Un grand hôtel de Barcelone, un après-midi de juillet. Alors que la capitale catalane semble tout juste s'éveiller, une centaine de journalistes européens ronronnent d'aise en apercevant la silhouette de la féline Halle Berry. Objet de toutes les attentions, l'actrice américaine est accompagnée du réalisateur français Pitof, choisi pour mettre en scène les aventures de Catwoman, échappée des pages des comics estampillés Batman. Sont également présents à cette conférence de presse les comédiens Benjamin Bratt et Lambert Wilson -le frenchy que les Américains, depuis Matrix reloaded, adorent détester-, ainsi que le producteur Edward McDonnell. Morceaux choisis...
Girl power
Halle Berry : "Je suis très fière d'avoir participé à un film dans lequel c'est la femme qui a le pouvoir. Ce n'est pas si courant au cinéma. Les femmes sont depuis si longtemps les faire-valoir des hommes dans ce genre de films : Superman, Batman, Spider-Man... Pendant le tournage, Benjamin Bratt me disait que, d'une certaine manière, c'est lui qui avait cette fois le rôle de la fille ! Mais il l'a parfaitement accepté, et j'espère que les hommes qui verront le film feront preuve de la même ouverture d'esprit..."
Bad boy
Lambert Wilson : "Que les choses soient claires : c'est un rôle de composition ! C'est un grand privilège pour un acteur français de faire partie d'une telle aventure, quel que soit l'emploi qu'on vous propose. J'ai eu l'occasion de jouer des rôles très variés au cours de ma carrière. Là, c'était une proposition que je ne pouvais pas refuser. De là à me spécialiser dans les rôles de méchants européens, c'est une autre histoire..."
"Catwoman", le défi
Pitof : "Le défi pour moi était de mettre un peu de ma culture européenne dans cet univers américain des comic-books. Le plus facile, finalement, ça aura été les effets spéciaux, parce que c'est mon background. J'ai pu me concentrer sur tout le reste, et notamment le travail avec les comédiens. Il ne s'agissait pas d'adapter littéralement une BD : ce qui comptait, c'était de créer une esthétique forte. Chaque plan devait être composé, et avoir un sens (...) On a étudié les mouvements de chats en établissant des comparaisons par ordinateur, puis on a cherché à les adapter à un corps humain. Et le plus étonnant, c'est que ça a marché ! On a vraiment l'impression qu'il y a un chat en elle. Il fallait parvenir à créer un langage corporel auquel on puisse croire."
Entrechats Pitof : "On a tous été épatés par ce qu'a fait Halle dans le film. Elle a suivi un long entraînement, aussi bien pour les combats que pour parvenir à reproduire la gestuelle d'un chat. A propos des combats, j'ai souhaité filmer autre chose que les traditionnelles scènes de kung-fu. J'ai opté pour la capoeira, cette discipline brésilienne qui mêle les arts martiaux et la danse, et qui a un côté très organique, félin, féminin. On a aussi eu recours à des personnages en images de synthèse, mais uniquement pour quelques mouvements très spectaculaires, qu'aucun être humain ne peut accomplir."
Chat-beauté
Halle Berry : "Dans le film, Laurel veut à tout prix rester belle. Ce n'est pas quelque chose qui m'obsède. Quand je vois des filles de 30 ans avoir recours à la chirurgie esthétique, je trouve ça terrible, c'est une façon de se mutiler. Le film est avant tout un divertissement, mais il y a aussi un message : Catwoman se bat pour découvrir qui elle est vraiment, et la force et la confiance qu'elle acquiert n'ont rien à voir avec son physique..."
"Let's talk about sex..."
Halle Berry : "Ca m'ennuierait beaucoup qu'on réduise Catwoman à une fille sexy. Elle est beaucoup plus que ça : c'est une fille intelligente, vulnérable. Mais en même temps, je ne crois pas qu'on puisse reprocher à un personnage féminin d'avoir du sex-appeal. Dans le passé, les plus grandes stars de cinéma masculines étaient très sexy, et personne n'y trouvait rien à redire. Je ne vois pas pourquoi il n'en irait pas de même pour les femmes..."Chacun trouve son chat. Edward McDonnell :"Nous avons tenu à ancrer l'histoire dans une ville d'aujourd'hui. Tout en étant respectueux de Batman et de Gotham City, nous avons voulu faire de Catwoman un nouveau personnage, en donner notre propre version. Après tout, il n'y a pas qu'une seule Catwoman possible..."
Il était une fois en Amérique
Pitof : " J'avais déjà eu une expérience aux Etats-Unis avec Jean-Pierre Jeunet [pour Alien, la résurrection en 1997]. Et ensuite Vidocq, mon premier film, avait été perçu dans mon pays comme un film fait "à l'américaine". En France, le réalisateur est le capitaine, personne ne vous dit ce que vous avez à faire. A Hollywood, c'est différent, vous devez faire le travail qu'on attend de vous. Ce que j'ai apprécié là-bas, ce sont les échanges avec les studios et les producteurs, qui visent à améliorer constamment le film. Ce n'est pas l'oeuvre d'une seule personne."
Fils de bulles
Lambert Wilson : "Enfant, j'étais fou de Tintin. D'ailleurs, dans la première adaptation de Tintin au cinéma, c'est mon père qui jouait le Capitaine Haddock [Tintin et le Mystère de la toison d'or avec Georges Wilson]. Sinon, je songe à faire une adaptation de... Pépé le putois (rires)."
Double je Halle Berry : "Parfois, je suis comme Patience, une fille pleine de doutes, et parfois au contraire je peux être aussi combative qu'un tigre, lutter pour défendre mon identité, ma culture. Il m'arrive de sortir mes griffes..."