"Allo, Pierre Arditi?", "Allo, Lambert Wilson ?", "Allo, Sabine Azéma ?". Dès le début de Vous n'avez encore rien vu, le nouveau film d'Alain Resnais, présenté aujourd'hui en compétition, le spectateur se trouve sur un terrain à la fois familier (on reconnait à peu près tous les acteurs favoris du cinéaste, et en plus ils se font appeler par leur vrai nom !) et mystérieux (quelle drôle d'idée tout de même de téléphoner à autant de comédiens, et de les appeler par leur vrai nom !). Tous sont convoqués par un metteur en scène qui, avant de mourir, a souhaité qu'ils visionnent une captation d'Eurydice montée par une jeune troupe de théâtre. Car tous ont déjà joué autrefois sous sa direction, dans cette même pièce d'Anouilh. Ils regardent d'abord sagement la représentation sur un écran de télé, mais très vite, ils se mettent à rejouer eux-mêmes les scènes... Fasciné depuis toujours par le théâtre (il fut même un tout jeune élève au Cours Simon avant d'intégrer l'IDHEC !), Resnais propose une gigantesque mise en abyme, une oeuvre vertigineuse qui envisage l'art dramatique comme un ensorcellement et les comédiens comme des êtres possédés. Mais en guise de pied de nez à ceux qui y verront un film-testament, il s'apprête, à 90 ans, à tourner une comédie...
JD
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