The Woodsman aborde avec beaucoup d'intelligence et de pudeur le difficile sujet de la pédophilie. L'acteur américain Kevin Bacon et sa compagne Kyra Sedgwick ont répondu aux questions d'AlloCiné. Rencontre.
AlloCiné : La pédophilie est un sujet très difficile à traiter. Pensez-vous que ce film soit un moyen d'exorciser l'horreur que cela représente ?
Kevin Bacon : Je pense qu'il est important de faire un film sur ce sujet. C'est quelque chose de tellement tabou dans notre société. C'est un sujet que les gens essayent souvent de mettre sur le bord de la route. Ils veulent se persuader que ça n'existe pas, alors ils enterrent ça sous terre et l'ignorent. Je pense qu'on a juste besoin d'avoir une discussion ouverte sur ces choses et que cela sera le seul moyen de les combattre. En tant qu'acteur, j'ai toujours pensé qu'il était important de montrer tous les côtés de la condition humaine, l'héroïsme, le côté romantique, mais également les faces plus sombres de l'âme qui amènent à combattre ses propres démons.
Kyra Sedgwick : Je pense qu'il est important de parler de tous les aspects de la société, quels qu'ils soient. Surtout des choses qui nous touchent au plus profond de nous-mêmes. J'adore parler de choses dont on a normalement beaucoup de mal à parler, parce que si on prétend qu'elles n'existent pas, cela renforcera la solitude des victimes et des coupables qu'il faut soigner.
Le film parle de combattre ses démons. Etait-ce un élément qui vous tenait à coeur ?
Kyra Sedgwick : On a tous des démons intérieurs à combattre, moi la première. J'ai envie, comme tout le monde, de devenir un être humain meilleur et de parvenir à surmonter les épreuves extérieures ou intérieures, comme essaie de faire le personnage de Walter dans le film. Je trouve fascinant de voir comment les gens se battent pour vaincre leurs démons. C'est un travail à faire sur soi-même qui est tellement difficile et honorable.
Le personnage de Walter est timide, se bat contre lui-même pour se réinsérer et est, dans le même temps, toujours sujet à des pulsions. Il inspire à la fois compassion et dégoût. C'est un rôle très ambigu...
Kevin Bacon : Le film et les personnages gravitent autour d'une notion de non-dit. Walter cache tellement de choses en lui. Il ne parle pas beaucoup, tout est enfoui, intériorisé. Mais parfois, j'avais envie d'éliminer encore plus de phrases du script, plus de dialogues. Je pense qu'il était préférable de ressentir les sentiments mêlés de cet homme, sa souffrance, son combat, à travers l'expression de son visage, à travers ses yeux, plutôt qu'il dise de vive voix ce qu'il ressent.
Propos recueillis par Clément Cuyer en septembre 2004 à Deauville