L'actrice Anna Mouglalis a tout récemment témoigné publiquement face à la Commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. Au cours de cette audition, elle a notamment énoncé les événements auxquels elle avait assisté au cours de sa carrière, et qui ne devraient arriver à aucune actrice, sur un plateau comme en dehors.
J'ai trouvé ça compliqué
Au cours de cette prise de parole, la comédienne de Romanzo criminale, a tenu à évoquer l'écriture "sexiste" de son personnage de Baron Noir, la série de thriller politique créée par Eric Benzekri et terminée depuis 2020.
L'actrice à la voix unique incarnait dans le show Amélie Dorendeu, membre du Parti socialiste qui devenait présidente de la République. spoiler: Après avoir demandé au personnage incarné par Kad Merad de la dénigrer publiquement et de lui mettre la responsabilité d'un scandale sur le dos, elle se faisait agresser sur les réseaux sociaux pour ses liens avec un chancelier allemand accusé au moment de #MeToo. On apprenait ensuite par un coup de fil que Dorendeu avait mis fin à ses jours. Cette révélation clôturait la saison 3 de la série, la dernière à ce jour.
Si le créateur de la série a expliqué ce geste tragique du personnage comme cohérent avec l'arc narratif d'Amélie Dorendeu, pour son interprète Anna Mouglalis, il s'est passé autre chose en coulisses :
"On a décidé qu'il fallait [que mon personnage] ait une relation avec un homme, et à partir de cette relation avec un homme, elle se désintéressait de la chose politique. (...) Elle buvait de l'alcool et fumait des pétards en regardant Game of Thrones... à l'Elysée. J'ai trouvé ça compliqué."
Bien sûr, toutes les scènes devaient commencer au lit et se finir au lit. Donc j'ai dit que je ne participerai pas à ça, et comme dans une série américaine Dallas ou Dynastie, pour la première fois, on m'a fait mourir.
"Dans le scénario, c'est incompréhensible", intervient alors l'un des membres de la commission, ce à quoi Anna Mouglalis surenchérit : "Oui, parce que c'est une série réaliste, et... voilà".
En d'autres termes, Anna Mouglalis reproche le fait que son personnage changeait complètement de caractère, abandonnant le projet professionnel d'une vie et sa passion dévorante pour la vie politique après un chagrin d'amour.
Je suis allé loin parce que je suis un auteur de fiction
Le créateur de la série Eric Benzekri avait déclaré à l'époque de la diffusion du final, à propos du destin d'Amélie Dorendeu : "Ce qu'elle vit est insupportable. Elle a fait de son mieux. Ce qu'elle propose échoue à chaque fois pour des raisons hallucinantes. Cette histoire de #MeToo avec le chancelier allemand l'empêche d'accomplir quelque chose qu'elle estime grand. On l'associe à lui lorsque le passé du chancelier ressurgit et on la traite de tous les noms".
"La politique est là pour pacifier les rapports sociaux et expurger la violence des rapports sociaux et sociétaux. Et aujourd'hui, le sentiment que j'ai en regardant la pièce telle qu'elle se déroule c'est que elle s'est tellement effondrée, elle est tellement moins respectée qu'elle n'est plus capable de remplir son rôle et donc la violence ressurgit partout. C'est ma conviction mais évidemment je suis allé loin parce que je suis un auteur de fiction donc j'ai incarné cette impossibilité par un suicide".
Mouglalis témoignait devant la commission en compagnie de Nina Meurisse, elle aussi comédienne et récente héroïne de la série La Fièvre, elle-même en lien avec Baron Noir. Une prochaine série réunira d'ailleurs les deux univers, avec entre autres Kad Merad et Nina Meurisse... mais pas Anna Mouglalis.