondial 2013) a salué la résistance des personnalités qui l'entourent :

"La résistance des femmes de la génération de ma mère, la résistance de mon frère à une époque où il était pratiquement impossible de trouver des financements pour un de mes sales films, la résistance de la nouvelle génération de réalisateurs espagnols, et surtout la résistance des citoyens espagnols qui sont victimes d’un gouvernement qui reste totalement sourd et insensible aux problèmes auxquels nous sommes confrontés".

© AlloCiné / EFA/API/Jessica Kassner

Nicola Giuliano, producteur de La Grande Bellezza, a également évoqué les difficultés de financement en Europe : "Je suis entièrement d’accord avec ce qu’a dit le grand Pedro Almodovar, sur la difficulté qu’il y a en ce moment à produire et à financer des films, et à essayer de faire ce genre de films, a-t-il déclaré au moment de réceptionner le prix du meilleur réalisateur (Paolo Sorrentino étant retenu au Festival de Marrakech).

"Nous savons tous dans quel sens évolue le marché du cinéma. Donc je crois qu’un prix comme celui-ci, ça nous aide à résister, à essayer de faire les films européens que nous aimons et que nous continuerons d’essayer de faire."

Des prises de position politiques, abordées aussi avec humour, en témoigne par exemple cette plaisanterie lancée par la maitresse de cérémonie Anke Engelke : "Blancanieves, c’est un monument de poésie. C'est vraiment un film très poétique, un film en noir et blanc, muet... Voilà ce que la crise vous a fait ! Mais quel chef d’œuvre. Mais vous savez, les allemands aussi ont fait un film en noir et blanc : "Oh boy". C’est ça la solidarité !"

La prochaine édition des European Film Awards se tiendra à Riga, capitale de la Lettonie (et capitale européenne de la culture en 2014), le 13 décembre 2014.

Voir notre diaporama commenté de la cérémonie :