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    "Spanglish" : rencontre avec Paz Vega

    Révélation de "Lucia y el sexo" et "Parle avec elle", l'Espagnole Paz Vega débarque à Hollywood avec "Spanglish", en salles ce 2 mars. Rencontre...

    Paz Vega à la conquête d'Hollywood. Révélée en 2002 par Lucia y el sexo de Julio Medem et Parle avec elle de Pedro Almodovar, la comédienne espagnole est à l'affiche ce 2 mars de Spanglish, la nouvelle comédie dramatique du réalisateur de Pour le pire et pour le meilleur, dans laquelle, immigrée mexicaine et maman au grand coeur, elle entre au service du couple Adam Sandler / Téa Leoni. Choc des cultures, difficulté d'intégration, découverte du cinéma américain : Paz Vega revient pour AlloCiné sur cette première expérience made in USA...

    AlloCiné : "Spanglish" met en scène le choc des cultures entre Américains et Latinos. Avez-vous vécu le même genre d'expérience en tant qu'actrice espagnole découvrant Hollywood ? Cela vous a t-il aidé à comprendre votre personnage et ce par quoi il passe ?

    Paz Vega : Tout à fait. C'est une autre culture, un autre pays. Quand je suis arrivée aux Etats-Unis pour le tournage de Spanglish, je ne parlais pas anglais, je ne connaissais personne, je ne connaissais pas la ville : c'était un vrai choc culturel pour moi, et je ne comprenais pas grand chose en fait. Mais à partir du moment où vous vivez sur place, où vous connaissez la langue, tout devient plus facile et vous vous rendez compte que nous ne sommes pas si différents. (...) Cette expérience m'a évidemment beaucoup aidée à construire le personnage de Flor. Mon incapacité à me faire comprendre et à communiquer avec les autres m'a forcée à travailler et me sortir de cette situation. C'est ainsi que j'ai pu créer cette femme.

    Justement, dans ce travail de création, le réalisateur James L. Brooks vous a laissé une grande liberté pour développer le personnage. Il dit qu'il connaissait seulement certains éléments sur Flor, et qu'il comptait sur vous pour lui en dire plus...

    C'est l'approche parfaite. C'est très enrichissant que le réalisateur compte sur ses acteurs pour faire avancer l'histoire, et qu'il ne se contente pas de dire de faire ceci ou cela... Là, James L. Brooks m'a dit "Parle-moi", il m'a posé des questions sur Flor et quand je lui demandais son avis sur quelque chose, il me disait de faire comme je le sentais. Cela m'obligeait à être actif toute la journée, à constamment penser au personnage et essayer de lui apporter quelque chose de nouveau.

    A partir de là, que lui avez-vous répondu quand il vous a demandé "Qui est Flor ?" ?

    Ce serait un peu prétentieux de dire que je suis Flor, mais nous avons tellement de choses en commun par cette approche justement... Je dirais que c'est une héroïne, une femme imparfaite mais merveilleusement imparfaite. C'est une femme forte et une maman avant tout, et une femme très digne.

    En parlant de dignité, le film reste très respectueux des Latinos-Américains et ne tombe jamais dans le cliché...

    C'était important pour moi, mais surtout pour le réalisateur. De son point de vue, il était essentiel de montrer la communauté latine telle qu'elle est. Des gens très dignes, intelligents, qui, même si le film met en scène une femme de ménage, existent également en tant qu'avocats ou médecins. Cette approche est vraiment celle des films purement latinos-américains, qui traitent leurs personnages avec le même respect et la même dignité.

    L'autre thème du film est la relation entre Flor et sa fille. Comment s'est passée la rencontre avec la jeune Shelbie Bruce ?

    Les enfants étaient très professionnels, et c'était donc très facile de travailler avec eux, notamment Shelbie Bruce qui interprète ma fille, Cristina. Malgré son âge, c'est une excellente actrice. Nous avions vraiment une relation mère-fille devant mais aussi derrière la caméra. Nous étions très proches. Sa maman me laissait d'ailleurs prendre sa place et avoir un peu d'autorité sur elle. C'était donc une vraie relation de mère à enfant.

    Comment décririez-vous la relation entre Flor et Cristina ?

    La relation entre Flor et sa fille est une relation de confiance totale et d'amitié : Flor est une maman et en même temps une amie. C'est également une relation de super-protection de la part de Flor, notamment parce qu'elles sont l'une pour l'autre la seule chose qu'elles ont dans ce pays étranger. Elles doivent donc se protéger mutuellement.

    On voit dans le film un fossé se creuser entre la mère et sa fille, tiraillée entre sa culture d'origine et la culture de son nouveau pays...

    Il y a effectivement un vrai fossé culturel qui se creuse entre Flor et sa fille. C'est d'ailleurs ce qui se passe souvent dans la "vraie vie". En même temps c'est une conséquence normale : les enfants de ces immigrés côtoient des enfants du pays, ils vont dans des écoles américaines... Quand des parents émigrent vers un autre pays, ils doivent accepter le fait que leurs enfants doivent assimiler cette autre culture.

    Certains parents essayent de retarder ce moment mais au final ils doivent l'accepter : dans le film, Flor lutte tout au long du film pour maintenir sa fille dans sa culture mais dès le début, par l'utilisation de la voix-off, on sait que la fillette a grandi avec cette double-culture et souhaite rentrer dans une université américaine. Preuve qu'on ne peut empêcher l'inévitable.

    Quel regard portez-vous aujourd'hui sur ce choc des cultures ?

    C'est étrange car ce sont deux cultures très différentes, qui se retrouvent dans l'obligation de cohabiter. Je pense néanmoins qu'il y a des rapprochements, des connexions... Et dans le futur, il va y avoir à mon avis un vrai mélange entre ces deux cultures. En tant qu'Espagnole, je me sens bien à Hollywood. Les Etats-Unis accueillent beaucoup de gens : tout le monde vient d'ailleurs dans ce pays, il n'y a pas d'Américains purement américains. C'est un pays composé de générations d'immigrés venus y construire quelque chose.

    Propos Recueillis par Yoann Sardet

    INTERVIEW

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