Ca tourne ! Mais loin des plateaux des cinéma. Charlotte Gainsbourg, prochainement à l'affiche de L' Arbre de Julie Bertuccelli, se consacre ces jours-ci pleinement à ses activités de chanteuse. Après un rodage en Amérique (elle nous avait parlé ici), incluant un passage par le grant raout de Coachella (à la même affiche que les cadors Vampire Weekend, LCD soudsystem ou Muse !) et avant la saison des festivals estivaux (Belfort, La Rochelle...), la comédienne donnait ce mercredi soir son tout premier parisien à La Cigale, une des plus belles salles de la capitale, où la première partie était assurée par le délicat Piers Faccini.
Dans l'assistance, pas mal de trentenaires ex-effrontées, cheveux longs et blue jeans. A en juger par l'ovation qu'il lui réserve à son arrivée, le public, déjà conquis, est heureux de voir de près cette fille toute simple qui semble faire partie de la famille depuis si longtemps, et qui pourtant conserve tout son mystère. Les fans tiennent aussi à rassurer dès le départ celle dont le trac et les doutes sont devenus proverbiaux.
Il n'y a pourtant pas de quoi s'inquiéter. Car Charlotte Gainsbourg est fûtée. Côté look d'abord : on attendait une tenue négligée ? Elle opte pour un pantalon en cuir, un tee-shirt et un bolero noir. Sur le style musical, ensuite : on imaginait une veillée au coin du feu, acoustique et minimale ? Accompagnée d'un groupe solide (Beck, producteur de l'album IRM, a veillé au grain), elle commence son set par des morceaux punchy : le tribal IRM, puis Greenwich mean time. Sur l'attitude, ensuite. On pensait qu'elle resterait figée, les mains dans les poches ? Sûr qu'elle n'est pas (encore) une bête de scène. Qu'à cela ne tienne : elle impose sa présence, se déplace avec aisance, pianote parfois sur un clavier, frappe sur un tambour -une bonne façon de se donner de la contenance. Fûtée, on vous dit.
Cette vraie-fausse timide a suffisamment d'assurance pour se passer des petites phrases que lancent parfois les artistes entre les morceaux, histoire de se mettre le public dans la poche. Sobre, elle fait confiance aux chansons, aux musiciens, et elle a raison, d'autant que les titres sont subtilement réarrangés pour la scène (Le chat du café des artistes). Elle ne craint pas non plus de reprendre des chansons de son père ("le plus grand, le meilleur") : L'Hotel particulier, extrait du monument Melody Nelson, puis, en rappel euphorisant, Couleur café, dont le style percussif se marie parfaitement à son propre répertoire. Elle reprend aussi du Dylan (Just like a woman), et ça passe. On se souvient alors qu'elle fut l'épouse de Dylan-Heath Ledger dans I'm Not There.
A la fin du concert, les spectateurs se retournent et lèvent la tête pour applaudir Jane Birkin, qui, du balcon, applaudit sa fille. Mais la relève semble assurée. L'héroïne de La Science des rêves a le sens du live.
JD