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    "Merci, les enfants vont bien" : interviews de Marie Denarnaud et des scénaristes !

    L'actrice Marie Denarnaud et les scénaristes Diane Clavier et Camille Pouzol ont répondu aux questions d'AlloCiné Séries !

    Romancière, journaliste, scénariste, Camille Pouzol fait équipe avec Diane Clavier pour Merci, les enfants vont bien !. Discussion avec une spécialiste des séries...

    AlloCiné Séries : Qu'aviez-vous aimé dans les 2 premiers épisodes de "Merci, les enfants vont bien !" ?

    Camille Pouzol : Je ne les avais pas vus au moment de leur diffusion, c'est Stéphane (ndlr : Stéphane Clavier, le réalisateur de la série) qui nous les a montrés quand il a voulu travailler avec Diane (ndlr : Diane Clavier) et moi. Il nous a dit de les regarder et de voir si on avait des idées pour la suite. Au départ, j'étais très réticente parce que j'ai beaucoup de choses à faire et que je n'avais pas du tout envie de faire de télé, et encore moins un téléfilm. On a regardé les DVD et j'ai trouvé ça tellement sympa que je me suis dit que ça valait le coup. Sur le papier, ça ressemblait à Une famille formidable, que je déteste pour son côté téléfilm catho, bourgeois de droite et sarkozyste. Mais dans le cas de Merci..., il y avait vraiment une ambiance différente. Pascale Arbillot et Bernard Yerlès sont super sexy et donnent envie de regarder. Ils ont l'air de s'aimer beaucoup et leur couple fonctionne super bien, ils s'adorent dans la vie donc ça se voit à l'écran. Les enfants sont super modernes, du coup on a vraiment l'impression d'être dans la réalité et pas dans le petit monde merveilleux que TF1 ou la fiction française en général invente pour nous. Dans Merci, les enfants vont bien !, les personnages sont modernes, s'expriment normalement, disent "Merde", il n'y a pas de côté factice. Il se dégage une bonne humeur de l'ensemble qui fait que Diane et moi avons tout de suite trouvé l'idée qui nous amusait pour la suite : le fameux Christophe (ndlr : l'ex-amant d'Isabelle, joué par Cyril Lecomte) séduisant la fille aînée des Blanchet. C'était évident pour nous. Emma était la seule membre de la famille à n'avoir pas vu Christophe, tous les deux avaient le même âge... ça nous paraissait très drôle et ça nous a sauté aux yeux. Nous avons vu la productrice juste après et tout s'est fait très vite.

    Que vouliez-vous amener, quelle touche personnelle vouliez-vous ajouter à la série ?

    Avec Diane, on a une association complémentaire qui fonctionne tout d'abord sur notre amitié et sur un ton légèrement différent. J'ai écrit 3 romans, travaillé sur Un Gars, une Fille, deux scénarios de long-métrage, je travaille pour Elle (ndlr : le magazine) depuis 6 ans, j'ai déjà un ton et une signature que les gens connaissent. Diane et moi ne sommes pas amies par hasard, on se fait rire et on a le même genre d'univers. Je pense qu'on a poussé le curseur plus loin que dans les deux premiers épisodes. Les Blanchet sont encore plus cinglés ! Ce qui me fait rire c'est que face à certaines situations, ils réagissent de manière complètement hallucinante. Nous avons accentué leur côté baba cool, rien n'est grave même s'il se passe des choses juste énormes ! Nous avons rendu les enfants encore plus insolents, même s'ils l'étaient déjà beaucoup. Les parents n'ont aucune autorité, c'est d'ailleurs très drôle, mais leurs enfants sont quand même relativement gentils, ils s'auto-régulent et trouvent des solutions. En fait, nous avons poussé la fantaisie et le burlesque, complètement soutenues par Pascale et Bernard qui adorent ça. Certains personnages sont limites, par exemple le patron de Jean-Pierre, qui est un malade mental. La saison suivante va encore plus loin... mais avec toujours une base de réalité : il n'y a pas de soucoupe volante s'écrasant au fond du jardin. Nous partons toujours avec des problématiques réalistes. L'amant de la mère rencontrant la fille, c'est réalisable et réaliste. L'année prochaine, on va enchaîner sur le chômage, qui est une grosse problématique pour une famille de 8 enfants. Il y aura aussi des problèmes familiaux, avec l'arrivée de la soeur d'Isabelle, on va aborder le problème des sans-papiers... des éléments très actuels qui sont traités tous les jours dans Plus belle la vie (rires) ! Mais les Blanchet ne réagissent jamais normalement, tout est original avec eux.

    Vous écrivez les scénarios avec Diane Clavier, comment organise-t-on l'écriture à quatre mains ?

