Michel Galabru n'a jamais eu la langue dans sa poche. Connu pour son franc-parler et son humour imparable, l'acteur césarisé était revenu dans l'émission Vivement Dimanche sur son recrutement dans la saga qui l'a rendu extrêmement populaire : Le Gendarme de Saint-Tropez. Et là encore, il n'avait pas mâché ses mots, comme partagé sur un compte X de fans de Louis de Funès.
De passage à Saint-Tropez où il tourne la comédie Les Pieds-Nickelés, l'acteur du Juge et l'assassin entend depuis sa fenêtre d'hôtel un producteur parler à un groupe de 5 ou 6 personnes en ces termes :
Alors... Vous mettez De Funès, et après je veux des ringards. Vous entendez ? Je ne veux pas les payer ! Des rin-gards !' Je me retourne vers ma femme et je leur dis : 'Ben dis donc, les types qui vont être engagés là-dedans, ils ne vont pas toucher grand-chose'... Et c'était moi !
Des ringards pour jouer les gendarmes sous la coupe de De Funès ? Pas vraiment ! Il faut rappeler que Galabru (Gerber) a été pensionnaire de la Comédie-Française pendant sept ans et Premier prix du Conservatoire national d'art dramatique. Christian Marin (Merlot) était au Théâtre National Populaire avec Gérard Philipe, Jean Lefebvre (Fougasse) était deuxième prix d'opéra comique au Conservatoire de Paris et a fait partie de la troupe des Branquignols, et le duo Michel Modo (Berlicot) et Guy Grosso (Tricard) a écumé les cabarets et avait une expérience certaine de la comédie. "Nous savions tous faire rire" écrit d'ailleurs Michel Galabru dans son autobiographie Je l'ai perdue au 18.
En revanche, il est vrai que tous ces acteurs étaient des inconnus avant Le Gendarme. Tout au plus Jean Lefebvre était un visage que l'on commençait à remarquer en troisième couteau. Mais c'est la saga de Jean Girault qui les fait vraiment connaître du grand public.
Galabru, Grosso et Modo resteront jusqu'au bout, mais Jean Lefebvre partira après son difficile tournage du Gendarme en balade, tout comme Christian Marin. Il faut dire qu'après Le Gendarme en balade, De Funès part sur d'autres projets (dans lesquels il implique parfois Galabru, comme dans Jo), et ne souhaitera refaire un Gendarme qu'en 1979 et ce sera Le Gendarme et les extraterrestres.
Galabru n'a jamais caché avoir tourné un paquet de films simplement pour payer ses impôts et entretenir sa famille, mais il a toujours considéré les Gendarmes comme de bons souvenirs. Il écrit, toujours dans son autobiographie : "Les Gendarmes furent une belle aventure, parce que s'il fallait des 'ringards' (...), il se trouve que le premier (...) a été un succès auquel personne ne s'attendait. N'avions pas eu la sensation de tourner dans un chef d'oeuvre, mais le succès du film est irrationnel."