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De quoi ça parle ?
Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire.
Quand au même moment, Arletty tombe gravement malade et doit s’aliter, Marcel doit à nouveau combattre le mur froid de l’indifférence humaine avec pour seules armes, son optimisme inné et la solidarité têtue des habitants de son quartier. Il affronte la mécanique aveugle d’un Etat de droit occidental, représenté par l’étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune garçon refugié.
Il est temps pour Marcel de cirer ses chaussures et de montrer les dents.
Le réalisateur
Grand habitué du festival et personnage haut en couleurs, Aki Kaurismäki a remporté le Grand prix en 2002 pour L'Homme sans passé, tandis que son actrice Kati Outinen obtenait le prix d'interprétation féminine.
Que retenir ?
Sur un sujet d'ordinaire traité avec un réalisme brut, Kaurismäki livre un beau conte naïf, nostalgique, fantaisiste, optimiste, un film social et politique décalé, rétro, qui a suscité de jolies salves d'applaudissements en projection de presse. Le cinéaste finlandais, ours sarcastique accro au tabac, est unique ; son cinéma l'est tout autant. A défaut d'avoir foi en l'humanité, l'homme a foi en son humanité, sorte de village 50s-60s (et même 30s) implanté en pleine époque contemporaine, Normandie féérique offrant comme échappatoire à l'égoïsme quotidien une faille temporelle où les hommes sont bons et généreux, sur fond de Sangatte et de chasse aux sans-papiers. Conjointement, Le Havre est la continuation d'un hommage rendu à un cinéma disparu, par son décorum, ses personnages, son ouverture-clin d'oeil, et jusque dans ses cadres, ses teintes technicolor, sa musique, avec en bonus la présence au générique de Pierre Etaix et Jean-Pierre Léaud au même titre que le rockeur havrais Little Bob ou... la chienne Laïka. On retrouve au passage des fidèles du réalisateur (André Wilms, Kati Outinen), ainsi qu'un excellent Darroussin, qui apporte à ce film humaniste son engagement d'acteur et s'insère sans heurt, tout en se détachant sensiblement de la forme de jeu si particulière qu'exige son réalisateur - récitation jusqu'à l'absurde (et au rire) de drôles de répliques, dialogues sur-écrits, distanciés. Pour citer l'acteur (cf conférence de presse), "Aki, on lui est tout acquis."
LA scène
Le commissaire Darroussin fait ouvrir un conteneur sur le port du Havre, d'où s'échappe des cris d'enfants. On a beau ne pas être dans un drame réaliste, les clandestins ont beau avoir bonne mine, cette galerie de portraits silencieuse touche au coeur. Plus légère, la scène dite de l'"ananas", dans laquelle le même Darroussin, flic vintage à pardessus débarque dans le café favori de Marcel, un ananas à la main.
En bref...
Le Havre – Sortie le 21 décembre 2011
Sélection officielle – En compétition (voir la sélection complète)
Réalisé par Aki Kaurismäki – Avec André Wilms, Jean-Pierre Darroussin, Kati Outinen…
Tout sur le film
La bande-annonce
Alexis Geng