Naveen et "Grindhouse"
AlloCiné Séries : Quand avez-vous trouvé le temps de tourner "Grindhouse" ?
Naveen Andrews : Je ne sais toujours pas. Pendant cinq mois ça a été la folie. Je faisais des allers-retours entre Austin pour ce film et New York pour The Brave one, réalisé par Jodie Foster. Mon Dieu, je ne sais pas comment j'ai fait, mais je suis ravi que ça se soit terminé ainsi.
Comment avez-vous obtenu ce rôle ?
En fait, j'ai passé une audition dans l'hôtel où vous m'interviewez. J'ai rencontré Robert (ndlr : Rodriguez) dans une chambre située peut-être 4 étages plus haut. Nous n'avions pas encore de scénario, juste la scène de la castration. J'étais naturellement intrigué et je voulais en savoir plus.
Vous n'aviez donc aucune idée du film pour lequel vous passiez une audition, vous saviez juste qu'il serait réalisé par Robert Rodriguez ?
En effet, je ne savais pas sur quel film ça allait déboucher. Lorsque j'ai reçu le scénario, j'ai compris que ce serait un hommage à ces films "double programme" des années 70, même si je ne suis pas très familier de ce genre. J'ai grandi en Angleterre, la Hammer faisait des films similaires. Ils étaient faits avec peu de moyens, Peter Cushing courait partout pour tuer des insectes géants, les femmes avaient leurs seins à l'air... Je les trouvais épouvantables, mais Quentin (ndlr : Tarantino) m'a instruit et rééduqué. Nous sommes allés voir des films comme Zombie, Philandering Manor et un autre avec la soeur de Mia Farrow. Ils sont terribles et les acteurs ont tellement l'air de souffrir que l'on ne peut pas s'empêcher d'être affligés. Je regardais autour de moi et je voyais Robert Rodriguez et Quentin Tarantino rire comme des maniaques. J'ai trouvé ça drôle pendant 2 minutes puis je me suis senti vraiment embarrassé. Je n'arrêtais pas de penser "Je dois rater quelque chose ! Apparemment ils y trouvent une vraie esthétique, mais je ne la vois pas." Je suis encore complètement perdu, mais j'imagine que c'est une forme d'humour obscène. Il y a quelque chose d'innocent là-dedans, comme un enfant qui aime être effrayé puis consolé.
Vous êtes si différent dans "Grindhouse" et dans "Lost". Vos origines vous aident-elles à brouiller les pistes ?
Mes parents sont indiens, je me considère comme indien, mais je suis né en Angleterre, à Londres, c'est pour cette raison que je parle et réfléchis ainsi. Intellectuellement je me sens européen. Je ne sais pas ce que je suis, une forme d'hybride, et ça m'a pas mal servi jusqu'ici. Je considère avoir eu beaucoup de chance parce qu'au-delà de leurs origines diverses, les personnages que j'ai joué sont tous fantastiques.
N'ayant pas connu les "double programmes", quels films regardiez-vous dans votre jeunesse ?
Venant d'Angleterre, j'avais un snobisme inné et des idées très arrêtées à propos du 7ème Art. J'ai dû passer outre, encore une fois parce que Quentin et Robert trouvaient de la beauté dans ce genre exécrable. De mon point de vue, on doit avoir l'esprit ouvert et laisser de côté ses préjugés.
Quel est le réalisateur avec lequel vous rêveriez de travailler ?
Martin Scorsese. Ma fiancée (ndlr : Barbara Hershey) a travaillé deux fois avec lui, elle a joué dans Bertha Boxcar et La Dernière tentation du Christ, qui est sans doute l'un de mes films préférés. J'adorerais travailler avec lui. Pour moi, il est le meilleur réalisateur aux Etats-Unis aujourd'hui.
Naveen et "Lost"
Qu'est-ce qui n'a pas changé dans "Lost" depuis le début de la série ?
