L'été terminé, les blockbusters ont fait place aux films dits "à récompenses" de l'autre côté de l'Atlantique, pour une période qui nous mènera jusqu'au 2 mars 2014, jour de la 86ème cérémonie des Oscars. Si les nominations ne seront pas annoncées avant le 16 janvier, la compétition a déjà commencé côté Meilleur Film Etranger, avec l'annonce des longs métrages sélectionnés par chaque pays pour les représenter, au nombre de 76 cette année.
Parmi eux, on retrouve Le Passé. Le dernier film d'Asghar Farhadi qui concourra sous la bannière iranienne après un passage réussi au Festival de Cannes, d'où Bérénice Bejo est repartie auréolée du Prix d'Interprétation Féminine. A l'affiche d'Au bonheur des ogres depuis mercredi, cette dernière ne pourrait-elle pas rêver de remporter un Oscar ?
Oui, c'est possible
Avant toute chose, notez bien qu'il ne s'agit là que de suppositions. Il n'empêche que, l'an dernier, au moment d'annoncer les nommés pour l'Oscar du Meilleur Second Rôle Masculin, Seth MacFarlane n'avait pu s'empêcher de souligner à quel point l'Académie savait se renouveler puisque les 5 acteurs en lice (Alan Arkin, Robert De Niro, Tommy Lee Jones, Christoph Waltz et Philip Seymour Hoffman) avaient déjà été cités et/ou récompensés. Une façon comme une autre de sous-entendre qu'on retrouve un peu toujours les mêmes et que les Oscars sont comme un club.
Un club que Bérénice Bejo a justement intégré en 2012, lorsqu'elle a été nommée en tant que Meilleur Second Rôle Féminin, ce qui signifie que l'Académie connaît déjà son nom et qu'elle pourrait très bien ne pas vouloir se priver de récompenser celle qui s'est illustrée sur la Croisette grâce à Asghar Farhadi. Et puis ce n'est pas comme si les actrices françaises étaient constamment absentes des Oscars : depuis la victoire de Marion Cotillard en 2008, cette dernière a échoué de peu aux portes de la finale l'an dernier, avec De rouille et d'os, contrairement à Emmanuelle Riva, nomme pour la statuette de la Meilleure Actrice avec Amour.
Ce qui nous emmène vers l'une des règles de la compétition : pour qu'un film étranger puisse être nommé ailleurs que dans cette catégorie, il faut simplement qu'il soit sorti sur le sol américain, avec un distributeur local. Sony Pictures Classics étant en charge du Passé outre-Atlantique, le long métrage répond donc aux critères de base et il ne serait ainsi pas fou d'imaginer Bérénice Bejo être la 12ème Française nommée pour l'Oscar de la Meilleure Actrice, voire la 4ème à soulever cette statuette dorée, suivant ainsi le même parcours que Jean Dujardin pour The Artist.
Non, ça paraît compliqué
Malgré la rumeur qui faisait de lui un favori pour la Palme d'or, ou le bon accueil public et critique qui lui a été réservé, Le Passé n'est pas encore aux Oscars. Et si on l'imagine très bien faire partie des 5 finalistes, ne serait-ce parce qu'Asghar Farhadi a déjà été sacré en 2012 pour Une séparation, la micro-polémique sur le fait qu'il soit finalement trop peu iranien pour être le candidat du pays pourrait porter préjudice au film, et donc à sa comédienne.
D'autre part, si voir une actrice française nommée pour l'Oscar n'est pas impossible, le phénomène est tout de même rare : sur les 16 citations tricolores dans reçues dans cette catégorie, seules 7 l'ont été pour des longs métrages tournés dans la langue de Molière. Et quand on voit les films déjà sortis et ceux à venir, ce ne sont pas les candidates potentielles qui manquent et constituent autant de chances pour Bérénice Bejo d'échouer en finale ou aux portes de celles-ci, comme Marion Cotillard l'an dernier.
Les concurrentes potentielles
La favorite : Cate Blanchett pour Blue Jasmine
Que l'on fasse partie de ceux qui ont adoré le dernier Woody Allen, ou de la partie moins enthousiaste du public, il y a un aspect du film qui fait l'unanimité : la performance de Cate Blanchett. Au coeur d'un concours de superlatifs dans la presse française ou américaine, elle fait donc de l'actrice LA grande favorite pour la statuette dorée, ce qui n'est pas arrivé pour un long métrage du new yorkais depuis Penélope Cruz, sacrée Meilleur Second Rôle Féminin en 2009 pour Vicky Cristina Barcelona.
Une récompense que l'Australienne a quant à elle décroché en 2005 pour son incarnation de Katharine Hepburn, et à qui elle pourrait donc offrir une petite soeur le 2 mars prochain. Attention toutefois, car la comédienne partait archi-favorite, en Second Rôle, pour I'm Not There en 2008, et a vu Tilda Swinton triompher, à la surprise quasi-générale.
