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    Retour sur l'Etrange Festival 2004

    L'Etrange Festival 2004, qui s'est déroulé du 1er au 14 septembre à Paris, a célébré comme de coutume le cinéma du bizarre. Retour sur une manifestation pas comme les autres...

    L'Etrange Festival, incontournable rendez-vous des amateurs de bizarreries trash, s'est déroulé du 1er au 14 Septembre dernier au forum des Halles. Une 12e édition qui a attiré encore plus d'aficionados que les années précédentes, preuve que ce cinéma passionne et intéresse de plus en plus les spectateurs en quête de sensations nouvelles. Ouverte par le frivole Aaltra, réalisé et joué par Benoît Delépine et Gustave Kervern, la manifestation s'est achevée avec un film au ton diamétralement opposé, le très grave Une nation sans femmes de Manish Jha. Un contraste radical qui résume parfaitement l'ambivalence d'un festival comme celui-ci, où tous les cinémas –et les cinéastes– du monde se croisent, sans exception.

    Une programmation variée et ambitieuse

    Les spectateurs sont passés du rire le plus gras (Kung-fu, Hara-Kiri, de Yasuzo Masumura) à l'émotion la plus subtile (La Ballade de Bruno, de Werner Herzog) en une simple projection. Certains films se sont détachés des autres par leur singularité novatrice et le trouble persistant qu'ils généraient, tel le Faust de Jan Svankmajer, relecture d'un mythe par le maître absolu du surréalisme, ou le Decasia de Bill Morrison, long-métrage expérimental qui crée le frisson par la simple altération de la pellicule photochimique et l'ajout de la musique angoissante de Michael Gordon.

    La carte blanche consacrée à Roger Avary a permis de revoir sur grand écran des oeuvres magistrales telles que Le Convoi de la peur (William Friedkin, 1977), Excalibur (John Boorman, 1981) ou La Bête de guerre (Kevin Reynolds, 1988). De même, des perles telles que Calvaire de Fabrice Du Welz, et Tarnation, de Jonathan Caouette, ont confirmé leurs excellents échos cannois.

    Invités de prestiges et hommages...

    Une fois n'est pas coutume, les invités furent prestigieux et nombreux: Bill Plympton est venu lui-même présenter son Hair high, parodie hilarante des teenage-movie qui cloue au pilori les conventions du genre et le puritanisme. Asia Argento était quant à elle présente lors de la nuit qui lui était consacrée avec entre autres la diffusion de ses deux longs-métrages (Scarlet Diva et Le Livre de Jérémie). Enfin, Gaspar Noé (Irréversible), Christophe Gans et Lucile Hadzihalilovic (La Bouche de Jean-Pierre) sont venus assister à la remise du "Prix très spécial" qui soufflait ses vingt bougies.

    L'Etrange Festival a par ailleurs rendu hommage aux cinéastes Teruo Ishii (Femmes criminelles), spécialisé dans la série B extrême et les excès sadomasochistes, Ishii Sogo (Crazy Family), réalisateur éclectique et fou, hermétique aux étiquettes. Quant à Derek Jarman (Carravagio), mort du sida en 1994, il a eu droit à une rétrospective sobre et émouvante.

    L'Etrange Musique s'invite à la fête...

    Malgré quelques déceptions (Le Nécrophile de Philippe Barassat), L'Etrange Festival a été une grande réussite. A noter que la première édition de L'Etrange Musique, une programmation musicale en marge de la manifestation, a porté ses fruits. Les prestations de Genesis P-Orridge ou, dans un autre registre, le mini-concert de Ishii Sogo et de son acolyte Hiroyuki Onogawa, venus mixer pendant la projection de Burst City, furent ainsi très remarquées. Vivement l'année prochaine pour découvrir les nouvelles surprises concoctées par ce festival définitivement pas comme les autres.

    Romain Le Vern

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