Mon compte
    "Dérapage" avec Vincent Cassel !

    A l'occasion de la sortie du thriller "Dérapage", AlloCiné a rencontré Vincent Cassel pour évoquer sa nouvelle incarnation de méchant, mais aussi Hollywood, George Clooney, Claude Sautet ou encore Jacques Mesrine.

    Plus d'un an après "Ocean's twelve", comment as-tu été amené à retravailler avec les Etats-Unis, à nouveau pour un rôle de méchant ?

    Vincent Cassel : Tout d'abord, quand tu fais un film qui est vu, il y a un moment où les connexions se font naturellement. En l'occurrence, le réalisateur Mikaël Hafstrom avait vu La Haine et Irreversible. Il y avait un film qui se présentait où la rencontre était possible entre nous deux, le contact s'est fait grâce à Miramax. J'avais déjà bossé avec eux sur Nadia, c'est Harvey Weinstein qui m'a appelé. Il m'a dit qu'il aimerait bien que je fasse le film. Comme je suis parano, je fais toujours gaffe quand il faut jouer un méchant. J'ai commencé à dire non et puis ils ont fait le forcing. Ils ont envoyé le réalisateur me voir à Paris, on a parlé, et il est tellement peu dans le style hollywoodien que je ne me méfiais plus du tout ! (rires) Surtout, en parlant avec lui, j'ai vu qu'il n'était absolument pas arrêté sur le personnage. Ce dernier était beaucoup moins attrayant qu'il ne l'est aujourd'hui.

    Tu dis de ton personnage qu'il est "dangereusement agréable"...

    Je suis assez fier de ce que j'ai fait dans le film, j'ai l'impression que ça "embarque pas mal le morceau". C'est Hitchcock qui disait : "Un thriller est aussi bon que son méchant peut l'être". Je crois que pour Dérapage, le méchant est suffisamment intense pour qu'on sente que le danger est réel. Je ne voulais pas faire quelqu'un qui soit repoussant. Je ne suis pas complètement dupe, en m'incluant dans un film comme celui-là, il fallait que le truc soit attrayant. Il faut qu'on se rappelle du méchant, qu'on aime le détester. Je joue donc avec les éléments pour ne pas être la pustule du film ! (rires) Au lieu d'être la pustule, je suis le mec que tu adores détester. Au début, il était latino, méchant de A à Z. J'ai accepté le film à partir du moment où on acceptait que je pouvais avoir deux personnages en un. Ca m'amusait qu'il y ait une schizophrénie, avec ces deux personnalités qu'il trimballe. Aujourd'hui, je ne sais pas vraiment qui est ce Philippe Laroche. Avec Ocean's Twelve, j'étais un peu dans le même cas de figure. Je ne voulais pas jouer un méchant, et finalement j'ai joué un type qui pourrait potentielement faire partie de leur bande.

    Ce rôle confirme en tout cas une tendance : tu enchaînes actuellement des rôles complètement décalés, assez sombres, entre "Irréversible", Blueberry", "Sheitan"...

    Peut-être oui. Mais là, je me rend compte que j'ai envie de jouer autre chose... Si Claude Sautet était encore en vie, j'aurais vraiment envie de travailler avec lui en ce moment. C'est à dire jouer un mec, la quarantaine, ni hardcore, ni trash, avec lequel je pourrais calmer les esprits. Je me rends compte que je me dirige vers les choses très sombres par goût, mais qu'à un moment, j'effraie un peu tout le monde ! (rires) Je fais ça par goût, mais aussi parce que je me dis que tout le monde a l'esprit un peu tordu, que tout le monde aime bien les choses décalées. Mais au final, je n'ai pas trop envie de me retrouver enfermé dans un type de rôles particulier, parceque qu'à force de chercher des choses radicalement différentes, je me rend compte que dans l'esprit des gens, je deviens spécialisé dans les trucs zarbis !

    Tu incarneras bientôt le criminel Jacques Mesrine sur grand écran. Jouer le criminel de "Dérapage" a-t-il constitué une préparation pour jouer "Mesrine" ?

    Non. Je peux te dire que quand je vais jouer Mesrine, ce ne sera pas du tout comme ça. Je ne voudrais pas que les gens croient que... Jacques Mesrine, c'est un personnage tellement... Je vais faire très attention à la manière de l'aborder. On commence à préparer le film à la fin de l'année pour un tournage en 2007.

    Tu es capable de grands écarts étonnants, pouvant passer immédiatement d'"Ocean's twelve" à "Sheitan" par exemple. Quel est le regard des Américains sur ton parcours assez atypique ?

    Je compte bien montrer Sheitan à toute la clique d'Ocean's Twelve, ils étaient déjà bien fans de Kourtrajmé ! Mais sinon, écoute, je ne sais pas, je ne me rend pas compte... Je sais que George Clooney avait l'air de dire que c'était fantastique de passer d'Irreversible, qu'il avait trouvé incroyable, à Ocean's Twelve. La vérité, c'est que les libertés ici, en tant qu'acteur français, sont différentes. En tant qu'acteur européen, on ne dépend pas du cinéma américain pour vivre. Et ça, c'est incroyable, parce que je peux me permettre, d'un seul coup, de faire quelque chose de radicalement à l'opposé de ce que les gens attendent et si ça ne marche pas, ça ne veut pas dire que je suis mort. Alors que les acteurs américains sont tenus à la gorge par le box-office. Quand ils font un film qui ne marche pas, c'est dur. C'est mathématique, la manière dont leur carrière est gérée. C'est un peu comme les mecs de la télé, ils sont coincés par l'audimat. Ici, c'est plus large, peut-être parce que on est moins nombreux. On a la mémoire plus longue, ça permet plus d'écarts.

    Propos recueillis par Clément Cuyer et David Rich

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top