Tout sur le Festival de Cannes 2011
De quoi ça parle ?
Du Paris des sixties au Londres des années 2000, Madeleine, puis sa fille Véra vont et viennent autour des hommes qu’elles aiment. Mais toutes les époques ne permettent pas de vivre l'amour avec légèreté. Comment résister au temps qui passe et qui s'attaque à nos sentiments les plus profonds ?.
Le réalisateur
Avec François Ozon, Christophe Honoré est l'un de nos cinéastes les plus prolifiques. C'est aussi un habitué de la Croisette. Son premier film, Dix-sept fois Cécile Cassard, a les honneurs de la Sélection Officielle (section Un Certain Regard) en 2002. Le suivant, Ma mère, est pressenti pour la compétition (à tel point que la sortie est fixée en mai, plein festival) mais est finalement écarté. Du coup, c'est à la Quinzaine des Réalisateurs que sera dévoilé Dans Paris. Le film fait un tabac - une projection sera même ajoutée au dernier moment pour satisfaire les recalés... En 2007, il accède enfin à la compétition grâce aux Chansons d'amour, qui repart bredouille malgré un accueil chaleureux. Depuis, il a tourné pour la télévision La Belle personne (finalement sorti en salles), obtenu son plus grand succès avec Non ma fille, tu n'iras pas danser, et signé le semi-expérimental Homme au bain.
Que retenir ?
De nos jours, tourner un film en-chanté demande une certaine audace. Mais cette audace, Christophe Honoré l'a déjà eue à l'époque des Chansons d'amour. Histoire de mettre la barre plus haut, il nous propose à présent une oeuvre-fleuve qui couvre différentes époques (des années 60 à nos jours), et différents territoires (Paris, Londres, Prague, Montréal...), réunit ses comédiens-fétiches (Sagnier, Garrel, Mastroianni), et accueille celle qui incarne le romanesque par excellence : Catherine Deneuve. Tout le cinéma d'Honoré semble ainsi concentré dans ces cent quarante minutes lyriques en diable. Si on pense forcément à Jacques Demy, c'est moins pour les scènes chantées (remarquables morceaux d'Alex Beaupain) que pour cette façon d'accompagner les personnages dans un parcours sentimental : les rendez-vous manqués, les coups du destin, les remords et les regrets. Le film débute dans les années 60, sur une tonalité rétro un peu appuyée-yéyé, avec Ludivine Sagnier dans le rôle de Madeleine, une jeune femme amoureuse et insouciante, un personnage interprété par Catherine Deneuve dans la partie contemporaine du film. L'autre héroïne des Bien-aimés est Véra, la fille de Madeleine, assurément moins douée pour le bonheur que sa mère -question d'époque ? Le film doit beaucoup à notre Chiara Mastroianni bien-aimée, vibrante Vera, fille (é)perdue mais toujours digne. Plus le film avance, et plus le rose bonbon des débuts se teinte de noir bourdon (Demy, toujours), jusqu'à une dernière partie parfaitement désenchantée -avec tout de même des moments de fantaisie apportés par le délicieux couple Deneuve-Forman. Ultime délicatesse : le film est dédié à Marie-France Pisier.
LA scène
Ne révélons pas les détails pour ne pas gâcher le plaisir, mais le temps d'une scène magique, Madeleine et Jaromil (Deneuve et Forman) observent avec tendresse la jeune Madeleine (Sagnier) et le jeune Jaromil (Rasha Bukvic). Cet instant de réflexion pourrait être ridicule, il est très émouvant. Un joli écho au film d'ouverture, Minuit à Paris de Woody Allen et à ses rencontres enchantées entre passé et présent.
En bref...
Les Bien-aimés - sortie le 17 août 2011
Sélection officielle - Film de clôture (voir la sélection complète)
Réalisé par Christophe Honoré, avec Catherine Deneuve, Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni...
La bande-annonce
JD
