Vous avez aimé Juré n°2 ? Ce film français avec Marina Foïs devrait vous embarquer
Brigitte Baronnet
Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

Quelques mois après la sortie du très efficace "Juré n°2" de Clint Eastwood, voici "Je le jure", film de procès français, avec un casting mêlant non professionnels et des actrices comme Marina Foïs et Louise Bourgoin. A l'affiche ce mercredi.

De quoi ça parle ?

À quarante ans, Fabio se laisse porter par le courant. Un peu largué, il trouve du réconfort dans l’alcool. Et un peu auprès de Marie, de vingt ans son aînée, avec qui il entretient une relation secrète. Un jour, il reçoit une convocation pour être juré d’assises, il va devoir juger un jeune pyromane accusé d’homicide involontaire.

C'est un genre qui n'en finit pas d'inspirer les cinéastes : le film de procès ! Après le très remarqué Anatomie d'une chute, Palme d'or pour Justine Triet, et après le succès surprise Juré n°2 de Clint Eastwood, pour ne citer que quelques exemples récents, voici Je le jure.

Vivre un procès d'assises de l'intérieur

Ce film français, réalisé par Samuel Theis *, nous propose d'assister à un procès d'assises, avec ce parti pris fort de nous le faire vivre à travers le regard de l'un de ses jurés. Une idée efficace car elle donne au spectateur la sensation de vivre ce procès de l'intérieur, au plus près de ce qui se joue dans ce tribunal et qu'on ne voit pas ou très rarement habituellement. Le spectateur vit les questionnements et les ressentis du protagoniste que l'on suit.

L'idée du film est de s'intéresser avant tout à la responsabilité que porte un juré d'assise, et celle de devoir décider d'une peine, plutôt que l'affaire jugée en elle-même.

"Il s’agissait ici de prendre le cadre judiciaire, lieu d’un pouvoir écrasant, pour raconter comment l’acte de juger – ou simplement d’écouter un récit – nous confronte à nos propres aveuglements, nos propres contradictions. À travers les yeux d’un personnage qui a tendance à fuir le regard des autres et la société", explique le réalisateur Samuel Theis dans le dossier de presse.

Ecarter l’idée du suspense autour de la culpabilité, pour s’intéresser à la question plus subtile de la peine

Il indique également : "J’ai d’emblée écarté l’idée du suspense autour de la culpabilité, pour m’intéresser à la question plus subtile de la peine. C’est quoi une peine juste ? J’ai voulu m’éloigner de l’aspect spectaculaire pour filmer la justice en creux plutôt. La filmer en retrait."

La mécanique cinématographique du tirage au sort

Le réalisateur opte pour une approche à la fois assez claire pédagogique, tout en restant une oeuvre de cinéma, avec un soin particulier apporté à la mise en scène et des partis pris artistiques comme les tonalités apportées à la photographie ou encore la musique de Maud Geffray. La première partie du film prend par exemple le temps de montrer le processus du tirage au sort d'un jury d'assises.

"Le tirage au sort des jurés est une mécanique fascinante. Le hasard brut confronte des individus ordinaires à des récits extraordinaires, détaille Samuel Theis. C’est une rencontre violente entre des vies qui n’auraient jamais dû se croiser. Dans un lieu où des trajectoires, des classes sociales, des récits s’entrelacent. Les jurés sont parachutés dans un univers qu’ils ne connaissent pas, ou très mal, mis devant la réalité crue et violente de crimes qu’ils doivent juger. Une violence à laquelle ils sont souvent étrangers, et qui fait soudainement irruption dans leur vie. C’est le dispositif judiciaire – si codifié et hiérarchisé – qui devient cet espace de collision."

Il poursuit : "Les cours d’assises nourrissent beaucoup de fantasmes. Les collègues de Fabio (le personnage principal, incarné par l'acteur non professionnel Julien Ernwein) par exemple fantasment la question du procès, ils sont biberonnés aux émissions de faits divers, aux chaines d’information continue, avec leur lot de fascination morbide. J’ai voulu échapper à cette facilité, ne pas écrire une affaire de meurtre ou d’assassinat, donc j’ai imaginé le procès en appel d’un jeune pyromane accusé d’homicide involontaire".

Grâce à la précision de l'écriture, on s'intéresse très vite à Fabio, personnage principal du film, qui a un côté très mystérieux et taiseux. "La parole est pour lui un vertige, or une cour d’assises est tout entière dévolue à la parole. (...) Fabio, taiseux et fragile, incarne une masculinité en décalage : celle d’un homme en retrait, écrasé par des attentes qu’il ne peut ou ne veut pas combler."

Je le jure est à l'affiche ce mercredi 26 mars.

* Ndlr : La sortie du film Je le jure fait l'objet d'un protocole particulier. La société Avenue B Productions et le distributeur Ad Vitam mettent à disposition de tous un texte contextualisant la sortie de ce long métrage, afin d'accompagner notamment les exploitants des salles de cinéma.

Pourquoi ce protocole ? Samuel Theis, réalisateur et coscénariste du film, est visé par une accusation d’agression sexuelle qui se serait produite sur la période du tournage. Comme le précise le communiqué, Samuel Theis "a été entendu par la juge d’instruction en juillet dernier, après une année d’enquête. En l’absence d’éléments à charge, la juge d’instruction a refusé de mettre en examen le réalisateur et l’a placé sous le statut de témoin assisté."

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