Pas de doute, le jeune homme tient de son père. Et même s'il serait assez injuste de n'examiner Antiviral que sous cet angle, Brandon Cronenberg évitera d'autant moins la comparaison qu'il partage avec son géniteur certaines obsessions qui traversent son film - science, fusion du corps et de la machine, goût pour le genre et le gore, sexualité... Auteur de courts-métrages remarqués, le Canadien a tourné pour un budget modeste ce premier long ambitieux, qui excite les festivaliers autant du fait de l'ascendance du réalisateur que par son pitch : Syd March est l'employé d'un laboratoire dont le business consiste à inoculer aux fans les virus de leurs idoles, dans un univers dystopique où l'obsession narcissique et le culte de la célébrité régissent le quotidien. Parallèlement, il "pirate" les virus en se les injectant, jusqu'au jour où il est contaminé par la maladie qui a tué la star Hannah Geist...
Un thriller SF sous influence...
Dans le rôle de Syd, le saisissant Caleb Landry Jones (leader du groupe texan Robert Jones, aperçu dans X-Men: Le Commencement) crève l'écran ; dans celui de Hannah Geist, on retrouve Sarah Gadon, laquelle vient de tourner dans les deux derniers films de... David Cronenberg. Guest de choix, Malcolm McDowell incarne pour sa part le médecin de cette dernière. Admirateur de Philip K. Dick et de Stanley Kubrick, Cronenberg Jr. compose une oeuvre entre thriller, SF et réflexion sociologique, qui peut tout à la fois évoquer l'esthétique de Gattaca, le (David) Cronenberg des débuts et de Videodrome, ou un Paul Verhoeven (par la dérision de ses inserts médiatiques, cf. Starship Troopers). Son père, plutôt sevré de récompenses jusqu'ici (seulement un Prix spécial du jury pour Crash), mais qui avait pratiquement déchaîné les enfers en livrant son palmarès cannois*, entre en compétition la semaine prochaine avec Cosmopolis. Caméra d'or pour le fils et Palme pour le père ?
Tout sur le film
Un extrait du film
A.G.
*(il était président du jury de l'édition 1999, décernant trois prix à L' Humanité de Bruno Dumont et attribuant la Palme au Rosetta des frères Dardenne, au détriment du favori, Tout sur ma mère)