Je sais qu'en ce moment ils sont en train de préparer un de ces gros Season Finale dont ils ont le secret... Ce qui n'a pas changé depuis le début ? J'ai adoré la première saison et j'en suis très fier, le travail accompli sera toujours là. Mais j'ai toujours trouvé ça dur de n'avoir aucune information à propos de là où on allait et de ce qu'on allait faire. Quelquefois on reçoit un scénario juste avant le tournage et rien n'a changé, vous n'avez toujours aucune info. Je ne sais pas ce que je vais faire quand je reviendrai sur le plateau. Je ne blague pas. On apprend à vivre avec ça et on devient raisonnablement stoïque. Je ne prétends pas être scénariste et j'imagine à quel point c'est compliqué d'écrire pour une série comme Lost, d'autant plus que je me rappelle m'être demandé combien de temps allait pouvoir durer l'histoire de ces personnages sur l'île lorsque j'ai reçu le premier script. J'apprécie la tâche qui est la leur, ils sont les scénaristes et c'est leur série, donc ils en font ce qu'ils veulent.
N'est-ce pas tout de même frustrant de ne pas savoir ce qui va arriver ?
Dès le début, ne pas avoir de début, de milieu et de fin, alliée au challenge incroyable d'interpréter pendant des années un personnage n'évoluant que sur plusieurs mois, c'est dur !
Vous ne savez donc rien de ce qui va arriver dans "Lost"?
Je n'en sais rien du tout.
Où sont tournés les intérieurs ?
Dans des studios à Hawaï, à Diamond Head plus précisément.
Quelle différence y a-t-il entre tourner une série comme "Lost" et un film comme "Grindhouse" sous la direction de Robert Rodriguez ?
Tout d'abord Lost est destinée à la télévision et il s'agit de la première série dans laquelle je joue, donc je n'ai que cet élément de comparaison. L'emploi du temps pour la télévision est très lourd et, je ne veux pas avoir l'air de me plaindre ou de pleurnicher, mais c'est incroyablement éreintant. Au-delà de ça il s'agit d'une série pour un grand network. Travailler avec Robert (ndlr : Rodriguez) et Quentin (ndlr : Tarantino) c'est un peu comme bosser pour des hors-la-loi, ils sont en dehors du système des studios. Il n'y a aucun producteur sur le plateau, et cela donne un sentiment d'incroyable liberté de création et quelque part ça doit influencer les acteurs car nous nous sentons libres de faire des choses folles ou d'aller chercher des choses impossibles. Alors c'est une évidence : c'est complètement différent.
Un film adapté de "Lost" est-il envisageable ?
J'ai déjà entendu parler de cette idée. Honnêtement nous devons d'abord finir la série. Je ne sais pas. Peut-être est-il possible d'avoir à la fois un film et une série.
Votre famille est avec vous à Hawaï?
A Los Angeles, mais nous avons aussi une maison à Hawaï. Je fais des allers-retours. Quand je ne travaille pas, je prends le premier avion pour Los Angeles. C'est important d'avoir une vie en dehors du travail.
Mise à part "Lost", quels sont vos projets ?
Nous allons avoir une pause dans le tournage et depuis le début de Lost je n'ai pas arrêté de travailler. A chaque interruption, j'ai travallé sur autre chose et je me suis occupé de ma famille. Peut-être ai-je besoin de me reposer un peu. Ce n'est pas comme si je devais bosser pour ne pas mourir de faim.
Naveen et Mr Andrews
Qu'aimez-vous faire quand vous avez un peu de temps libre ?
Je joue de la guitare. La plupart de mes amis ne sont pas acteurs, mais musiciens. J'aime beaucoup lire aussi. Il est important d'avoir du temps libre, sinon on devient fou.
Jouiez-vous de la guitare avec Robert Rodriguez sur le plateau de "Grindhouse" ?
Oui, bien sûr. Nous passions le temps en jouant de la musique. A l'écran le film peut paraître tendu, mais sur le plateau c'était plutôt relax.
Quelle musique écoutez-vous ?
Mon Dieu, tout ce qui est bon ! Mais en tant que guitariste, je vous répondrais Jimi Hendrix.
Qu'y a-t-il de mieux dans le fait d'être papa ?
Avant la naissance des miens, je n'étais pas très proche des enfants. La première chose que vous réalisez est qu'ils ont une âme et que regarder dans leurs yeux touche au divin. D'un point de vue très égoïste, cela remet tout en perspective. Les enfants sont ce qu'il y a de plus important.
Que préférez-vous faire avec eux ?
Juste être avec eux. Ce que l'on fait n'est pas très important. Les enfants savent lorsque vous êtes absents. Etre avec eux est simplement extraordinaire. Avec le plus grand de mes fils, nous allons à des concerts. Je n'arrive pas à réaliser qu'il soit déjà un adolescent. Il est plus grand que moi. Il fait 1m92 !
Propos recueillis par Emmanuel Itier
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