Emily, c'est surprenant de vous voir dans ce film. Quel est votre rôle?
Emily Mortimer : Et bien Redbelt est l'histoire de Mike Terry, un maître de Jiu-Jitsu, qui a toujours refusé de se battre pour de l'argent. Mais sa vie change pour le pire et il doit monter sur le ring pour pourvoir aux besoins de sa famille. Je joue le rôle d'une avocate qui va l'aider dans sa quête. De plus j'ai eu dans mon enfance un problème, que je ne veux pas vous révéler pour garder le suspense, et Mike m'aide à le surmonter. C'est une métaphore sur la vie et comment il faut s'entraider les uns les autres. J'aime vraiment beaucoup de film, qui est effectivement surprenant pour plusieurs raisons, la principale êtant que ce n'est pas un film d'action typique mais c'est un film qui a une âme et une grande sensibilité. C'est un film dans le style des films de samourais des années 70 et cela change de ceux des années 80 ou 90 pleins de violence gratuite et de malabars aux gros bras. Pour moi, ce n'est vraiment pas un film d'action, c'est un film d'une grande complexité et plein d'émotion.
Est-ce que tous les personnages du films adhèrent à la philosophie d'humilité des samourai ?
Tout à fait. Ils sont tous plus ou moins tentés par une attitude emprise d'honneur. Ils font tous des compromis avec leur instinct destructif. Mais bien sûr, Mike Terry est le plus pur de tous et c'est une tragédie personnelle qu'il vit en devant se battre pour de l'argent. C'est même une ironie qu'il devienne un sorte de héros à la fin. Mon personnage est un peu perdue, et elle ne sait pas très bien ce qui est bon et ce qui est mauvais. Elle tente juste de survivre dans cet univers de violence, à tout prix et par n'importe quel moyen.
Quelle est votre relation avec le réalisateur David Mamet, surprenant, lui aussi, en réalisateur d'un film d'action ?
Pour moi, il fait vraiment parti des grands réalisateurs de notre époque. Et puis vous verrez, même si c'est un film de combat avec des scènes d'action à couper le souffle, il y a aussi beaucoup de dialogues. Et là, on retrouve bien le style de David. Je suis rentrée dans ce film avec un esprit totalement ouvert et j'ai trouvé tout de suite que David Mamet est un être charmant et accueillant. Et cela rend la relation de travail facile. De plus, le Jiu-Jitsu est vraiment sa passion et je crois qu'on le ressentira à l'écran. Quand je le regarde dans le feu de l'action, en plein tournage, cela ne me surprend plus qu'il réalise ce film. Cela lui correspond bien.
Il semble que ce rôle qui semble "choc" conserve pourtant toute sa féminité...
Tout à fait, je suis ravie de pouvoir jouer un rôle aussi complexe et qui ne touche pas à ma condition féminine. Pour moi, c'est fascinant de jouer quelqu'un qui passe par plusieurs niveaux d'émotion et qui va devoir trouver en elle une force nouvelle pour aller au delà du chaos dans lequel elle se trouve. Pour moi, c'est également important de dire qu'en tant que femme, on a beau avoir un côté sensible, on peut aussi très bien apprendre à se battre et donner du fil à retordre à ceux qui vous poussent à bout ! J'aime également la manière dont David Mamet travaille. C'est quelqu'un qui sait rester simple, va droit au but et toujours efficace.
"Redbelt" reste un film sur l'art du combat. Les femmes semblent de plus en plus attirées par les sports de combat. L'êtes-vous aussi et comment expliquer cet engouement ?
Très bonne question car je n'ai aucune idée de la réponse ! En tout cas, moi, je ne suis pas du tout fascinée par la violence et les sports de combat. Je n'arrive pas vraiment à comprendre pourquoi les gens se battent... Mais à chacun ses envies !
Allons-nous vous voir en pleine action dans ce film ?
J'ai quelques scènes mouvementées en effet, et c'est bien le film qui m'aura fait faire le plus de sport depuis au moins 10 ans ! Je passe d'ailleurs pas mal de tant avec les divers profs et maîtres de Jiu-Jitsu qui supervisent le tournage. Le côté "entraînement" et la discipline que cela implique, par contre, m'intéressent. La rigueur mentale et la philosophie derriere le Jui-Jitsu sont également fascinantes. Je crois que ce film aura à la fois une dimension épique mais aussi une dimension intime. De plus c'est un petit budget et donc il y a une certaine urgence au niveau du tournage : cela donne une sensation de rush d'adrénaline au film, j'en suis certaine.
Propos recueillis par Emmanuel Itier le 6 juin 2007 à Los Angeles