The Body d'Oriol Paulo, avec Belén Rueda et Hugo Silva
Compétition
A savoir
Si nom ne dit pas grand chose à beaucoup de monde, Oriol Paulo n'est pas un bleu pour autant, car c'est à lui que l'on doit le scénario des Yeux de Julia, sorti fin 2010. Toujours à la plume (avec Lara Sendim ce coup-ci), il passe derrière la caméra avec The Body, histoire d'une disparition de cadavre qui va valoir une nuit rock'n'roll à l'époux de la défunte, et dans lequel on retrouve la même actrice, Belén Rueda. Présenté en ouverture de Sitges, en octobre dernier, il a donc fait la clôture de la compétition du PIFFF.
Le PIFFF-omètre
Un peu moins florissant qu'il ne l'était au milieu des années 2000 (voir notre dossier), le cinéma de genre espagnol n'en a quand même pas perdu sa capacité à nous offrir quelques pépites. Les Yeux de Julia en faisait partie, il y a 2 ans, et force est de constater qu'Oriol Paulo réussit le doublé avec cette première réalisation qu'il dit inspirée d'Hitchcock et Clouzot. Soit le genre de références un peu lourdes qui peut faire du tort à un long métrage. Mais pas là : si l'on peut le rapprocher du Crime était presque parfait ou des Diaboliques, et qu'une scène renvoie directement à la fin de Soupçons, The Body possède sa propre identité, et ce dès son ouverture en poupées russes, où une révélation succède à l'autre. Une fois cette mise en place passée, le rythme ne faiblit pas pour autant, et le néo-réalisateur prend à malin plaisir à nous balader et remettre en cause nos certitudes, non sans nous donner quelques éléments de compréhension, histoire que le dénouement ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe. Très attendu au sein de cette compétition (pour les auteurs de ces lignes en tout cas), ce thriller surfant à la frontière du fantastique (comme Les Yeux de Julia) ne faiblit jamais en matière d'intensité ou de perversion, et on peut juste lui reprocher quelques musicaux un poil trop appuyés. Un défaut bien mineur à côté de la qualité globale de The Body, qu'on imagine bien figurer au palmarès tant il prouve que l'âme du cinéma de genre espagnol est bien intacte.
Maximilien Pierrette & Laëtitia Forhan
La bande-annonce