Quelques jours après la disparition de son acteur principal Richard Widmark, c'est le réalisateur des Forbans de la nuit qui vient de s'éteindre. L'Américain Jules Dassin, grand nom du septième art à qui l'on doit également Du rififi chez les hommes et La Cité sans voile, est décédé ce lundi 31 mars des suites d'une grippe dans une clinique d'Athènes où il était soigné pour une fracture de la hanche. Le père du chanteur Joe Dassin, qui était installé en Grèce depuis près d'un demi-siècle, était âgé de 96 ans.
Assistant du maître Hitchcock
Après avoir quitté son Amérique natale pour effectuer des études d'Arts dramatiques en Europe, Jules Dassin retraverse l'Atlantique pour s'installer à New-York, où il se distingue sur les scènes locales à la fin des années 30. Scénariste pour des publicités radiophoniques, auteur pour le théâtre, il tente l'aventure hollywoodienne en 1940, devenant notamment l'assistant d'Alfred Hitchcock.
Un grand du polar
Engagé par la MGM, Jules Dassin débute modestement à la réalisation avec le drame Nazi Agent, en 1942. Il enchaîne très vite avec des comédies assez modestes et confidentielles, mais qui lui permettent déjà de côtoyer certaines grandes stars de l'époque, comme John Wayne et Joan Crawford pour Reunion in France (1942) ou Charles Laughton pour Le Fantôme des Canterville (1944), qui remporte un joli succès d'estime. C'est à la fin des années 40, en abordant le film noir, que le cinéaste se révèle : le film carcéral Les Démons de la liberté (1947) ainsi que La Cité sans voile (1948) et Les Bas fonds de Frisco imposent une touche réaliste, qui adhère parfaitement au genre.
Le succès de père en fils
Déclaré communiste et blacklisté, Jules Dassin fuit les Etats-Unis pour s'installer en Europe. D'abord en Angleterre, où il réalise le classique du film noir Les Forbans de la nuit (1950), avec Richard Widmark, puis en France, où il signe l'un de ses plus beaux succès, le film de braqueurs Du rififi chez les hommes (1954), Prix de la Mise en Scène à Cannes. Vivant désormais dans l'Hexagone, où il jouit d'une belle popularité et où son fils Joe est en passe de devenir une star de la chanson, le cinéaste dirige un casting de luxe dans La Loi (1958) puis se met en scène avec sa compagne Melina Mercouri dans la comédie dramatique Jamais le dimanche (1960). Succès international, le film offre le Prix d'interprétation à Mercouri et assied un peu plus la collaboration fructueuse entre Dassin et sa femme (neufs films).
A l'aise dans tous les registres
Aussi à l'aise dans les films intimistes que dans des projets plus populaires et grand spectacle, Jules Dassin peut aussi bien aborder l'Antiquité Grecque avec Phèdre (1962) que retenter avec succès le film de braqueurs en signant Topkapi (1964). Se faisant un peu plus discret, il réalise ensuite, entre autres, Dix heures et demie du soir en ete (1966), avec Romy Schneider, et A Dream of Passion (1978), avec Ellen Burstyn.
La rédaction d'AlloCiné