Le "Picasso du mime" n'est plus. Après 60 ans d'une carrière exemplaire sur les scènes du monde entier, Marcel Marceau est décédé, entouré de ses proches, ce samedi 22 septembre. A travers son légendaire personnage de Bip, Pierrot moderne sur le visage duquel se matérialisaient toutes les expressions, il avait (re)donné ses lettre de noblesses à l'art du mime et arpenté les scènes internationales, de la France aux Etats-Unis en passant par la Chine et le Japon. Il devrait être inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
Pierrot moderne
Né le 22 mars 1923 à Strasbourg, Marcel Marceau s'était dirigé vers une carrière de peintre et d'émailleur après une participation active dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Il se découvre alors une passion pour le théâtre et, après avoir suivi les cours de Charles Dullin, s'essaye à l'art du mime aupès d'Etienne Decroux et de la Compagnie Renaud-Barrault. Dès 1947, il fonde sa propre compagnie de mime (la seule au monde) où il inscrit au répertoire mimodrames et pantomimes (Le Manteau, Le Joueur de flûte, Exercices de style, Le Matador...), puis, de 1969 à 1971, anime l'Ecole internationale de mime. Sept ans plus tard, il fondera l'Ecole internationale de mimodrame de Paris.
De la scène à l'écran
Elu à l'Académie des Beaux-Arts en février 1991, il relance une nouvelle troupe en 1993 : la Nouvelle Compagnie de mimodrame Marcel Marceau. Officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'Ordre national du Mérite, des Arts et des Lettres, Marcel Marceau avait été nommé ambassadeur de bonne volonté pour le troisième âge par l'ONU en 2002. Au-delà de ses nombreux spectacles et de ses multiple stournées (nationales ou internationales, dont la dernière remonte à 2005 en Amérique du Sud), le Mime Marceau s'était illustré sur grand écran, notamment dans quelques courts métrages (Un jardin public et Pantomimes en 1954), mais aussi dans La Belle et l'empereur (1959), Barbarella de Roger Vadim (1968), Shanks (1974) ou encore La Dernière folie de Mel Brooks (1970) où l'on entendit sa voix pour la seule et unique fois.
Yoann Sardet avec AFP