Passionné par tous les cinémas, mais surtout celui de David Lynch, réalisateur en devenir tout droit sorti de l'ESRA Paris, écrit sur Silence Action depuis 2010.
Le film le plus attendu à Un Certain Regard était le 3ème long-métrage de Xavier Dolan, Laurence Anyways, examinant une relation de couple un peu particulière sur une dizaine d'années, en partant de l'aube des années 1990 : Laurence (Melvil Poupaud), depuis toujours rongé par le désir d'être une femme, décide de passer à l'action. Sa compagne, Fred (Suzanne Clément, dont le style fait écho à Juliette Lewis), choisit de soutenir son compagnon et de continuer leur relation de couple malgré toutes les difficultés impliquées. Encore une fois, Xavier Dolan livre un film particulièrement esthétisant, parfois délicieusement foutraque, avec de vrais moments de grâce – la sublime première scène du film sur "If I had a heart" de Fever Ray –, mais souvent superficiel et bien trop long (2h40 au compteur). Les réfractaires au cinéma de Dolan n'y trouveront rien à sauver ; les autres risquent d'être touchés par la déception.
Le Festival de Cannes est un impressionnant regroupement de célébrités dans un espace relativement restreint, mais où les apercevoir ? En soirées ? Bien sûr, mais entrer à la plupart d'entre elles est mission impossible, à moins d'avoir de bons contacts. En face des grands hôtels ? Pourquoi pas, mais vous ne les verrez qu'un instant, le temps pour eux de bondir dans une voiture officielle. Non, le plus simple est voguer et d'ouvrir les yeux : depuis le début du festival, j'ai pu croiser inopinément la route de Tara Reid, de Tim Roth, de Xavier Gens, ou encore de la charmante Céline Sallette, décidément abonnée à Cannes puisqu'après sa venue en 2011 pour L'Apollonide, elle retrouve la croisette pour De Rouille et d'os de Jacques Audiard. Hélas, pas de rencontre avec Robert De Niro pour aujourd'hui suite à un chamboulement de programme avec l'impossibilité d'accéder à la projection de Mekong Hotel – alors remplacée par l'original Beasts of the Southern Wild – , mais je garde espoir !
Monter les marches pour les projections en présence des équipes du film peut-être un exercice assez stressant : la traversée du tapis rouge se fait sous le regard menaçant de dizaines d'objectifs d'appareils photos et de caméras qui n'épargnent personne, même les pauvres quidams dont je fais partie. Pire encore, tout cela est retransmis en direct sur l'immense écran géant du Grand Théâtre Lumière, il est donc conseillé de vérifier à deux fois la propreté de sa tenue vestimentaire, et qu'aucun confettis de la dernière soirée ne soit resté collé en plein milieu du front.
Alors qu'il a été salué par la presse lors de la projection matinale, Reality, de Matteo Garrone, à qui l'ont doit l'excellent Gomorra, a été pour moi une pénible expérience cinématographique, malgré un sujet des plus intéressants, une entêtante bande originale signée Alexandre Desplat et un premier rôle campé avec finesse par Aniello Arena. Dans cette comédie dramatique, Garrone étudie la dérive d'un homme, dont la vie bascule pour un but unique et futile : participer à une émission de TV réalité afin de devenir riche et célèbre. Composé exclusivement de longs plans séquences tournés à la grue et à la steadicam, Garrone déploie un faste souvent impressionnant mais qui n'empêche aucunement de subir cette étude du mirage de la TV réalité comme un calvaire. Une oeuvre qui ne manque pas de fond, mais qui se montre particulièrement exigeante.
Demain, je tenterai d'assister à la projection de Antiviral, premier film de Brandon Cronenberg, de faire la montée des marches pour Lawless alors que je ne possède pas d'invitation, de découvrir le Dracula 3D de Dario Argento en séance de minuit et enfin de prolonger la nuit dans une folle soirée cannoise !