Cannes 2005 : Une deuxième Palme d'or pour les Dardenne !

Six ans après "Rosetta", les frères Dardenne décrochent une deuxième Palme d'Or pour "L'Enfant". Jim Jarmusch se console avec le Grand Prix. Découvrez l'intégralité du palmarès du 58e Festival de Cannes.

Il est palmé, le divin Enfant ! On annonçait une lutte serrée entre Broken flowers de Jim Jarmusch et Caché de Michael Haneke, mais c'est finalement L'Enfant de Luc et Jean-Pierre Dardenne qui décroche la Palme d'Or du 58e Festival de Cannes. Les frères belges entrent ainsi dans le club très fermé des cinéastes qui ont obtenu deux Palmes d'Or, un club qui comptait jusqu'alors seulement 4 membres : Francis Ford Coppola, Shohei Imamura, Bille August et... Emir Kusturica, Président du jury qui a dévoilé son palmarès ce samedi soir. Les Dardenne, qui content cette fois l'histoire d'un petit voyou qui se révèle incapable d'assumer sa paternité, avaient reçu en 1999 une première Palme pour Rosetta.

Jarmusch et Haneke repêchés

Les favoris ne sont pas oubliés pour autant : Jim Jarmusch obtient la récompense la plus convoitée après la Palme : le Grand Prix, pour une comédie aux accents mélancoliques qui avait enchanté la Croisette, Broken flowers, avec un Bill Murray mi-Don Juan mi Droopy. C'est une belle revanche pour ce chef du file du cinéma indépendant américain : enfant de Cannes, Jarmusch avait décroché la Caméra d'or pour son premier long métrage, Stranger than Paradise (1983), et la Palme d'Or du court-métrage pour un de ses Coffee and cigarettes (1993), mais était depuis toujours reparti bredouille de la compétition. Autre habitué du festival, Michael Haneke, dont le Caché était le chouchou de la critique : il repart avec le Prix de la Mise en scène, une récompense somme toute logique pour cette oeuvre dont l'un des personnages principaux, aux côtés de Juliette Binoche et Daniel Auteuil, est une mystérieuse caméra. La France doit donc son unique récompense à un réalisateur autrichien...

Tommy Lee Jones invité surprise, Cronenberg et Wenders absents de marque

Beaucoup plus inattendue est la présence au palmarès, et à un double titre, des Trois enterrements, le premier long métrage (après un téléfilm en 1995) réalisé par le comédien Tommy Lee Jones. Le film est distingué à la fois pour son scénario, que l'on doit au Mexicain Guillermo Arriaga (auteur des scripts déjà très remarqués de 21 grammes et Amours chiennes), et pour l'interprétation de Tommy Lee Jones lui-même. Le prix d'interprétation féminine est allé quant à lui à l'Israëlienne Hanna Laslo, une des trois comédiennes de Free zone d'Amos Gitaï. L'Asie est également récompensée, mais pas forcément pour le film qu'on attendait : c'est en effet à Shanghai dreams du Chinois Wang Xiaoshuai que revient le Prix du Jury. Notons que la plupart des grands noms de la sélection ont été ignorés par Emir Kusturica et son jury, de Gus Van Sant à Wim Wenders en passant par Lars von Trier, David Cronenberg ou Atom Egoyan.

Les Dardenne, enfants chéris de la Croisette

La (deuxième) Palme d'or des Dardenne, obtenue pour L'Enfant -et qu'ils ont dédiée à la journaliste Florence Aubenas et à son guide Hussein Hanoun, retenus en otages en Irak-, est le nouveau chapitre d'une success story belge. Entre ceux qu'on appelle "Les Frères" et le Festival de Cannes, c'est en effet une longue histoire. En 1996, la Quinzaine des Réalisateurs, section parallèle défricheuse, révèle le cinéma âpre et intense du tandem wallon en programmant son troisième long métrage, la bien nommée Promesse. Ce film, dans lequel on découvre le tout jeune Jérémie Renier (héros du film primé aujourd'hui), laisse les spectateurs sonnés en 1996. Conséquence logique, les frangins belges prennent du galon dès leur film suivant, Rosetta, présenté en sélection officielle en 1999. Mieux : à la suprise générale, le jury présidé par David Cronenberg décerne à cette oeuvre radicale la Palme d'or et le Prix d'interprétation féminine pour une débutante nommée Emilie Dequenne. Trois ans plus tard, c'est leur acteur-fétiche, Olivier Gourmet, qui est récompensé pour sa performance dans Le Fils. Un très bel itinéraire, donc, jusqu'à cet Enfant gâté.

