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    Décès du réalisateur Jean Delannoy

    Le réalisateur Jean Delannoy, cinéaste emblématique de la "Qualité française", auteur de "La Symphonie pastorale", "Notre-Dame-de-Paris" ou "La Princesse de Clèves", est décédé ce mercredi à l'âge de 100 ans.

    100 ans, et près de 50 films. Le cinéaste français Jean Delannoy

    s'est éteint mercredi 18 juin à l'âge de 100 ans, a annoncé jeudi sa famille. Très prolifique dans les années 40 et 50, il fit tourner toutes les stars de l'époque, de Jean Gabin (qui fut son Maigret dans plusieurs films) à Michèle Morgan (notamment dans La Symphonie pastorale, Grand Prix du Festival de Cannes en 1946, photo ci-contre) en passant par Jean Marais (L'Eternel Retour). Metteur en scène emblématique de ce qu'on nomma la "Qualité française", il fut à ce titre malmené par les "Jeunes Turcs" de la Nouvelle Vague qui lui reprochaient son académisme. Se tournant vers le petit écran dans les années 70, il était en activité jusqu'au milieu des années 90 (Marie de Nazareth, 1995).

    Des débuts comme acteur et monteur

    Sa licence de lettres en poche, Jean Delannoy hésite entre le journalisme, la banque et la décoration, puis finit par choisir... le cinéma ! Un milieu déjà fréquenté par sa soeur, Henriette, comédienne, et qu'il intègre d'abord en tant qu'acteur (notamment dans Casanova, réalisé par Alexandre Volkoff), avant de se tourner vers le montage. C'est par ce biais qu'il commence à se faire un nom, et se voit confier, dès 1933, la réalisation de courts et moyens métrages. L'anée suivante, il dirige son premier long : Paris-Deauville , dans lequel il dirige Armand Bernard, Georges Bever et Marguerite Moreno.

    "Eternel retour"... et nouveau départ

    Outre ses collaborations avec Jacques Deval (Club de femmes, 1936) et Felix Gandera (Tamara la complaisante, 1937; Le Paradis de Satan, 1938), Jean Delannoy signe, seul, la réalisation de films qui,

    comme Macao, l'enfer du jeu (1939), Le Diamant noir (1940) ou Pontcarral, colonel d'Empire (1942), symbolisent son penchant pour le mélodrame et le film d'aventures. Mais c'est pendant l'Occupation, en 1943, que sa carrière connaît un tournant, lorsqu'il s'associe à Jean Cocteau pour donner vie à L'Eternel Retour : tandis que le poète-réalisateur écrit cette version moderne du mythe de Tristan et Yseult, Delannoy met en scène Jean Marais et Madeleine Sologne dans un style très différent de celui qui était le sien, et rencontre un grand succès.

    Une "Symphonie" couronnée à Cannes

    Jean Delannoy accède ainsi à une célébrité qu'il ne fera que renforcer, par la suite, avec Le Bossu (adapté par Paul Féval lui-même), La Symphonie pastorale, Grand Prix du Festival de Cannes en 1946), ou FILM cFilm="5340" Titre="" TitreOriginal="Aux yeux du souvenir" Target=""/> -dans ces deux derniers films, il dirige une des plus grandes stars féminines de l'époque, Michèle Morgan. Citons encore Les jeux sont faits, Le Secret du Mayerlingou encore Notre-Dame-de-Paris (1956), nouvelle adaptation du roman de Victor Hugo, avec Anthony Quinn, Gina Lollobrigida et Alain Cuny dans les rôles principaux.

    Eclaboussé par la Nouvelle Vague

    Si les années 50 débutent en beauté avec le Prix International décerné à Dieu a besoin des hommes (1950) lors de la Biennale de Venise, la décennie restera surtout celle de son désaveu par les futurs chefs de file de la Nouvelle Vague. Mais, bien que décrié pour son académisme au fil des lignes de l'article incendiaire de François Truffaut paru dans Les Cahiers du Cinéma et dénonçant "une certaine tendance du cinéma français", cette figure du "cinéma de papa" n'en continue pas moins de tourner, accentuant un peu plus la variété des sujets qui caractérisent son oeuvre. C'est ainsi qu'il va naviguer entre Le Garcon sauvage (1961) et La Princesse de Cleves (lauréat du Grand Prix du Cinéma Français en 1961), en passant par Maigret tend un piège (1957) et Maigret et l'affaire Saint-Fiacre (1959), et qu'il confirme sa fidélité envers des comédiens tels que Jean Gabin, Michèle Morgan ou Jean Marais.

    Fin de carrière : un chemin de croix ?

    Dalannoy tourne à un rythme encore soutenu dans les années 60 (Venus Impériale, 1961;

    Les Amitiés particulières, 1962; Les Sultans, 1966...), mais réalise un seul long métrage (Pas folle la guêpe) au cours de la décennie suivante, avant de délaisser le grand écran au profit du petit, pour lequel il met notamment en scène des adaptations de Hamlet ou Manon Lescaut. Il revient au cinéma à la fin des années 80 pour mettre en scène la vie de Bernadette Soubirous (Bernadette, 1988), puis complète sa "trilogie religieuse" avec La Passion de Bernadette (1989) et Marie de Nazareth (1995), son dernier film.

    Maximilien Pierrette

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