Nicaragua, 1979. Dans Managua, une capitale mise à feu et à sang par les combats qui opposent les révolutionnaires sandinistes aux troupes du dictateur Somoza, les journalistes américains Russell Price, Alex Grazier et Claire Sheridan couvrent les événements au péril de leur vie. Ils prennent d’autant plus de risques que, bientôt, les circonstances les poussent à rompre leur devoir de neutralité…
Âgé désormais de 80 ans, Roger Spottiswoode reste un réalisateur bien trop méconnu aux yeux du grand public. Débutant sa carrière comme monteur pour le grand Sam Peckinpah sur Chiens de paille et Pat Garrett & Billy The Kid (pas exactement des oeuvres mineures), scénariste pour Walter Hill avec 48h, qui redéfinira le genre du Buddy Movie, il n'a pas vraiment su imprimer sa marque dans les années 90 et au-delà; responsable qu'il fut de quelques catastrophes industrielles comme l'inénarrable (et insupportable...) comédie Arrête ou ma mère va tirer avec Sylvester Stallone.
En 1983, avec un an d'avance sur le chef-d'oeuvre La Déchirure de Roland Joffé, et même trois ans en avance sur Oliver Stone qui signera le terrible Salvador, Roger Spottiswoode signe un très fameux film, Under Fire. Le parallèle entre ces trois oeuvres n'est pas artificiel. Il soulève la question de l’objectivité du regard du journaliste sur les événements dont il est le témoin.

Solidement mis en scène, et surtout impeccablement porté par Nick Nolte qui trouve ici un des meilleurs rôles de sa carrière, aux côtés d'un non moins formidable Gene Hackman, Under Fire est inspiré par une histoire tout à fait authentique.
Celle du meurtre d'un journaliste de la chaîne ABC, Bill Stewart, et son traducteur, Juan Espinoza, par la Garde Nationale nicaraguayenne, le 20 juin 1979, alors que le pays est plongé en pleine guerre civile. Les images filmées par le journaliste -qui lui coûteront la vie- furent diffusées à la télévision nationale aux États-Unis, et déclenchèrent une onde de choc, minant ce qui restait du soutien au dictateur Anastasio Somoza qui se cramponnait au pouvoir.
Le film sera un très lourd échec en salle à sa sortie, mais sera, heureusement, largement réévalué depuis. Du cinéma engagé et énervé comme on savait le faire dans les années 80, qui reste sans doute la meilleure oeuvre du cinéaste. A voir (ou revoir !) sur Prime Video.