Julien Dokhan

Palmarès du Festival de Cannes 2005 :

Palme d'or

L' Enfant de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Grand Prix

Broken flowers de Jim Jarmusch

Prix d'interprétation masculine

Tommy Lee Jones pour son film Les trois enterrements de Melquiades Estrada

Prix d'interprétation féminine

Hanna Laslo pour Free zone d'Amos Gitaï

Prix du Jury

Shanghai dreams de Wang Xiaoshuai

Prix de la mise en scène

Caché de Michael Haneke

Prix du scénario

Guillermo Arriaga pour Les trois enterrements de Melquiades Estrada de Tommy Lee Jones

Caméra d'or

Ex-aequo :

Moi, toi et tous les autres et La Terre abandonnée de Vimukthi Jayasundara

Palme d'or du court métrage

Podorozhni réalisé par Igor Strembitskyy

Mention spéciale du Jury du court métrage

Clara de Van Sowerwine

Prix de la Commission Supérieure Technique de l'Image et du Son

Les deux prix Vulcain de l'image et du son ont été décernés à l'unanimité à :

Leslie Shatz pour le design sonore de Last days

Robert Rodriguez pour le traitement visuel de Sin City

Prix décernés en marge de la compétition officielle :

Trophée du Festival

Remis au comédien Morgan Freeman et au réalisateur George Lucas. Une Palme d'honneur d'interprétation a égéalment été remise à l'actrice française Catherine Deneuve.

Prix de la critique internationale

Compétition officielle : Caché de Michael Haneke

Un Certain Regard : Sangre de Amat Escalante

Semaine Internationale de la Critique : Crying fist de Seung-wan Ryoo

Prix Un Certain Regard

La Mort de Monsieur Lazarescu de Cristi Puiu

Prix de l'Intimité : Le Filmeur d'Alain Cavalier

Prix de l'Espoir : Lève-toi et marche de S. Pierre Yameogo

Quinzaine des Réalisateurs

Prix Art et Essai - CICAE : Sisters in law de Kim Longinotto et Florence Ayisi

Label Europa cinémas : La Moustache d'Emmanuel Carrère

Prix Regards Jeunes : Alice de Marco Martins

Mention spéciale des Cinémas de Recherche : Odete de Joao Pedro Rodrigues

Prix du court-métrage de la SACD : Du soleil en hiver de Samuel Collardey

Prix Gras Savoye du court-métrage : A bras le corps de Katell Quillévéré

Semaine internationale de la critique

Grand Prix : Moi, toi et tous les autres de Miranda July

Prix SACD : A stranger of mine de Uchida Kenji et La Petite Jérusalem de Karin Albou

Prix ACID : Grain in Ear de Zhang Lu

Grand Prix Canal + du Meilleur court métrage : Jona/Tomberry de Rosto

Prix François Chalais

Une fois que tu es né de Marco Tullio Giordana

Prix de l'Education nationale

Cinéma, aspirines et vautours de Savador Gomez

Prix de la jeunesse

Bahia, ville basse de Sérgio Machado

Lauréats de la Cinéfondation

Premier Prix : Buy it now de Antonio Campos

Deuxième Prix ex-aequo : Vdvoyom (à deux) de Nikolay Khomeriki et Bikur holim de Maya Dreifuss

Troisième Prix ex-aequo : La Plaine de Roland Edzard et Be Quiet de Sameh Zoabi

Prix du jury oecuménique

Caché de Michael Haneke

Mention spéciale : Lève-toi et marche de S. Pierre Yameogo

Carosse d'Or de la Société des réalisateurs de films

Remis au réalisateur sénégalais Ousmane Sembene

Prix France-Culture

Catégorie des cinéastes français : Avanim de Raphaël Nadjari

Catégorie des cinéastes étrangers : Damnation de Bela Tarr

LE SITE OFFICIEL DU FESTIVAL DE CANNES

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