Avec ses 7 Césars et ses 800 000 entrées, le film de Martin Provost, Séraphine avait créé la surprise. Aujourd'hui, Alain Vircondelet, docteur en histoire de l'art et spécialiste avéré de Séraphine Louis accuse la société TS Productions et le scénariste (et réalisateur) Martin Provost de plagiat. En effet, l'historien a soutenu en 1984 une thèse de doctorat sur Séraphine Louis, née en 1864 dans l'Oise et morte en 1942 dans un hôpital psychiatrique et a publié, deux ans plus tard aux Editions Albin Michel une biographie intitulée Séraphine de Senlis, un ouvrage qui selon son avocat, "révélait pour la première fois la vie publique et secrète de Séraphine de Senlis". Celui-ci ajoute que "ce personnage oublié du grand public a refait surface grâce à ce livre". Pour rappel, Séraphine Louis était une domestique un peu illuminée devenue peintre autodidacte, et découverte par le critique et marchand d'art allemand Wilhelm Uhde.
Des passages reproduits à l'identique
Alain Vircondelet et son éditeur estiment que de nombreux passages du long-métrage, qui a reçu entre autres, les Césars du meilleur film, de la meilleure actrice pour Yolande Moreau et du meilleur scénario, "sont la reproduction servile" de passages publiés dans Séraphine de Senlis.
De son côté, TS Productions, par le biais de son avocat, "conteste expressément l'existence d'une contrefaçon ", arguant que les passages litigieux trouvent leur origine "dans des ouvrages antérieurs notamment ceux de Jean-Pierre Foucher (1968) et Wilhelm Uhde (1949), le pygmalion de Séraphine. " Pourtant, certaines phrases, sont présentes à l'identique dans le livre d'Alain Vircondelet et dans le scénario de Martin Provost. L'avocat de TS Productions précise alors "Il y a quelques phrases regrettables (...) mais ce n'est pas une contrefaçon de l'oeuvre, car le traitement n'a rien à voir. (...) Le film s'intéresse à la relation de l'artiste avec le collectionneur, et à l'homosexualité de Uhde, ce qui n'est pas la préoccupation majeure d'Alain Vircondelet dans son ouvrage." L'historien et les éditions Albin Michel, qui regrettent d'avoir été "totalement évincés du succès de ce film, alors même que le scénario reproduit à de nombreuses reprises des parties de l'ouvrage dont ils détiennent les droits ", réclament 600.000 euros de dommages et intérêts et demandent que l'exploitation du film soit interdite tant en France qu'à l'étranger. L'affaire "Séraphine" pourrait être tranchée d'ici un à deux ans...
Laëtitia Forhan avec l'AFP