L'habituée : Meryl Streep pour Un été à Osage County
Avec 17 nominations (pour 3 victoires), Meryl Streep est sans aucun doute la recordwoman des Oscars, à tel point que ne pas la voir au sein des finalistes est devenu une surprise ces dernières années. Autant dire qu'on peut gentiment s'attendre à la voir citée en 2014, surtout que le film en question, Un été à Osage County, avance sans cacher sa volonté de faire partie des diverses cérémonies de récompenses avec un casting (Julia Roberts, Chris Cooper, Ewan McGregor, Benedict Cumberbatch...), un auteur en vogue (Tracy 'Killer Joe' Letts) et une histoire de famille qui se déchire susceptibles de plaire à l'Académie.
Le buzz : Sandra Bullock pour Gravity
Avant, plus grand monde ne croyait en Sandra Bullock. Mais ça c'était avant. Depuis 2010 et son Oscar de la Meilleure Actrice pour The Blind Side, la comédienne connaît un joli retour de hype, et s'est récemment permise de battre par 2 fois son record de démarrage dans les salles américaines : d'abord avec Les Flingueuses, puis grâce à Gravity et son buzz pour le moins assourdissant.
Même en étant moins mise en avant que la mise en scène d'Alfonso Cuarón, sa performance fait quand même l'objet de quelques critiques dityrambiques, réclamant un second Oscar de la Meilleure Actrice pour elle. Si Sandra Bullock devait effectivement soulever la statuette, le 2 mars prochain, elle réussirait l'exploit d'avoir été récompensée 2 fois... en autant de participations. Le souci, c'est que les films de genre (et de science-fiction à fortiori), trouvent rarement grâce aux yeux des votants. Et si c'était l'occasion de changer ?
L'outsider : Judi Dench pour Philomena
"Outsider" est peut-être un peu fort pour qualifier Dame Judi Dench, qui affiche déjà 9 BAFTA et 1 Oscar (sur 6 nominations) à son palmarès. Mais Philomena fait partie de ses films qui, petit-à-petit, s'immiscent dans la compétition pour se retrouver parmi les finalistes avec de réelles chances de victoire, niveau interprétation surtout. Attendu chez nous le 8 janvier, le nouveau long métrage de Stephen Frears (qui avait valu à son actrice une citation pour Madame Henderson présente en 2006), semble donc très bien parti pour être celui de 2014, depuis l'accueil qui lui a été réservé à Venise, où certains l'ont même comparé à The Queen, du même réalisateur. Un film qui avait d'ailleurs valu à Helen Mirren, un Oscar. On dit ça...
La caution "biopic" : Naomi Watts pour Diana
Source d'une polémique en Angleterre, tièdement accueilli par la critique dans le reste du monde, Diana tient davantage du pétard mouillé que de l'aspirateur à prix, et seule Naomi Watts fait l'unanimité ou presque. Déjà en lice en 2013, pour The Impossible, la comédienne pourrait donc remettre le couvert et profiter du goût des votants pour le genre du biopic. Peut-être pas au point de lui offrir son premier Oscar, mais sait-on jamais, les surprises ayant toujours plus ou moins fait partie de la cérémonie.
Le choix de l'auteur de ces lignes : Brie Larson pour Short Term 12
Le site Film.com la qualifie de "révélation silencieuse", et on ne saurait leur donner tort, tant la jeune actrice illumine la comédie dramatique Short Term 12 avec une simplicité remarquable. Ni personnage historique, ni protagoniste d'un fait divers sordide, la Grace qu'elle incarne est simplement une personne normale, avec sa part d'ombre et de lumière. Ce qui rend le rôle difficile à jouer et le résultat d'autant plus marquant.
Déjà lauréate de 2 prix et encensée par la majorité de la presse américaine, Brie Larson ne ferait donc pas tâche au sein des nommées pour l'Oscar de la Meilleure Actrice. Mais elle pourrait pâtir du fait que l'Académie aime surtout récompenser des performances un peu plus voyantes, et que la benjamine des finalistes est très rarement la gagnante. Dans le pire des cas, les Independant Spirit Awards ne devraient, pas passer à côté...
Attention à elle : Amy Adams pour American Hustle
Attendu à la mi-décembre aux Etats-Unis, le long métrage n'a donc pas encore été vu et son statut de candidat potentiel est encore incertain. Mais bon, n'oublions pas que David O. Russell a pris l'habitude d'offrir des nominations à ses comédiens (7 d'entre eux ont été cités en l'espace de 2 films, et 3 récompensés), réussissant même à en caler 1 dans chaque catégorie cette année, pour Happiness Therapy.
Si l'histoire devait se répéter, nul doute que c'est Amy Adams qui devrait en profiter, au détriment de Jennifer Lawrence dont le rôle paraît plus secondaire. Nommée dans la catégorie Meilleur Second Rôle Féminin pour Fighter du même O. Russell (puis pour The Master de Paul Thomas Anderson cette année), la Lois Lane de Man of Steel recueillerait ainsi sa première citation de Meilleure Actrice. Et peut-être une première statuette... Bref, le feuilleton ne fait que commencer.
Maximilien Pierrette
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