L’opéra au cinéma : acte deux. Après l’initiative de Gaumont de retransmettre en direct des opéras de New York dans leurs salles de cinéma, UGC rentre à son tour en scène avec Viva l’Opéra !. Si la méthode est différente, l’objectif est le même : agir en faveur de la diversité culturelle et permettre au plus grand nombre de découvrir l’art lyrique. Pour ce faire, UGC a conçu sa propre saison, en partenariat avec le journaliste Alain Duault, en proposant un opéra par mois. Les œuvres ont été sélectionnés avec soin : 5 opéras italiens et 5 opéras français parmi lesquelles Rigoletto, Tosca ou encore Carmen. Viva l’Opéra ! a débuté le 4 novembre dernier avec la projection à Paris dans la salle UGC Normandie de La Traviata de Verdi, capté en 2008 à la Scala de Milan. Tout a été préparé avec soin comme si vous y étiez : accueil imposant, entracte avec vente de champagne et encas, sonnerie avant la reprise de l’Opéra… Cette saison se poursuivra au rythme d’une projection par mois, chaque jeudi à 19h45, proposée au tarif de 10 euros pour les moins de 26 ans et 28 euros en plein tarif. Notons aussi la possibilité de souscrire à un abonnement permettant de bénéficier d’un tarif préférentiel (pour 3, 5, ou 10 opéras). Prochain rendez-vous : Madame Butterfly de Puccini du 2 au 23 décembre prochain. A vos agendas !
Informations et réservations :
http://www.vivalopera.fr/
http://www.ugc.fr/
http://www.forumopera.com/
Interview de Jean-Marie Dura – Directeur Général France et International du réseau de salles cinématographiques d’UGC.
Comment est né "Viva l’Opéra !" ?
Ce fut une idée de Guy Verrecchia, président du groupe UGC et lui-même grand passionné d’opéra. Le projet est arrivé en même temps que la numérisation de nos salles de cinéma. Ce format apporte une nouvelle souplesse et ouvre de nouveaux horizons pour les salles. Notre vocation est avant tout de nous focaliser sur le cinéma et d’être un réseau d’exploitation cinématographique. Nous souhaitons apporter au public une palette de films la plus large possible : du blockbuster américain jusqu’au film d’auteur le plus pointu. UGC Les Halles joue un grand rôle à ce titre. L’arrivée du numérique était donc le pont parfait pour rendre la diffusion d’opéras possible. La présence de réalisateurs devenus metteurs en scène d’opéras est une autre preuve nous poussant à suivre ce chemin. Nous ouvrons d’ailleurs notre saison avec La Traviata de Verdi, mise en scène par la réalisatrice Liliana Cavani. A l’inverse, nous ne souhaitons pas nous diriger vers des retransmissions sportives. Nous souhaitons contribuer à l’élargissement du public de l’art lyrique. Beaucoup de personnes souhaitent découvrir l’opéra mais se posent plusieurs freins en pensant que cela n’est pas pour eux. Nous souhaitons prouver le contraire. Pour cela, nous avons contacté Marie Desnoulez qui nous a beaucoup aidé à aller dans ce sens ainsi qu’Alain Duault, "Monsieur Classique" sur France 3 et RTL.
Votre programme ressemble à une vraie saison d’opéra.
Comme une maison d’art lyrique, nous avons souhaité avoir notre propre saison sans privilégier une institution particulière. Alain Duault a donc rejoint le projet et nous a aidé à sélectionner dix opéras connus du grand public et facilement abordables tant au niveau de la mise en scène que de leur représentation. Apprécier l’opéra est un long cheminement où il faut avancer pas à pas. Tout le monde connaît La Traviata mais tout le monde ne connait pas forcément ses airs.
Vouloir créer votre propre saison est-il une manière de se démarquer de Gaumont qui retransmet en direct les productions de l’opéra de New York ?
C’est avant tout pour nous démarquer de toutes les offres existantes. Mais nous le faisons aussi pour les films tout au long de l’année. Nous ne souhaitons pas être seulement un porte-bagages ! Nous souhaitons apporter modestement plus que du cinéma. Nous sommes des prescripteurs. Cela coûte plus cher mais créer notre propre saison est notre désir.
Pour cela, vous avez privilégié la captation déjà réalisée d’opéras et non la diffusion en direct.
C’est le parti-pris. La première pensée fut de ne pas modifier nos séances d’œuvres cinématographiques. Il fallait donc sanctuariser certains jours : le mercredi est consacré aux nouvelles sorties, le mardi soir est souvent consacré aux avants–premières tandis que pour le vendredi, samedi et dimanche, la fréquentation est la plus forte. Je ne parle pas du lundi qui est la journée où les gens se déplacent rarement le soir. Il y a donc eu un consensus sur le jeudi, un jour proche du week-end et donc de sortie nocturne. Le jeudi sera donc notre rendez-vous mensuel d’art lyrique. Le concept repose en région parisienne sur un turn-over où durant le même mois, le même opéra sera proposé chaque jeudi dans une salle différente. Ce qui vous permet d’avoir plusieurs chance pour voir ou revoir l’œuvre en question. Le direct passe donc au second plan, du moins pour le moment. On a moins privilégié l’aspect évènementiel que l’aspect opéra au sens large.
UGC gère aussi des salles de cinéma à l’étranger (Belgique, Espagne, Italie). "Viva l’Opéra !" a-t-il pour vocation de "voyager" ?
On l’espère. C’est du moins en développement. Nous verrons en fonction des retombées de cette première saison.
Propos recueillis par Edouard Brane le 3 novembre 2010