Catalina superstar ! Totalement inconnue du grand public il y a seulement quelques mois, la jeune actrice colombienne Catalina Sandino Moreno explose aujourd'hui au grand jour. Dans Maria, pleine de grâce, son rôle de "mule", une personne utilisée pour transporter de la drogue d'un pays à l'autre, lui a d'abord permis de décrocher en février dernier le Prix d'interprétation féminine au Festival de Berlin, ex-aequo avec Charlize Theron. Aujourd'hui, le film de Joshua Marston est lauréat du Grand Prix du 30e Festival de Deauville, glanant également le Prix de la critique internationale et le Prix du public de la manifestation normande. Rencontre avec une comédienne "pleine de grâce"...
AlloCiné : Tu es originaire de Bogota, en Colombie, tout comme Maria. Ton expérience personnelle est-elle similaire à celle vécue par l'héroïne du film ?
Catalina Sandino Moreno : Maria est une fille qui a besoin de travailler, d'aider sa famille. Moi, je n'ai jamais connu cette situation. Je considère comme un privilège le fait que mes parents m'aient donné une éducation, m'aient donné la liberté de pouvoir faire ce que j'avais envie de faire. Donc, ma vie n'a rien à voir avec celle de Maria. La seule chose que nous avons en commun, elle et moi, c'est que j'aime ma famille plus que tout. Mais sinon, très jeune, au contraire d'elle, je savais qu'il y avait des "mules" en Colombie. Tous les journaux locaux en parlent. La télévision aussi. Mais les médias donnent de ce phénomène une image qui est loin de la réalité. Tu n'imagines en fait jamais à quel point ces personnes risquent leur vie en acceptant d'être "mules".
Comment as-tu préparé ce rôle particulièrement difficile ?
Lorsque j'ai lu le script du film pour la première fois, je me suis dit qu'il ne fallait pas que j'aborde mon rôle comme celui d'une "mule", mais plutôt comme celui d'une adolescente de dix-sept ans qui veut juste travailler. Donc, je me suis moins intéressé à la condition des "mules" qu'à la vie de Maria avant d'en devenir une. J'ai travaillé deux semaines durant dans une plantation de fleurs, endroit où Maria travaille au début du film, afin de m'imprégner de l'état d'esprit qui est le sien avant son départ pour les Etats-Unis. Donc, je n'ai pas fait de recherches sur la condition des "mules", j'ai découvert tout cela au fil de l'aventure, comme le découvrent finalement tous ceux qui connaissent cette difficile expérience. Je pense que ça m'a permis d'avoir beaucoup plus d'authenticité dans mon jeu.
"Maria, pleine de grâce" est ta toute première expérience devant une caméra. Comment le casting s'est-il déroulé ?
De manière très simple. D'abord parce que je n'étais pas du tout anxieuse. Je ne voulais pas être Maria, je me suis rendue à ce casting juste par curiosité. Franchement, je n'attendais rien de cet entretien. Je suis arrivée là, on m'a tendu un script, on m'a dit : Lis ça ! Je l'ai lu et je suis rentré chez moi. Deux semaines plus tard, ils m'ont rappelé et m'ont dit que le réalisateur Joshua Marston venait en Colombie pour voir quelques filles et que je faisais partie de celles qu'il avait particulièrement aimées. Et puis j'ai été choisie ! Un mélange de chance et de destin. On a fait le film, j'ai eu un Prix à Berlin que je partage avec Charlize Theron, qui a gagné un Oscar pour son rôle, maintenant je suis à Deauville, c'est dingue ! (rires) Tout le monde me dit que je suis géniale, que je suis une star, mais je ne suis pas une star, je ne me considère pas du tout comme tel ! (rires)
Propos recueillis par Clément Cuyer