Un regard sombre et froid derrière lequel bouillonne une violente colère, un sourire fugace et fuyant qui semble dissimuler de perfides stratégies, une longue tunique immaculée, et plusieurs heures de retard à la bataille contre les hordes germaniques.
Dès les premières minutes de Gladiator, magistralement mis en scène par un Ridley Scott en état de grâce, Commode, le fils de l'empereur Marc Aurèle, se révèle comme un personnage complexe, intense, profond, et nous laisse entrevoir un méchant d'anthologie.
Une prestation de légende à 26 ans
Ce premier sentiment, que le reste du long métrage n'aura de cesse de confirmer, s'installe progressivement chez le spectateur grâce à la sournoise mélodie qui accompagne le personnage (composée par le génial Hans Zimmer) et surtout grâce au talent de son interprète.
L'excellent Joaquin Phoenix n'a que 26 ans sur le tournage de Gladiator. Relativement inconnu du grand public au début des années 2000, même s'il a déjà joué dans The Yards de James Gray, il manque cruellement de confiance en lui pendant la production, ainsi que l'a révélé Ridley Scott au micro du New York Times de longues années plus tard.
Une anecdote à laquelle on peine à croire lorsqu'on observe la prestation viscérale et grandiose que livre Joaquin Phoenix à l'écran. Magnifié par la sensibilité du jeune acteur, le personnage est également très bien écrit. Antithèse parfaite du noble héros Maximus, il est vil, perfide et immature, certes, mais également reclus dans une profonde souffrance.
Un personnage torturé
C'est d'ailleurs précisément parce qu'on arrive à comprendre d'où elle vient que la perversité de Commode est aussi fascinante. Cherchant perpétuellement à obtenir l'amour d'un père qui ne l'a jamais vraiment considéré et qui lui dénie même le titre d'empereur, il ira jusqu'à commettre les pires atrocités pour étancher sa jalousie.
Cet antagoniste saisissant laisse donc planer son ombre menaçante sur tout le film, et s'offre plusieurs séquences légendaires : le parricide au début du long métrage, le terrifiant monologue sur "la besogneuse petite abeille", et bien sûr le magistral face-à-face avec Maximus, sur le sable du Colisée.
Autant de moments mythiques qui ont permis à Joaquin Phoenix d'obtenir une toute première nomination à l'Oscar du meilleur second rôle en 2001.
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