Allociné : "Pas si simple" est votre 5è réalisation et votre 5è comédie romantique. Pourquoi aimez-vous autant ce genre de films ?
Nancy Meyers : Il y a beaucoup de raisons : c’est le genre de films que j’aime profondément lorsqu’ils sont bien faits – ce qui est plus fréquent avec les anciennes comédies romantiques qu’avec les nouvelles, pour être honnête. J’aime les films basés sur les relations amoureuses, autant que j’aime écrire des comédies. Et quand on écrit une histoire de relations, on les appelle très souvent "comédies romantiques". Je ne sais pas si c’est exactement ce que je fais, mais si on devait mettre mes films dans une case, ce serait celle-ci. Pourtant, je cherche avant tout à ausculter les relations entre les gens, et montrer à quel point elles peuvent être compliquées. Ca c’est vraiment un sujet que j’aime : la façon dont les personnes peuvent être liées, et les ennuis qui en découlent.
Votre film parle du divorce, ce qui est assez rare dans le genre. Qu’est-ce qui vous a poussée vers ce sujet ?
Mon propre divorce. Ce n’est pas un sujet sur lequel on écrit beaucoup, et je n’ai pas cherché à faire un film sur des gens qui divorcent, mais plutôt sur des gens qui sont divorcés. Mettre en scène un divorce n’est vraiment pas quelque chose qui m’intéresse, mais une personne divorcée renvoie à un autre état d’esprit. C’est pourquoi j’ai eu envie d’aborder ce sujet, et imaginer la possibilité qu’une histoire d’amour ne soit pas forcément terminée : dix ans plus tard, il n’est pas impossible de se remettre avec la même personne. Sauf que là les deux personnes ne sont pas autant faites l’une pour l’autre qu’on le croit. Mais je trouve que c’est une bonne base de comédie.
"Pas si simple" sous-entend que l’amour peut arriver à n’importe quel âge, ce qui était déjà le message de "Tout peut arriver". Pourquoi tenez-vous à insister sur ce point ?
Je ne cherche pas forcément à insister, puisque j’ai également fait The Holiday, dans lequel Kate Winslet et Cameron Diaz avaient une trentaine d’années. Je m’intéresse davantage aux relations, sans me soucier de l’âge.
Parlons justement de "The Holiday" : vous avez déclaré avoir trouvé l’idée du film en lisant un article sur internet. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Bien sûr : j’avais déjà une vague idée des personnages féminins et des relations que je voulais développer dans le film, mais il me manquait le format. Et c’est sur internet, alors que je cherchais une maison en France pour les vacances, que je suis tombée sur un site d’échange de maison. Je ne savais pas du tout ce que c’était avant, mais j’ai trouvé ça très intéressant, et c’est comme ça que j’ai eu l’idée d’avoir deux femmes issues de deux villes différentes.
"Ce que veulent les femmes" est le seul film que vous avez réalisé sans l’écrire. Qu’est-ce que ça a changé pour vous ?
En fait j’ai participé à l’écriture, mais je n’ai pas été créditée au générique. A la base, l’idée n’était pas de moi, et je n’ai fait que réécrire un scénario déjà existant – dont je n’ai finalement pas gardé grand chose – pendant six ou sept mois. Mais le syndicat des scénaristes fonctionne de façon un peu bizarre avec ce genre de choses.
Du coup vous pourriez réaliser un film dont vous n’auriez écrit aucune ligne ?
Je ne sais pas, mais je me suis posé la même question hier. En fait j’ai beaucoup plus confiance quand je dirige mes propres scripts, car je les comprend forcément très bien. Et je suis un peu terrifiée à l’idée qu’un réalisateur puisse s’approprier ce que quelqu’un d’autre a écrit. Je n’ai encore jamais essayé, et peut-être que ça pourrait être intéressant, mais j’y ai pensé hier en tout cas.
Votre premier film, "A nous quatre", est à ce jour votre seule adaptation. Quel travail d’écriture préférez-vous : adapter ou partir d’une base originale ?
Je préfère partir d’une idée originale, car c’est beaucoup plus facile que refaire un film qui a déjà été fait, puisque ce dernier est déjà connu, et que vous devez le ré-imaginer pour un public moderne. Les deux exercices restent quand même très différents l’un de l’autre, mais un scénario original permet d’aller là où vous voulez.
Lorsqu’on regarde votre filmographie, on remarque que vous avez dirigé beaucoup de grands acteurs. Lequel d’entre eux vous a laissé le meilleur souvenir ?
Jack Nicholson ! C’est une personne fascinante à côtoyer, et c’est vraiment très intéressant de le regarder jouer, puisqu’on peut voir avec quel sérieux il étudie le scénario. Notre collaboration n’a pas toujours été facile, mais je pense que le résultat est réussi, et j’ai vraiment aimé la façon dont nous avons travaillé ensemble.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 5 mars 2010