Goldorak, manga créé par l'ingénieux Go Nagai, est une oeuvre pionnière du phénomène manga et japanimation dans l'Hexagone. Son adaptation en série animée est aussi extrêmement riche par les thèmes abordés tout au long des 74 épisodes.
"Il y a un message très pur, très noble. C'est par exemple un certain code d'honneur que véhicule Actarus, le pilote de Goldorak. Il y a aussi l'idée qu'il faut protéger la Terre, que celle ci est fragile et qu'on doit s'entraider entre humains pour repousser des menaces qui risquent de nous détruire", analyse Ivan Jablonka, écrivain et historien, au micro de France Inter.
Quant à Sarah Hatchuel, auteur de l'ouvrage Goldorak, l'aventure continue (avec Marie Pruvost-Delaspre), elle explique au Point que Goldorak est une "épopée écologiste qui touche au mythe". Selon elle, Goldorak convoque aussi le traumatisme d'Hiroshima et de Nagasaki.
"Ce thème du nucléaire est omniprésent dans Goldorak, qu'il s'agisse de la planète d'Actarus ravagée par les radiations ou ces Golgoths qui finissent toujours par exploser dans d'immenses champignons atomiques", confie l'universitaire.
Si le formidable robot des temps nouveaux a tant marqué les esprits, c'est aussi grâce à son nom, tout simplement. Mais d'où vient le terme Goldorak ? Qui a choisi de baptiser le héros métallique de cette manière ? En effet, au Japon, Goldorak est appelé Grendizer, pas très vendeur pour une exportation au pays de Molière.
L'origine de Goldorak
Nous sommes en 1978. Jacques Canestrier, producteur et gérant de Pictural Films, a acheté les droits de l'anime nommé Grendizer (avec Bruno-René Huchez) pour le diffuser chez Dorothée, dans Récré A2. Il cherche alors à rebaptiser la série pour le public français, comme il l'a confié lors d'une interview pour la chaîne Mangas.
Pour les personnages humains, c'est facile. L'équipe en charge de l'adaptation, menée par Michel Gatineau, choisit des noms liés à l'espace et l'astronomie : Actarus, Procyon, Alcor, Vénusia... Cependant, pour Grendizer, la tâche est plus délicate. Comment trouver une appellation marquante que le public retiendra aisément ?

Fulguro-brainstorming
Canestrier gratte alors quelques noms de héros bien connus de la pop culture de l'époque, le tout mélangé à des termes présents dans l'anime : Tarzan, Zorro, Drakkar, Goliath, Golem... L'homme d'affaires se creuse la tête, épaulé par Jean-Pierre Steimer, dirigeant de la société de doublage Interfilms.
Ils posent alors sur papier le nom de Goldfinger, titre d'un James Bond sorti en 1965. Un autre héros se glisse dans sa liste : Mandrake, un magicien de BD. Jacques Canestrier décide de mixer ces deux noms, ce qui donne Goldanrak.
Il appelle alors sa fille de 8 ans, Stéphanie, et teste sa trouvaille sur elle. La fillette, qui a du mal à articuler correctement ce nom, trouve plus simple de l'appeler Goldorak. Eurêka, Jacques Canestrier valide cette prononciation !
Un héros mythique venait de naître, grâce à l'aide d'une jeune fille de 8 ans ! Le lundi 3 juillet 1978, Goldorak est diffusé pour la première fois sur le petit écran. Le reste appartient à l'histoire.