C'est une règle qui semble encore se vérifier avec le cru 2009, dévoilé ce jeudi matin par Thierry Frémaux, le Délégué général lors d'une conférence de presse : à Cannes, les années impaires sont toujours les plus riches... Le Festival aligne les signatures prestigieuses en compétition, du grand maître Resnais (qui n'était pas venu sur la Croisette depuis 30 ans) aux enfants terribles devenus des enfants chéris de Cannes (Tarantino, Lars von Trier tous deux déjà lauréats d'une Palme d'or, tout comme les habitués Jane Campion et Ken Loach). La plupart des réalisateurs présents en compétition ont déjà un passé cannois : Elia Suleiman fit sensation avec Intervention divine, Gaspar Noé qui fit scandale avec Irréversible, Brillante Mendoza divisa les festivaliers pas plus tard que l'an dernier avec Serbis, Xavier Giannoli permit à Gérard Depardieu de faire un beau come-back avec Quand J'étais Chanteur, Park Chan-wook impressionna tout le monde, à commencer par le Président du jury Quentin Tarantino (aujourd'hui son concurrent...) avec Old boy, etc. Même la Britannique Andrea Arnold, qui présentera son deuxième opus, eut les honneurs de la compétition avec son premier long métrage il y a 3 ans...
Place aux réjouissances !
On pourra bien sûr regretter l'absence de surprise au sein de cette compétition, qui ne compte pas un seul premier film... Et une seule réalisatrice (Isabel Coixet, pas exactement une inconnue) est pour la première fois en lice pour la Palme d'or... Mais comment ne pas se réjouir de découvrir le très attendu nouveau film de Jacques Audiard, quatre ans après De battre, mon coeur s'est arrêté ? Ou celui de Ang Lee, qui, depuis son dernier passage à Cannes en 1997, a récolté 2 Lions d'or à Venise ? On a aussi hâte d'assister à la rencontre de nos petits frenchies avec les plus grands cinéastes mondiaux : Mélanie Laurent chez Tarantino, Laetitia Casta chez Tsai Ming-liang, Johnny Hallyday chez Johnnie To, ou encore Charlotte Gainsbourg chez Lars von Trier, pour un Antichrist précédé d'une réputation sulfureuse... Les autres stars de l'année présents pour des films en compétition sur la Croisette ont pour noms Brad Pitt, Penélope Cruz, André Dussollier, Sabine Azéma, François Cluzet, Willem Dafoe, Emmanuelle Devos, Samuel L. Jackson ou Michael Fassbender.
Un programme alléchant et varié
La Sélection officielle ne saurait se limiter aux 20 films de la compétition. Le reste du programme est particulièrement alléchant et varié : un film d'horreur de Sam Raimi, un docu que personne n'attendait de Michel Gondry, un peplum signé Amenabar, le seul film africain de la sélection (Min Ye), une fresque de Guédiguian, sans oublier l'univers décapant des Belges Patar et Aubier. Il faut citer aussi Ne te retourne pas de Marina De Van, cinéaste à qui on peut faire confiance pour déstabiliser les festivaliers, et qui a réuni un casting des plus glamour : Sophie Marceau et Monica Bellucci (dont le compagnon Vincent Cassel sera à l'affiche d'un film brésilien présenté à Un certain regard). Et à propos de belle montée des marches, un des moments forts, hors compétition, sera sans nul doute la projection de L'Imaginarium du Docteur Parnassus, avec Johnny Depp, Colin Farrell, Jude Law... et un absent auquel tout le monde pensera forcément : Heath Ledger. Citons encore Rachel Weisz (à l'affiche d'Agora), Charles Aznavour (la voix de Là-haut) et... Mariah Carey et Lenny Kravitz, tous deux au générique de Precious.
Un Certain Regard
Du côté d'Un Certain regard, à côté des révélations qu'on espère nombreuses, on guettera entre autres Mother, le dernier Joon-ho Bong (The Host), déjà un nouveau film de Kore-Eda Hirokazu, dont Still Walking sort cette semaine en France (il s'agit cette fois de l'histoire d'amour entre un employé de vidéo-club et une poupée gonflable...), Les contes de l'age d'or, ensemble de courts métrages réalisés par le Roumain Cristian Mungiu (Palme d'or 2007 avec 4 mois, 3 semaines, 2 jours) et ses poulains, ou encore, au rayon des confirmations attendues, Le Père de mes enfants, deuxième film de Mia Hansen-Love, découverte il y a deux ans par la Quinzaine des Réalisateurs avec Tout est pardonné. D'une manière générale, le cinéma français est largement représenté dans la Sélection officielle (4 longs métrages en compétition, auxquels s'ajoute le film de clôture), tout comme le continent asiatique. Le cinéma américain se fera en revanche plutôt discret : aucune trace des films de Scorsese, Mann, Solondz, Soderbergh, ni même de Limits of Control de Jim Jarmusch. Même à Cannes, le statut de chouchou connaît ses limites.
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Julien Dokhan avec la rédaction d'AlloCiné