Ça parle de quoi ?
Ouvrier dans une imprimerie, Patrick est un vétéran de la lutte contre le patronat. C’est un leader syndical respecté de tous, un maestro des piquets de grève, qui porte haut les couleurs de la fraternité ouvrière et du combat contre les trop riches… Mais Patrick vient d’hériter de cent millions… Pour tout le monde - sa femme Suzanne, ses enfants, et même ses collègues - c’est l’occasion inespérée de changer de vie. Tout le monde… sauf Patrick, désormais syndicaliste multimillionnaire, mais qui n’a aucune intention de bouleverser son quotidien, et encore moins de renoncer à ses idéaux…
100 patates
Que feriez-vous si vous héritiez de cent millions d'euros, comme cela, du jour au lendemain ? C'est la question à laquelle les personnages joués par Kad Merad et Michèle Laroque doivent répondre dans cette comédie, premier long métrage réalisé par Nath Dumont après avoir travaillé sur des séries telles que Soda, En famille ou Demain nous appartient. Dans les faits, le pactole est un peu moins élevé que cela, car il faut y retirer les cinquante-cinq millions de frais de successsion, mais le problème reste le même.
Surtout pour quelqu'un comme Patrick, vétéran de la lutte contre le patronat au sein de l'imprimerie dans laquelle il est ouvrier et qui ne compte rien changer de son quotidien, quand Suzanne aimerait profiter de cette aubaine pour réaliser des rêves sur lesquels elle pensait avoir tiré en trait. Sans oublier leurs deux enfants : Lucas (Martin Karmann) et son projet de batterie écologique, ou Amandine (Jade-Rose Parker), très investie dans l'accueil de réfugiés. Ajoutez à ce petit groupe des beaux-parents nettement moins riches que prévu et des collègues intéressés par ce changement de statut, et vous obtiendrez le cocktail de ce 100 millions !

Après Monsieur Papa et Brillantissime, qui abordaient déjà ces thèmes à leur manière, la troisième collaboration de Kad Merad et Michèle Laroque se penche aussi sur la famille et l'entourage de chacun (sur les plan personnel et professionnel) à travers le prisme de l'argent. Sans marcher sur les plates-bandes de Ken Loach pour autant, cette comédie prend alors des accents sociaux, en opposant les convictions de chacun (et celles de Patrick surtout) à la réalité d'une vie qui se retrouve bouleversée par le nerf de la guerre.
Entre les opportunistes appâtés par le gain, les contradictions de chaque personnage, le mépris affiché par les personnes habituées au luxe dont Patrick et Suzanne font connaissance, 100 millions ! balaye tout le spectre de son sujet à travers ses sous-intrigues, peut-être trop nombreuses, mais qui permettent à chaque spectateur de se reconnaître dans l'une ou l'autre de ces situations, ou bien de s'interroger sur ce qu'il ferait à la place des personnages. Une comédie qui fait donc (un peu) réfléchir.