    J'ai l'habitude de travailler à deux, notamment pour Elle avec Sophie Fontanelle ou parfois sur des scénarios de long-métrage, du coup c'est venu très naturellement. On fait une après-midi de fusion d'idées, pendant laquelle on parle, on rigole et on prend des notes. On fait souvent un séquencier à deux pour se mettre dans des rails, puis on coupe les rails en deux. Chacune écrit chez soi et on passe notre temps à s'envoyer les scènes. En clair j'envoie une scène à Diane qui repasse dessus, elle me la renvoie et je repasse dessus... et à chaque fois c'est meilleur. Au final, lorsque l'on colle les parties, personne ne peut dire qui a écrit quoi, sauf les gens qui nous connaissent parfaitement et qui reconnaissent les blagues de Diane ou les miennes. Pour la saison suivante, nous avons écrit chacune deux épisodes de 52 minutes, et nous nous sommes partagées davantage les choses parce qu'il y avait plus de boulot. Les épisodes seront donc plus l'oeuvre d'elle ou de moi, mais en même temps nous nous sommes toutes les deux relues. C'est un sacré boulot, de toute façon un scénario devrait être écrit à 5 ou 6 personnes, comme aux Etats-Unis. C'est nul d'écrire seule. J'écris déjà des livres seule mais c'est une autre discipline. Il n'y a que la littérature qui s'écrit seule. Il ne faut avoir aucun égo sur un scénario.

    Est-ce que la coopération avec les comédiens est importante ?

    Oui mais à un stade plus avancé. C'est bien d'avoir des avis mais personnellement je n'arrive pas en plein milieu d'une prise en expliquant par exemple à Bernard Yerlès comment il devrait la jouer. Nous sommes allés sur le plateau, mais c'est très rare en France. Les scénaristes ne sont pas vraiment acceptés sur les tournages, c'est dommage car ils pourraient aider, donner des idées, réécrire si besoin est. Pour Lost, les scénaristes sont plus d'une dizaine, ils sont là sur le tournage s'il y a un problème. Je pense que scénariste est un métier tout comme comédien est un métier, que je respecte d'ailleurs énormément. Ecrire et jouer sont deux choses différentes. Les comédiens vont jouer le texte donc leur avis est primordial, mais il ne faut pas qu'ils soient assis sur la tête des scénaristes dès le début des synopsis. Pour Merci..., on avait parlé avec les comédiens sur le tournage l'année dernière, bien avant l'écriture du scénario. Par exemple j'avais confié à Bernard que je désirais que Jean-Pierre ait une vraie, une violente crise existentielle suite à un licenciement. Il m'a dit qu'il voyait mieux son personnage démissionner parce que c'est plus compliqué de faire cela en ayant 8 enfants... Mais dans l'ensemble ils nous font confiance. Il peut arriver aussi qu'il faille retravailler les dialogues parce que telle ou telle réplique est difficile à dire ou sonne faux, mais maintenant on les connaît bien les Blanchet, donc on sait ce qu'ils pourraient dire ou pas. Je suis plutôt du genre à considérer que chacun doit faire et rester dans son boulot.

    Quelles sont vos séries préférées, d'hier ou d'aujourd'hui ?

    Les séries sont ma drogue. Je dois regarder en ce moment 6 ou 7 séries par semaine. Je suis Lost. Je comprends qu'il y ait un petit problème, mais c'est sans doute dû au fait que J.J. Abrams n'arrive pas à rester sur un projet plus de 3 saisons. Après avoir laissé tomber Alias, il va faire de même avec Lost. Il faut qu'il reste en place parce que lorsqu'il n'est pas là c'est n'importe quoi. Je suis très fidèle à la série pour les 2 premières saisons que j'ai trouvé rarissimement bien, avec une idée extrêmement originale et une atmosphère jamais vue. Avec Lost, il y a un vraiment un truc qui se passe. Je suis également Prison Break parce que j'aime bien, mais c'est un petit peu comme 24 heures chrono... à un moment donné, c'est comme un fast-food. C'est d'une efficacité redoutable mais un peu moins intelligent que Lost. Le casting est vraiment super, comme toujours avec les séries américaines. Je suis aussi Grey's Anatomy qui est une énorme réussite. Ils sont arrivés à un moment extraordinaire, quand tout le monde commençait à en avoir un peu marre de l'adrénaline et de la panique. On peut regarder 4 épisodes de Grey's Anatomy, on se sent bien, c'est à la fois joyeux et émouvant, les acteurs sont tous incroyables, d'Ellen Pompeo au plus petit rôle. Je regarde aussi Jericho. Mais je n'ai jamais oublié Friends. Je connais tous les épisodes par coeur et je les dévore encore souvent. J'ai beaucoup regardé Urgences, qui a été une réussite extraordinaire, et X-Files. Là aussi je connais les 9 saisons à peu près par coeur. La série a pris un coup de vieux mais lorsque l'on regarde Bones on s'aperçoit qu'elle a eu beaucoup d'influence : la tension érotique entre les 2 personnages, le maniement de la lampe de poche, un personnage féminin qui n'a peur de rien quel que soit l'endroit où il se trouve... Friends, Urgences et X-Files sont les 3 séries que j'ai le plus regardées, avec aussi Six Feet Under, qui est selon moi la première série bergmanienne. C'est un ovni total, avec aucun souci d'efficacité, une vraie série culte.

    Propos recueillis par Thomas Destouches le 26 mars 2007, à Paris

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