AlloCiné : Dans quel état d'esprit êtes-vous sur ce sixième film ?
David Barron : Les gens nous demandent souvent si ça ne devient pas lassant de revenir sur cette saga. Mais les histoires sont tellement différentes. Et puis nous avons une superbe distribution, et nous travaillons avec différents réalisateurs de talents. Mike Newell ne se sentait pas la force d'enchaîner deux films de suite, mais David Yates est infatigable : plus il tourne, plus il trouve de l'énergie. C'est quelqu'un de merveilleux : si je pouvais, je passerais le reste de ma carrière à travailler avec lui...
Est-ce facile de gérer un nouveau réalisateur au sein de cette saga forcément "balisée" ?
Chaque nouveau réalisateur, dans la mesure où il a eu l'habitude de travailler auparavant sur des films "uniques" ne faisant pas partie d'une franchise, doit prendre ses marques au sein de cet univers et de ces personnages que nous avons défini depuis le premier volet. C'est donc loin d'être évident pour un nouveau venu, car on doit parfois dire que Harry ne ferait pas ça ou que telle ou telle chose n'est pas possible. Mais dès le deuxième film, comme c'est le cas avec David ici, c'est beaucoup plus facile car les réalisateurs sont aussi impliqués que nous dans ce monde magique... Et puis comme nous essayons de repousser les limites à chaque film en terme d'effets visuels et d'ampleur, c'est beaucoup plus facile de travailler avec un réalisateur qui a déjà signé l'un des épisodes.
David Yates a toujours évoqué ce sixième film comme "Sex, Drugs & Rock'n'Roll"...
Le rock'n'roll, je ne sais pas, je n'ai vu aucune batterie ! Et encore moins de sexe ! (Rires) Mais c'est sûr que ce film, au-delà du pouvoir croissant de Voldemort et de la préparation de Harry par Dumbledore, est très axé sur l'adolescence et les émois amoureux de nos jeunes. Et notamment Ron, avec un Rupert Grint vraiment très drôle, vous verrez. Il y a aussi du Quidditch : il n'y en avait pas dans le précédent, car ce n'était pas nécessaire à l'histoire mais là, nous avons pu réintroduire ce sport par l'intermédiaire de Ron... Au final, le film a un coeur très tendre au sein d'une histoire très sombre.
Quel est le plus gros défi pour un producteur sur cette franchise ?
Le plus gros challenge reposait sur les épaules des producteurs du premier film. Il fallait non seulement définir l'univers du film -c'est plus facile de développer un univers déjà existant-, mais également choisir de jeunes comédiens de 10-12 ans qui soient de bons acteurs dès le premier volet et qui soient capables de devenir brillants au fur et à mesure des films. Et au final, nous avons été comblés. Il n'y a eu aucune "pomme pourrie" au sein de ce groupe. Sinon, la scène de la caverne est l'un des gros défis de ce sixième film. Car il s'agit d'un décor totalement virtuel, comme la hall des prophéties dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix . Et puis il fallait travailler sur le design des Inferi, pour ne pas qu'ils semblent sortir d'un film de George A. Romero ! C'est très difficile d'inventer un nouveau type de morts-vivants...
L'un des nouveaux personnages, le Professeur Slughorn, est assez différent par rapport au roman...
Effectivement, Jim Broadbent est assez différent physiquement du Slughorn de romans, qui est plus petit et plus adipeux. Je parle ici de Slughorn, pas de Jim ! (Rires) Mais David a toujours pensé à lui pour ce rôle. Et Jim est un acteur de génie : il habite totalement ce personnage et quand vous le verrez, vous ne penserez plus aux différences avec le Slughorn des romans.
Est-ce qu'un acteur vous a déjà dit non ?
Pas que je sache. Mais je n'ai pas travaillé sur le premier ni sur le troisième film, donc c'est possible que ce soit arrivé. Mais pas sous ma supervision en tout cas. (Engagé sur La Planète des singes, Tim Roth a décliné le rôle de Rogue sur le premier film, NDLR). C'est notamment dû au fait que la plupart des ces grands acteurs ont des enfants ou des petits-enfants ou des neveux et des nièces : et la menace à laquelle ils s'exposeraient en refusant un rôle dans un Harry Potter est un risque qu'ils ne préfèrent pas courir ! Mais la plus grosse difficulté n'est pas de trouver des comédiens pour les rôles d'adultes, mais d'arriver à intégrer les études au planning de nos jeunes stars : car les examens, c'est le plus important. Et ils doivent être prêts au moment de passer leurs diplômes, au même titre que les élèves du monde entier...
Conservez-vous certains décors d'un film à l'autre ?
A moins que quelque chose soit vraiment hors d'usage, nous essayons de garder le maximum de décors et d'accessoires. Dans ces cas-là, on essaye de concevoir ces décors pour pouvoir les démonter et les remonter facilement en cas de besoin. Et parfois, on bricole un peu : on a par exemple réalisé que les fenêtres des toilettes de Poudlard, là où vit Mimi Geignarde, sont similaires à celles de l'hôpital ou de la bibliothèque. Du coup, on peut récupérer un morceau de décor sur un plateau et l'intégrer à un autre.
On a découvert dans le septième roman l'importance que pouvaient avoir certains petits détails des précédents livres... Etes-vous certains de ne rien avoir "oublié" dans les précédents films en vue du grand final ?
Au départ, J.K. Rowling discute beaucoup avec le réalisateur et les scénaristes. Nous travaillons alors sur le scénario, et quand nous sommes satisfaits, nous lui envoyons pour validation. Et parfois, elle nous fait ses remarques. C'était le cas avec Kreattur sur le cinquième film : nous avions pris le parti de ne pas le faire apparaître car nous n'avions pas le temps d'approfondir son personnage. Et là, vu son importance dans le septième roman que nous n'avons découvert que plus tard, J.K. nous a dit : "Je ne ferais pas ça si j'étais vous !" (Rires) Nous l'avons donc brièvement introduit dans le cinquième film pour pouvoir le faire revenir dans le septième. Et donc si tout va bien, nous n'aurons pas d'autres mauvaises surprises puisque J.K. nous aide à ne rien oublier...