AlloCiné Séries : Qu'est ce qui différencie Engrenages des autres séries policières ?
Grégory Fitoussi : Ce qui m'a plu dans Engrenages, c'est qu'il y avait un ton très différent des autres polars français. Les producteurs et les réalisateurs ne voulaient pas proposer aux spectateurs une série qu'ils avaient déjà vue. Le scénario est intelligent, bien ficelé. Les personnages doivent gérer des cas très graves mais ne réagissent jamais de façon manichéenne. Engrenages s'apparente davantage à un feuilleton. Chaque épisode reprend exactement à l'endroit où on l'a laissé précédemment. Ça évolue en permanence.
Qui est Pierre Clement, votre personnage dans Engrenages ?
C'est un substitut du procureur de la République droit, sérieux et respectueux de la loi mais il est obligé de déroger aux règles auxquelles il a toujours cru. A trente ans, son métier le confronte à des responsabilités énormes. C'est passionnant d'interpréter un personnage tiraillé qui a de vrais états d'âme.
Comment avez-vous préparé votre personnage ?
C'était indispensable d'avoir une idée précise du métier de procureur. Je me suis rendu au Palais de Justice pendant deux semaines et j'ai assisté à des audiences. Je me suis imprégné de cette ambiance très particulière, très théâtrale. J'ai beaucoup utilisé les documentaires de Raymond Depardon comme 10e chambre, instants d'audience qui montre le quotidien d'un procureur de la République. Et puis j'ai laissé travailler mon imagination.
Avez-vous des anecdotes de tournage ?
Il y avait une très bonne ambiance sur le plateau. Comme c'était nouveau, tout était à créer. En plus, ils ont réuni un casting exceptionnel, la plupart sont des acteurs de théâtre incroyables, peu connus du grand public. On a tourné au Palais de Justice le jour des attentats à Londres. On a été contraint d'évacuer les lieux après une demi-séquence au lieu des deux jours initialement prévus.
Seriez-vous partant pour une deuxième saison ?
En principe, je suis réticent à l'idée de jouer un personnage récurrent. Mais s'il y a une suite à Engrenages, je serais ravi de continuer. Toute l'équipe en a très envie aussi. En plus dans la deuxième saison, les scénaristes pourront aller plus loin, pas en terme de violence mais dans des sujets graves, sans essayer d'arranger la réalité.
C'est une série très réaliste avec des scènes parfois choquantes, qu'en pensez-vous ?
Les réalisateurs ont surtout décidé d'être réalistes et de rendre à l'image des choses qui soient crédibles. Des médecins légistes, des procureurs, des avocats, étaient présents sur le tournage pour rectifier nos erreurs. Engrenages décrit l'appareil judiciaire dans son ensemble et on comprend un peu mieux les mécanismes. Il y a énormément de gens qui attendaient depuis longtemps de voir une série française différente. Je pense qu'il y aura un vrai public pour Engrenages, je ne vois pas à quelle autre série française on peut la comparer.
Quel souvenir gardez-vous de vos débuts dans Sous le soleil ?
Plutôt agréable de manière générale, je débutais dans le métier. Quand j'ai tourné dans Sous le soleil, j'étais très heureux. Mais, en tant qu'acteur ce n'est pas l'expérience la plus enrichissante que j'ai eu à faire. Depuis j'ai tourné d'autres films, je suis parti de la série il y a sept ans, c'est loin derrière moi.
Que s'est-il passé depuis ?
Après Sous le soleil, j'ai eu un petit passage à vide. Je n'ai jamais considéré cette phase où je n'ai pas travaillé comme quelque chose de grave. Quand les choses arrivent trop vite, on a du mal à les évaluer à leur juste valeur. Les réalisateurs ne tenaient pas spécialement à me rencontrer, ce que je peux comprendre. Après c'est à chacun de faire ses preuves et de travailler. Depuis, j'ai tourné pour la télévision et au cinéma notamment dans un long-métrage, Les Baigneuses de Viviane Candas sur le milieu des peep show. Ce qui m'intéresse en tant qu'acteur c'est de découvrir des univers que je ne connais absolument pas. Je suis très intrigué par le tournage mais la période de préparation qui le précède m'intéresse tout autant.
Quelles sont vos séries préférées ?
Je les connais pour la plupart mais je ne visionne qu'un épisode ou deux. J'ai trouvé Sex & the City assez drôle. Il y avait un ton un peu nouveau qui me plaisait bien. Et les Les 4400, l'idée était intéressante.
Propos recueillis par Marie Surrel le 9 décembre 2005